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Ce tour de passe-passe [1] réussit: j'ensevelis[2] la mort dans le linceul[3] de la gloire, je ne pensai plus qu'à celle- ci, jamais à celle-là, sans m'aviser[4] que les deux n'étaient qu'une. A l'heure où j'écris ces lignes, je sais que j'ai fait mon temps[5] à quelques années près[6] . Or je me représente[7] clairement, sans trop de gaîté, la vieillesse qui s'annonce[8] et ma future décrépitude[9] , la décrépitude et la mort de ceux que j'aime; ma mort, jamais[10] . Il m'arrive de laisser entendre à mes proches — dont certains ont quinze, vingt, trente ans de moins que moi — combien je regretterai de leur survivre: ils me moquent et je ris avec eux mais rien n'y fait[11] , rien n'y fera: à l'âge de neuf ans, une opération m'a ôté les moyens d'éprouver[12] un certain pathétique[13] qu'on dit propre à notre condition. Dix ans plus tard, à l'École normale, ce pathétique réveillait en sursaut, dans l'épouvante ou dans la rage, quelques-uns de mes meilleurs amis: je ronflais comme un sonneur. Après une grave maladie, l'un d'eux nous assurait qu'il avait connu les affres[14] de l'agonie[15] , jusqu'au dernier soupir inclusivement; Nizan était le plus obsédé: parfois, en pleine veille, il se voyait cadavre; il se levait, les yeux grouillants de vers, prenait en tâtonnant son Borsalino à coiffe ronde, disparaissait; on le retrouvait le surlendemain, saoul, avec des inconnus[16] . Quelquefois, dans une turne[17] , ces condamnés se racontaient leurs nuits blanches, leurs expériences anticipées du néant: ils s'entendaient[18] au quart de mot. Je les écoutais, je les aimais assez pour souhaiter passionnément leur ressembler, mais j'avais beau faire, je ne saisissais et je ne retenais que des lieux communs d'enterrement: on vit, on meurt, on ne sait ni qui vit ni qui meurt; une heure avant la mort, on est encore vivant. Je ne doutais pas qu'il y eût dans leur propos un sens qui m'échappait; je me taisais, jaloux, en exil. A la fin, ils se tournaient vers moi, agacés d'avance: « Toi, ça te laisse froid? » J'écartais les bras en signe d'impuissance et d'humilité[19] . Ils riaient de colère, éblouis par la foudroyante évidence qu'ils n'arrivaient pas à me communiquer: « Tu ne t'es jamais dit en t'endormant qu'il y avait des gens qui mouraient pendant leur sommeil? Tu n'as jamais pensé, en te brossant les dents: cette fois ça y est, c'est mon dernier jour? Tu n'as jamais senti qu'il fallait aller vite, vite, vite, et que le temps manquait? Tu te crois immortel? » Je répondais, moitié par défi[20] , moitié par entraînement[21] : « C'est ça: je me crois immortel. » Rien n'était plus faux: je m'étais prémuni[22] contre les décès accidentels, voilà tout; le Saint-Esprit m'avait commandé un ouvrage de longue haleine, il fallait bien qu'il me laissât le temps de l'accomplir[23] . Mort d'honneur, c'était ma mort qui me protégeait contre les déraillements, les congestions[24] , la péritonite[25] : nous avions pris date, elle et moi; si je me présentais au rendez-vous trop tôt, je ne l'y trouverais pas; mes amis pouvaient bien me reprocher de ne jamais penser à elle: ils ignoraient que je ne cessais pas une minute de la vivre[26] .
Aujourd'hui, je leur donne raison: ils avaient tout accepté de notre condition, même l'inquiétude; j'avais choisi d'être rassuré; et c'était bien vrai, au fond, que je me croyais immortel: je m'étais tué d'avance parce que les défunts sont seuls à jouir de l'immortalité. Nizan et Maheu savaient qu'ils feraient l'objet d'une agression[27] sauvage, qu'on les arracherait du monde tout vifs, pleins de sang[28] . Moi, je me mentais: pour ôter à la mort sa barbarie[29] , j'en avais fait mon but et de ma vie l'unique moyen connu de mourir: j'allais doucement vers ma fin, n'ayant d'espoirs et de désirs que ce qu'il en fallait pour remplir mes livres, sûr que le dernier élan de mon cœur s'inscrirait sur la dernière page du dernier tome de mes œuvres et que la mort ne prendrait qu'un mort. Nizan regardait, à vingt ans, les femmes et les autos, tous les biens de ce monde avec une précipitation[30] désespérée: il fallait tout voir, tout prendre tout de suite. Je regardais aussi, mais avec plus de zèle que de convoitise[31] : je n'étais pas sur terre pour jouir mais pour faire un bilan. C'était un peu trop commode: par timidité d'enfant trop sage, par lâcheté[32] , j'avais reculé devant les risques d'une existence ouverte, libre et sans garantie providentielle, je m'étais persuadé que tout était écrit d'avance, mieux encore, révolu[33] .
