Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s’avance prudemment. Bien fou qui trébuche encore sur les pierres et sur les hommes !
Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement.
On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point.
On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles.
Point de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux : qui a d’autres sentiments va de son plein gré dans la maison des fous.
« Autrefois tout le monde était fou, » – disent ceux qui sont les plus fins, et ils clignent de l’oeil.
=============================
To turn sick and to have suspicion are regarded as sinful. They walk wearily. A fool he who still stumbleth over stones or men.
A little poison now and then : that causeth pleasant dreams. And much poison at last for an easy death.
They still work, for work is an entertainment. But they are careful, lest the entertainment exhaust them.
They no longer grow poor and rich ; it is too troublesome to do either. No herdsman and one flock!
Each willeth the same, each is equal :
he who feeleth otherwise voluntarily goeth into a lunatic asylum.
'Once all the world was lunatic' — the most refined say, blinking.
=============================
Krankwerden und Misstrauen-haben gilt ihnen sündhaft: man geht achtsam einher. Ein Thor, der noch über Steine oder Menschen stolpert!
Ein wenig Gift ab und zu: das macht angenehme Träume. Und viel Gift zuletzt, zu einem angenehmen Sterben.
Man arbeitet noch, denn Arbeit ist eine Unterhaltung. Aber man sorgt dass die Unterhaltung nicht angreife.
Man wird nicht mehr arm und reich: Beides ist zu beschwerlich. Wer will noch regieren? Wer noch gehorchen? Beides ist zu beschwerlich.
Kein Hirt und Eine Heerde! Jeder will das Gleiche, Jeder ist gleich:
wer anders fühlt, geht freiwillig in's Irrenhaus.
"Ehemals war alle Welt irre" - sagen die Feinsten und blinzeln.