Évidemment cette opération frauduleuse m'épargnait la tentation de m'aimer. Menacé d'abolition, chacun de mes amis se barricadait dans le présent, découvrait l'irremplaçable qualité de sa vie mortelle et se jugeait touchant, précieux, unique; chacun se plaisait à soi- même; moi, le mort, je ne me plaisais pas: je me trouvais très ordinaire, plus ennuyeux que le grand Corneille et ma singularité de sujet n'offrait d'autre intérêt à mes yeux que de préparer le moment qui me changerait en objet[34] . En étais-je plus modeste? Non, mais plus rusé[35] : je chargeais mes descendants de m'aimer à ma place; pour des hommes et des femmes qui n'étaient pas encore nés, j'aurais un jour du charme, un je ne sais quoi, je ferais leur bonheur. J'avais plus de malice encore et plus de sournoiserie: cette vie que je trouvais fastidieuse[36] et dont je n'avais su faire que l'instrument de ma mort, je revenais sur elle en secret pour la sauver; je la regardais à travers des yeux futurs et elle m'apparaissait comme une histoire touchante et merveilleuse que j'avais vécue pour tous, que nul, grâce à moi, n'avait plus à revivre et qu'il suffirait de raconter. J'y mis une véritable frénésie[37] : je choisis pour avenir un passé de grand mort et j'essayai de vivre à l'envers[38] . Entre neuf et dix ans, je devins tout à fait posthume[39] .[40]
Ce n'est pas entièrement ma faute: mon grand-père m'avait élevé dans l'illusion rétrospective[41] . Lui non plus, d'ailleurs, il n'est pas coupable et je suis loin de lui en vouloir: ce mirage[42] -là naît spontanément[43] de la culture. Quand les témoins ont disparu, le décès d'un grand homme cesse à jamais[44] d'être un coup de foudre, le temps en fait un trait de caractère[45] . Un vieux défunt est mort par constitution[46] , il l'est au baptême[47] ni plus ni moins qu'à l'extrême-onction[48] , sa vie nous appartient, nous y entrons par un bout, par l'autre, par le milieu, nous en descendons, nous en remontons le cours à volonté: c'est que l'ordre chronologique a sauté; impossible de le restituer[49] : ce personnage ne court plus aucun risque et n'attend même plus que [50] les chatouillements[51] de sa narine aboutissent à la sternutation[52] [53] . Son existence offre les apparences d'un déroulement mais, dès qu'on veut lui rendre un peu de vie, elle retombe dans la simultanéité. Vous aurez beau vous mettre à la place du disparu, feindre de partager ses passions, ses ignorances, ses préjugés, ressusciter des résistances abolies[54] , un soupçon d'impatience ou d'appréhension, vous ne pourrez vous défendre d'apprécier sa conduite à la lumière de résultats qui n'étaient pas prévisibles et de renseignements qu'il ne possédait pas, ni de donner une solennité[55] particulière à des événements dont les effets plus tard l'ont marqué mais qu'il a vécus négligemment[56] . Voilà le mirage: l'avenir plus réel que le présent. Cela n'étonnera pas: dans une vie terminée, c'est la fin qu'on tient pour la vérité du commencement. Le défunt reste à mi-chemin entre l'être et la valeur, entre le fait brut et la reconstruction; son histoire devient une manière d'essence circulaire qui se résume en chacun de ses moments. Dans les salons d'Arras, un jeune avocat froid et minaudier[57] porte sa tête sous son bras parce qu'il est feu Robespierre, cette tête dégoutte[58] de sang mais ne tache pas le tapis; pas un des convives ne la remarque et nous ne voyons qu'elle; il s'en faut de [59] cinq ans qu'elle ait roulé dans le panier et pourtant la voilà, coupée, qui dit des madrigaux[60] malgré sa mâchoire qui pend[61] . Reconnue, cette erreur d'optique ne gêne pas: on a les moyens de la corriger; mais les clercs de l'époque la masquaient, ils en nourrissaient leur idéalisme. Quand une grande pensée veut naître, insinuaient[62] -ils, elle va réquisitionner[63] dans un ventre de femme le grand homme qui la portera; elle lui choisit sa condition, son milieu[64] , elle dose exactement l'intelligence et l'incompréhension de ses proches, règle son éducation, le soumet aux épreuves nécessaires, lui compose par touches successives un caractère instable dont elle gouverne les déséquilibres jusqu'à ce que l'objet de tant de soins éclate en accouchant d'elle. Cela n'était nulle part déclaré mais tout suggérait que l'enchaînement des causes couvre un ordre inverse et secret.[65]
J'usai de ce mirage avec enthousiasme pour achever de garantir mon destin. Je pris le temps, je le mis cul par-dessus tête et tout s'éclaira. Cela commença par un petit livre bleu de nuit avec des chamarrures[66] d'or un peu noircies, dont les feuilles épaisses sentaient le cadavre et qui s'intitulait: L'Enfance des hommes illustres; une étiquette attestait[67] que mon oncle Georges l'avait reçu en 1885, à titre de second prix d'arithmétique[68] . Je l'avais découvert, au temps de mes voyages excentriques[69] , feuilleté puis rejeté par agacement: ces jeunes élus ne ressemblaient en rien à des enfants prodiges[70] ; ils ne se rapprochaient de moi que par la fadeur de leurs vertus et je me demandais bien pourquoi l'on parlait d'eux. Finalement le livre disparut: j'avais décidé de le punir en le cachant.[71] Un an plus tard, je bouleversai tous les rayons pour le retrouver: j'avais changé, l'enfant prodige était devenu grand homme en proie à l'enfance. Quelle surprise: le livre avait changé lui aussi. C'étaient les mêmes mots mais ils me parlaient de moi. Je pressentis que cet ouvrage allait me perdre, je le détestai, j'en eus peur. Chaque jour, avant de l'ouvrir, j'allais m'asseoir contre la fenêtre: en cas de danger, je ferais entrer dans mes yeux la vraie lumière du jour. Ils me font bien rire, aujourd'hui, ceux qui déplorent l'influence de Fantômas ou d'André Gide: croit-on que les enfants ne choisissent pas leurs poisons eux-même? J'avalais le mien avec l'anxieuse austérité des drogués. Il paraissait bien inoffensif, pourtant[72] . On encourageait les jeunes lecteurs: la sagesse et la piété[73] filiale[74] mènent à tout, même à devenir Rembrandt ou Mozart: on retraçait dans de courtes nouvelles les occupations très ordinaires de garçons non moins ordinaires mais sensibles et pieux qui s'appelaient Jean-Sébastien, Jean-Jacques ou Jean- Baptiste et qui faisaient le bonheur de leurs proches comme je faisais celui des miens. Mais voici le venin[75] : sans jamais prononcer le nom de Rousseau, de Bach ni de Molière, l'auteur mettait son art à placer partout des allusions à leur future grandeur, à rappeler négligemment, par un détail, leurs œuvres ou leurs actions les plus fameuses, à machiner si bien ses récits qu'on ne pût comprendre l'incident le plus banal sans le rapporter à des événements postérieurs; dans le tumulte[76] quotidien il faisait descendre un grand silence fabuleux[77] , qui transfigurait tout: l'avenir[78] . Un certain Sanzio mourait d'envie de voir le pape; il faisait si bien qu'on le menait sur la place publique un jour que le Saint-Père passait par là; le gamin pâlissait, écarquillait les yeux, on lui disait enfin: « Je pense que tu es content, Raffaello? L'as-tu bien regardé, au moins, notre Saint- Père? » Mais il répondait, hagard « Quel Saint-Père? Je n'ai vu que des couleurs[79] ! » Un autre jour le petit Miguel, qui voulait embrasser la carrière[80] des armes[81] , assis sous un arbre, se délectait[82] d'un roman de chevalerie quand, tout à coup, un tonnerre de ferraille[83] le faisait sursauter: c'était un vieux fou du voisinage, un hobereau[84] ruiné qui caracolait[85] sur une haridelle[86] et pointait sa lance rouillée contre un moulin. Au dîner, Miguel racontait l'incident avec des mines si drôles et si gentilles qu'il donnait le fou rire à tout le monde; mais, plus tard, seul dans sa chambre, il jetait son roman sur le sol, le piétinait[87] , sanglotait longuement.[88]
[1]passe-passe [pɑspɑːs] 1. 남성형 명사 tour de passe-passe 마술, 요술
2. 남성형 명사 [비유] 속임수, 사기 (=tromperie)
[2]ensevelir [ɑ̃səvliːʀ] 1. 타동사 [문어] 매장하다,수의(壽衣)를 입히다 (=enterrer, inhumer)
2. 타동사 파묻다, 매몰시키다
3. 대명동사 매몰되다
4. 대명동사 은둔하다
[3]linceul [lɛ̃sœl] 1. 남성형 명사 수의(壽衣), 염포(殮布), (=suaire)
2. 남성형 명사 [옛] 침대보
[4]aviser 1 [avize] 1. 타동사 [옛] 알아보다,발견하다,찾아내다 (=apercevoir)
2. 간접타동사 [aviser à] 에 대해 숙고하다,하도록 유의하다 (=songer à, réfléchir à)
[5]faire son temps은 관용 표현으로 “자신의 시대를 살다 / 한때의 절정기를 지나오다”의 의미
[6]à ... près “~의 차이로, ~정도의 오차를 두고”
à un jour près → “하루 정도의 차이로”
à dix kilomètres près → “10킬로미터 정도 차이로”
à quelques années près → “몇 년 정도 차이로 / 몇 년쯤의 오차를 두고”
[7]représenter [ʀəpʀezɑ̃te] 1. 타동사 (도표·사진·그림·기호 따위가) 나타내다, 표시하다,상징하다
2. 타동사 (사람이) 나타내다, 표시하다,표현하다, 묘사하다
3. 자동사 [옛] 위풍당당한 모습을 하다,(태도·풍채가) 당당하다
v.pr. 대명동사 c.상상하다, 마음속에 그려보다
[8]annoncer [anɔ̃se] 1. 타동사 알리다, 기별하다 (=informer, communiquer)
2. 타동사 (의) 내방을 알리다
3. 대명동사 예상[예측]되다
4. 대명동사 (자신의) 도착을 알리다
[9]décrépitude [dekʀepityd] 1. 여성형 명사 [옛] 늙어빠짐, 노쇠
2. 여성형 명사 쇠퇴, 몰락,노후, 황폐 (=décadence)
[10]그 눈속임은 성공했다. 나는 죽음을 영광의 수의 속에 묻어버렸고, 이제는 영광만을 생각했지, 죽음은 전혀 떠올리지 않았다. 두 가지가 하나라는 것을 깨닫지도 못한 채 말이다. 지금 이 글을 쓰는 이 순간, 몇 년 정도의 여유만 남았을 뿐, 나는 이미 내 시대가 지나버렸음을 알고 있다. 그리고 나는 다가올 노년과 장차 찾아올 내 쇠약함, 사랑하는 이들의 노쇠와 죽음을 꽤 뚜렷하게 떠올린다. 그러나 내 죽음은 결코 아니다.
[11]rien n’y fait = “거기에는 아무것도 작용하지 않는다” 아무 소용이 없다”
[12]éprouver [epʀuve] 1. 타동사 시험하다,실험하다,떠보다 (=essayer, expérimenter, tester)
2. 타동사 (주어는 사물) 시련[고통]을 겪게 하다
3. 대명동사 (감정·감각 따위가) 느껴지다
[13]pathétique [patetik] 1. 형용사 비장한,감동적인, 감격적인 (=émouvant, touchant)
2. 형용사 [해부] muscle pathétique 상사근(上斜筋)
3. 남성형 명사 [문어] 비장함, 비장감,비장미(美),비장한 표현
[14]affres [a[ɑː]fʀ] 1. 여성 복수형 명사 [문어] 고통, 고뇌
2. 여성 복수형 명사 [옛] 불안, 공포
[15]agonie [agɔni] 1. 여성형 명사 임종의 순간, 단말마
2. 여성형 명사 [비유] (국가·문명의) 말기, 최후, 종말
3. 여성형 명사 [옛·문어] 고민, 고통
[16]그럴 때가 있다. 나는 내 주변의 가까운 사람들에게 — 그들 중에는 나보다 열다섯, 스무 살, 서른 살이나 어린 이들도 있다 — 내가 그들보다 오래 살아남게 될 것을 얼마나 후회하게 될지를 가끔 흘려 말한다. 그러면 그들은 나를 놀리고, 나도 그들과 함께 웃지만, 아무 소용이 없다. 앞으로도 소용없을 것이다. 아홉 살 때, 한 번의 수술이 나에게서 인간의 조건이라 불리는 어떤 비극적 감수성을 느낄 능력을 앗아가 버렸다.
십 년 뒤, 고등사범학교에 다닐 때, 그 비극적 감수성은 공포나 분노에 휩싸여 불현듯 깨어나는 내 몇몇 가장 친한 친구들에게서 모습을 드러내곤 했다. 그러나 나는 그런 와중에서도 마치 종치는 사람처럼 코를 골며 잠들어 있었다.
심한 병을 앓은 적이 있던 한 친구는, 고통스러운 죽음의 고비를 마지막 숨까지 모두 겪어봤다고 우리에게 단언했다. 니쟁(Nizan)은 그중에서도 죽음에 가장 사로잡혀 있었다. 그는 때로 한창 깨어 있을 때조차도 자기 자신이 시체가 된 모습을 보곤 했다. 그럴 때면 그는 벌떡 일어나, 구더기로 가득한 눈을 하고, 더듬더듬 둥근 챙의 보르살리노 모자를 집어 든 다음, 사라졌다. 그리고 이틀 뒤, 낯선 사람들과 함께 취한 채로 발견되곤 했다.
[17]turne [tyʀn] 1. 여성형 명사 [구어] 누추한 방[집],[경멸] 일터 (=taudis)
2. 여성형 명사 [학생은어] (고등사범학교 따위의 기숙사의) 공부방 (thurne로 쓰기도 함)
[18]entendre [ɑ̃tɑ̃ːdʀ] 1. 타동사 듣다, 들리다 (=ouïr)
2. 타동사 (보어 없이) 귀가 들리다, 청각이 좋다
3. 간접타동사 [entendre à qc] 인정하다, 동의하다,[옛] 에 귀를 기울이다 (=acquiescer, consentir)
[19]가끔, 기숙사 안에서 이 함께 고통을 나누는 동료들은 서로가 겪은 하얀 밤들, 즉 무(無)의 예감 같은 경험들을 이야기하곤 했다. 그들은 아주 작은 말투 차이까지 이해할 정도로 서로 잘 맞았다. 나는 그들을 듣고, 그들을 좋아했다. 그들을 열정적으로 닮고 싶기도 했다. 하지만 아무리 애를 써도, 나는 장례식에서나 나올 법한 상투적인 말들만을 겨우 이해하고 기억할 뿐이었다. 인생은 살아가고, 죽음을 맞이한다. 누가 살고 누가 죽는지는 알 수 없다. 죽기 한 시간 전까지도 사람은 아직 살아 있다. 나는 그들의 말 속에 내가 놓치고 있는 의미가 분명 있을 거라 의심하지 않았다. 그래서 나는 질투심 가득한 망명자처럼 말없이 입을 다물었다. 결국, 그들은 나를 향해 돌아서면서 미리 짜증이 난 듯 물었다. « Toi, ça te laisse froid? » “너는 이게 아무 느낌도 안 들어?” 나는 무력함과 겸손함의 표시로 양팔을 벌렸다.
[20]défi [defi] 1. 남성형 명사 도전, 도발,결투 신청 (=provocation)
2. 남성형 명사 (전통·권위 따위에 대한) 반항, 도전,무시, 멸시
3. 남성형 명사 (1965) 시련, 곤란, 위협
[21]entraînement [ɑ̃tʀεnmɑ̃] 1. 남성형 명사 (어떤 행동으로) 이끌기, 이끌림,충동, 부추김
2. 남성형 명사 연동(連動), 전동(傳動),[옛] 필연관계
3. 남성형 명사 훈련, 연습 (=training)
[22]prémunir [pʀemyniːʀ] 1. 타동사 [문어] 미리 보호하다, 대비시키다
2. 대명동사 조심[대비]하다
[23]그들은 분노에 찬 웃음을 터뜨렸다. 자신들이 나에게 전달하지 못하는 번개처럼 확실한 진실에 눈이 부신 듯이 말이다. “잠들 때 누군가는 자는 동안 죽어가고 있다는 생각을 해본 적이 없니?” “양치질 하면서, ‘이번이 내 마지막 날이구나’라고 생각해본 적은 없어?” “빨리, 빨리, 빨리 가야 한다는 것과 시간이 부족하다는 감각을 느껴본 적이 없니?” “네가 불멸이라 믿니?” 나는 반은 도전적으로, 반은 습관처럼 대답했다. “그래, 난 나 자신이 불멸이라 믿어.” 그런데 그것보다 더 거짓된 말은 없었다. 나는 단지 우발적인 죽음을 대비했을 뿐이었다. 그뿐이었다. 성령께서 나에게 긴 호흡의 작업을 명령하셨기에, 그분께서 그 일을 완수할 시간을 내게 허락하셔야 했다.
[24]congestion [kɔ̃ʒεstjɔ̃] 1. 여성형 명사 [의학] 충혈,울혈
2. 여성형 명사 [비유] (도로의) 혼잡,교통체증
[25]péritonite [peʀitɔnit] 여성형 명사 [의학] 복막염
[26]명예로운 죽음, 그것은 나를 탈선, 울혈, 그리고 복막염으로부터 보호해 준 내 죽음이었다. 나와 죽음은 약속을 정한 사이였다; 만약 내가 약속 장소에 너무 일찍 나타난다면, 나는 죽음을 만날 수 없었을 것이다. 내 친구들은 내가 죽음에 대해 한 번도 생각하지 않는다고 비난할 수 있었지만, 그들은 내가 한순간도 죽음을 살아내지 않고 있지 않다는 사실을 몰랐다.
[27]agression [agʀεsjɔ̃] 1. 여성형 명사 공격, 습격,[국제법] 침공, 침략,폭행
2. 여성형 명사 (외적 요인에 의해 생기는 정신적·육체적) 피해, 압박감 (=stress)
3. 여성형 명사 유해작용
[28]오늘 나는 그들의 말에 동의한다. 그들은 우리의 조건을 모두 받아들였고, 불안함마저도 수용했다. 나는 안도감을 선택했다. 그리고 사실 내면 깊은 곳에서는 내가 불멸이라고 믿고 있었다. 나는 이미 미리 나 자신을 죽였던 것이다. 왜냐하면 죽은 자들만이 불멸을 누릴 수 있기 때문이다. 니쟁과 마외는 자신들이 거칠게 공격당할 것이며, 살아 있는 채로, 피투성이가 된 채 세상에서 끌려나갈 것임을 알고 있었다.
* 니쟁과 마외는 사르트르가 활동하던 프랑스 지성계와 문학계의 동료이자 친구였고, 때로는 사르트르의 저서나 사상에 영향을 준 인물들입니다.
특히 니쟁은 20세기 초반 프랑스의 작가로 사르트르와 함께 실존주의 및 전쟁 이후 인간 조건에 대한 사유를 공유했습니다.
마외는 사르트르와 관련하여 사회운동, 문학, 철학적 교류 속에서 중요한 역할을 했던 인물입니다.
[29]barbarie [baʀbaʀi] 1. 여성형 명사 잔인, 난폭 (=cruauté, brutalité,), (↔bonté)
2. 여성형 명사 미개, 야만,야비, 무지, 상스러움 (=grossièreté, rudesse), (↔civilisation)
3. 여성형 명사 (말·표현 따위의) 세련되지 못함,어법에 어긋남, 부정확
[30]précipitation [pʀesipitɑsjɔ̃] 1. 여성형 명사 서두름, 황급함,성급함, 조급함
2. 여성형 명사 [드물게] 떨어지기, 추락, 낙하
3. 여성형 명사 [화학] 침전
[31]convoitise [kɔ̃vwatiːz] 여성형 명사 갈망, 탐욕, 선망
[32]lâcheté [lɑʃte] 1. 여성형 명사 비겁,비굴 (↔bravoure, courage, dignité, générosité)
2. 여성형 명사 비굴한 행동,비열한 짓
3. 여성형 명사 [문어] 무기력 (↔ardeur, énergie)
[33]나는 스스로를 속이고 있었다. 죽음의 잔혹함을 없애기 위해 나는 죽음을 내 인생의 목표로 삼았고, 삶을 죽기 위한 유일한 수단으로 삼았다. 나는 천천히 나의 종말을 향해 나아갔다. 내 책을 채우는 데 필요한 만큼만 희망과 욕망을 품었을 뿐이었다. 나는 마지막 책의 마지막 페이지에 내 심장의 마지막 한 번의 뛰침이 기록될 것임을 확신했고, 죽음이 내게서 빼앗는 것은 이미 죽은 자뿐일 것임을 믿었다. 니잔은 스무 살에 여자들과 자동차, 이 세상의 모든 것들을 절박하게 서둘러 바라보았다. 모든 것을 보고, 모든 것을 즉시 얻어야만 했다. 나 역시 바라보았지만, 탐욕보다는 더 큰 열정을 가지고 바라보았다. 나는 이 세상에서 즐기기 위해 존재하는 것이 아니라, 삶을 평가하기 위해 존재했다. 그것은 조금 지나치게 편리한 태도였다. 너무나 착한 아이의 소심함과 비겁함 때문에, 나는 열린 삶, 자유롭고 신의 보호 없이 살아가는 삶의 위험 앞에서 물러섰다. 나는 모든 것이 이미 미리 정해져 있고, 더 나아가 이미 끝난 일이라고 스스로 설득했다.
[34]분명히 이 사기적인 행위는 나에게 나 자신을 사랑하려는 유혹을 면하게 해주었다. 멸망의 위협에 처한 내 친구들은 각자 현재에 스스로를 가두었고, 그들의 죽음에 이르는 삶의 대체 불가능한 가치를 발견하며 자신을 감동적이고, 소중하며, 유일하다고 평가했다. 각자가 자기 자신에게 만족해했지만, 나, 죽은 자는 나 자신이 마음에 들지 않았다. 나는 매우 평범하다고 여겼으며, 위대한 코르네유(Corneille)보다도 더 지루했고, 주체로서의 나의 특이함은 나를 대상(사물)로 바꿀 순간을 준비하는 것 외에는 내 눈에 특별한 매력을 주지 못했다.
[35]rusé [ʀyze] 1. 형용사 교활한, 꾀바른
2. 형용사 교활해 보이는
3. 명사 교활한 사람
[36]fastidieux [fastidjø] 형용사 지겨운, 진절머리나는, 견딜 수 없는 (=ennuyeux, insupportable)
[37]frénésie [fʀenezi] 1. 여성형 명사 열광, 열중 (↔calme, mesure)
2. 여성형 명사 (색깔·소리 따위의) 강렬함
3. 여성형 명사 [옛] 광기, 광란
[38]envers 2 [ɑ̃vεːʀ] 1. 남성형 명사 (천 따위의) 안, 이면 (=revers, verso,), (↔endroit)
2. 남성형 명사 [비유] (생활·사건 따위의) 이면, 숨겨진 부분
3. 남성형 명사 역, 반대 (=contraire, inverse)
[39]posthume [pɔstym] 1. 형용사 유복(遺腹)의
2. 형용사 사후(死後)의, 사후에 발표[출판]된
[40]내가 더 겸손해졌던가? 아니다, 다만 더 영리해졌을 뿐이다. 나는 나를 사랑해야 할 몫을 내 후손들에게 떠넘겼다. 아직 태어나지 않은 남자들과 여자들에게, 언젠가 나는 매력을 가지고, 어떤 ‘짝 짓기 어려운 매력’을 지닌 존재로, 그들의 행복의 원천이 될 사람이 될 것이다. 나는 훨씬 더 교활하고 은밀했다. 지루하기 짝이 없고, 내게 그저 죽음의 도구로밖에 여겨지지 않았던 이 인생을, 나는 몰래 다시 되돌아보며 구원하려 했다. 미래의 눈으로 그것을 바라보면, 그것은 마치 모두를 대신해 내가 살아낸 감동적이고 경이로운 이야기처럼 보였다. 누구도 다시는 그것을 살지 않아도 되도록, 다만 내가 그것을 이야기로서 전해주기만 하면 되는 그런 이야기로 말이다. 나는 그런 열정에 사로잡혔다. 나는 미래 대신 ‘위대한 죽은 자의 과거’를 내 운명으로 택했고, 거꾸로 살아가려 애썼다. 아홉 살에서 열 살 사이의 어느 시점에, 나는 완전히 ‘사후적인 인간’이 되어버렸다.
[41]rétrospectif [ʀetʀɔspεktif] 1. 형용사 회고적인, 회상의
2. 형용사 (현재의 감정이) 과거(사)에 대한
3. 남성형 명사 (영화·텔레비전의) 플래시백 (=flash-back)
[42]mirage [miʀaːʒ] 1. 남성형 명사 신기루
2. 남성형 명사 [비유] 환상, 꿈 (=illusion)
3. 남성형 명사 (Mirage) 미라주 전폭기
[43]spontanément [spɔ̃tanemɑ̃] 1. 부사 자발적으로,자연적으로
2. 부사 본능적으로,무의식적으로
[44]à jamais = “영원히, 영구히”
[45]이건 전적으로 내 잘못만은 아니다. 외할아버지가 나를 ‘회고적 환상’ 속에서 길렀기 때문이다. 그렇다고 그분이 잘못이라는 것도 아니다. 나는 그분을 조금도 원망하지 않는다. 그런 신기루는, 문화라는 것에서 저절로 생겨나는 법이니까. 증인들이 사라지고 나면, 위대한 사람의 죽음은 더 이상 벼락 같은 사건으로 남지 않는다. 시간은 그 죽음을 단지 그 사람의 성격적 특징 하나로 만들어 버린다.
# mirage 사전적으로는 “사막에서 보이는 신기루, 허상”이지만, 여기서는 비유적으로
“현실을 왜곡하는 매혹적인 환상, 착각”을 뜻하며, 사르트르 문맥에서는 “위대한 인물의 삶과 죽음을 뒤에서 아름답게 포장해 주는 회고적 환상, 미화된 이야기”를 가리킵니다.
culture도 단순히 ‘교양’이 아니라, 사회가 공유하는 역사서, 전기, 학교 교육, 기념 의식, 예술 작품 같은 “집단적인 문화 장치 전체”를 의미합니다. 즉, 사람들이 위대한 인물의 삶을 나중에 되돌아보며 “원래부터 위대하게 짜인 이야기”처럼 느끼게 만드는 그 집단적 상상력의 체계를 말합니다.
[46]constitution [kɔ̃stitysjɔ̃] 1. 여성형 명사 구조, 성분, 조직 (=arrangement, structure)
2. 여성형 명사 체격, 체질
3. 여성형 명사 조성, 설립
[47]baptême [batεm] 1. 남성형 명사 [종교] 세례(식), 영세
2. 남성형 명사 (종·배 따위의) 명명식
[48]extrême-onction [εkstʀεmɔ̃ksjɔ̃] 여성형 명사 ( extrêmes-onctions) [가톨릭] 종부성사(終傅聖事)
[49]restituer [ʀεstitɥe] 1. 타동사 (부정 취득한 것을) 되돌려 주다, 반환하다 (=redonner, rendre)
2. 타동사 복구[복원]하다,(명예 따위를) 회복시키다
3. 타동사 재현하다,재생하다 (=reproduire)
[50]ne... plus que 제한/대조 의미 Je ne mange plus que des pommes 사과만 먹을 뿐(더 이상 다른 건 안 먹음)
ne... même plus que 독립된 부정 더 이상 ~하지 않는다 여기서는 "재채기조차 기다리지 않는다"
[51]chatouillement [ʃatujmɑ̃] 1. 남성형 명사 간지르기,간지럼
2. 남성형 명사 가볍게 따끔거림
3. 남성형 명사 (가벼운) 자극, 쾌감
[52]sternutation [stεʀnytɑsjɔ̃] 듣기
여성형 명사 재채기 하기,(반복되는) 재채기
[53]늙은 사망자는 본질적으로 죽은 존재이다. 그는 세례 때부터 말 그대로 종부성사 때까지 똑같이 죽어 있다. 그의 삶은 우리 소유가 되었고, 우리는 그 한쪽 끝에서 들어가고, 다른 쪽 끝에서도, 중간에서도 들어가며, 원하는 대로 그 흐름을 거슬러 오르내린다. 왜냐하면 연대기적 순서가 이미 건너뛰어졌기 때문이다. 그것을 복원할 수 없다. 이 인물은 더 이상 어떤 위험도 감수하지 않으며, 심지어 코끝을 간질이는 그 느낌이 재채기로 이어질 것을 기다리지도 않는다.
"mort par constitution": 죽음이 단순 사건이 아니라, 그 사람의 '본질적 특성'이 된 상태를 뜻한다. 세례(출생)부터 종부성사(죽음 직전)까지 '이미 죽어 있다'는 역설
[54]aboli [abɔli] 형용사 폐지된,파괴된
[55]solennité [sɔlanite] 1. 여성형 명사 성대한 축제, 제전
2. 여성형 명사 성대함, 장중함,점잔 빼기, 과장된 태도 (=apparat, pompe)
3. 여성형 명사 (흔히 복수) 격식, 정식 절차
[56]그의 존재는 전개(展開)의 외양을 보이지만, 조금이라도 생기를 불어넣으려 하면 곧바로 동시성(simultanéité)으로 퇴행한다. 사라진 이를 대신해 놓으려 애써도 소용없다. 그의 열정, 무지, 편견을 공유하는 척하고, 사라진 저항들, 약간의 조바심이나 불안감을 되살리려 해도, 당신은 그가 예측할 수 없었던 결과들의 빛 아래 그의 행위를 평가하지 않을 수 없으며, 그가 알지 못했던 정보들에 의존하며, 나중에 그를 특징지은 효과들을 낳았지만 그가 태평하게 살았던 사건들에 특별한 엄숙함을 부여하지 않을 수 없다.
"déroulement vs. simultanéité": 살아있는 삶은 시간 순서로 전개되지만, 죽은 후에는 모든 순간이 '동시적'으로 압축되어 과거·현재·미래가 한꺼번에 보인다.
[57]minaudier [minodje] 형용사, 명사 아양떠는[애교부리는] (사람)
[58]dégoutter [degute] 1. 자동사 (물·액체가) 방울져 떨어지다 (=dégouliner)
2. 자동사 (주어는 사물) (에서 물·액체가) 방울져 떨어지다
3. 타동사 방울져 떨어지게 하다, 흘리다
4. 타동사 [비유] (숨겼던 감정 따위를) 드러내다
goutter [gute] 1. 자동사 방울방울 흘러내리다
2. 자동사 방울방울 흘리다 (=dégoutter)
[59]il s'en faut de 부족하다, 미치다 il faut의 변형
[60]madrigal [madʀigal] 1. 남성형 명사 [음악] 마드리갈 (목가·연애시에 곡을 붙인 자유 형식의 짧은 가요)
2. 남성형 명사 [문학] 마드리갈 (짧은 서정시. 사랑을 노래한 것이 많음)
3. 남성형 명사 [비유] (여자에게 하는) 달콤한 말
[61]이것이 바로 그 신기루다: 미래가 현재보다 더 현실적이다. 놀랄 일은 아니다. 끝난 삶에서는 그 끝이 시작의 진실로 여겨지기 때문이다. 사망자는 존재와 가치, 원시적 사실과 재구성 사이의 중간 지점에 머문다. 그의 이야기는 각 순간에 요약되는 순환적 본질의 한 형태가 된다. 아라스의 살롱들에서 차갑고 아첨하는 젊은 변호사가 팔 아래 머리를 들고 다닌다. 왜냐하면 그는 이미 죽은 로베스피에르이기 때문이다. 그 머리는 피를 뚝뚝 흘리지만 카펫을 더럽히지 않는다. 손님들 중 누구도 그것을 알아채지 못하고, 우리만이 그것을 본다. 머리가 바구니에 굴러떨어지기까지 5년이 남았는데도, 이미 잘려 나가고 턱이 축 늘어진 채 서정시를 읊는다.
[62]insinuer [ɛ̃sinɥe] 1. 타동사 암시하다, 넌지시 말하다 (=suggérer)
2. 타동사 [법] 등기하다
3. 대명동사 (감정 따위가) 침투하다 (=pénétrer)
4. 대명동사 슬그머니 끼어들다, 비집고 들어가다
[63]réquisitionner [ʀekizisjɔne] 1. 타동사 징발[징용, 징집]하다
2. 타동사 [비유·구어] (원조·봉사 따위를 위하여) 동원하다
[64]milieu [miljø] 1. 남성형 명사 (공간·시간의) 한가운데, 복판, 중앙
2. 남성형 명사 [비유] 중간, 중도,절충
3. 남성형 명사 환경,(개인이 속한) 사회(집단),계층
[65]인정된다면, 이 착시 현상은 전혀 거슬리지 않는다. 그것을 교정할 방법이 있기 때문이다. 그러나 그 시대의 지식인들은 그것을 감췄다. 그들은 자신의 이상주의를 그 착시로 먹여 살리곤 했다. 위대한 사상이 태어나려 할 때, 그들은 암시하곤 했다. 그 사상은 여인의 자궁에서 그것을 품을 위대한 인물을 징발(requisitionner)한다. 그의 신분, 환경을 선택하고, 주변 사람들의 지능과 무지를 정확히 배합하며, 교육을 조정하고, 필요한 시련에 처하게 하며, 연속적인 터치로 불안정한 성격을 구성한다. 그리고 그 불균형을 통솔하여, 그렇게 많은 보살핌의 대상이 마침내 그것을 낳음으로써 폭발할 때까지이다. 그것은 어디에도 명시되지 않았지만, 모든 것이 원인들의 연쇄가 반대 방향의 비밀스러운 질서를 덮고 있다는 것을 암시했다.
[66]chamarrure [ʃamaʀyːʀ] 1. 여성형 명사 (복수) (천·옷 따위의) 번쩍이는 장식
2. 여성형 명사 [비유·문어] 조화롭지 못한 수식,잘못된 격식
[67]attester [atεste] 1. 타동사 (주어는 사람) 증명하다, 증언하다, 보증하다 (=affirmer, assurer)
2. 타동사 (주어는 사물) 에 대한 증명이 되다, 임을 입증하다 (=démontrer, indiquer)
3. 타동사 [문어] (을)(의) 증인으로 삼다[내세우다]
[68]arithmétique 1 [aʀitmetik] 1. 형용사 산술[계산]의,[수학] 정수론의
2. 형용사 [옛·구어] 논리적인
[69]excentrique [εksɑ̃tʀik] 1. 형용사 엉뚱한, 상궤를 벗어난,기발한 (=bizarre, étrange, singulier)
2. 형용사 변두리의, 궁벽한
3. 남성형 명사 [기계] (회전 운동을 왕복 운동으로 바꾸는) 편심 장치, 편심 바퀴
4. 남성형 명사 엉뚱함, 기발함
[70]prodige [pʀɔdiːʒ] 1. 남성형 명사 기적, 초자연적인 일,경이, 놀라운 행동
2. 남성형 명사 [un prodige[des prodiges] de qc] 경탄할 만한, 의 극치
3. 남성형 명사 천재, 비범한 사람,신동
[71]나는 그 신기루를 열정적으로 이용해 내 운명을 완전히 보장하려 했다. 나는 시간을 거꾸로 뒤집어 놓았고, 모든 것이 밝아졌다. 그것은 밤색의 작은 책으로 시작되었다. 금박 장식이 약간 검게 변색된 책으로, 두꺼운 종이 페이지들은 시체 냄새가 났다. 제목은 L'Enfance des hommes illustres였다. 한 라벨이 증명하듯, 삼촌 조르주가 1885년에 산술 2등상으로 받은 책이었다. 내 괴짜 여행 시절에 그것을 발견해 넘겨봤다가 짜증나서 던져버렸다. 그 젊은 '선택받은 자들'은 전혀 신동처럼 보이지 않았다. 그들의 미덥지 못한 덕성에서만 나와 비슷했고, 왜 그들에 대해 이야기하는지 의아했다. 결국 책은 사라졌다. 내가 그것을 숨겨 벌주기로 결정했기 때문이다.
[72]1년 후, 나는 모든 선반을 뒤집어 놓고 그것을 다시 찾았다. 나는 변해 있었다. 신동은 '어린 시절에 사로잡힌 위대한 인물'이 되었다. 놀랍게도 책도 변해 있었다. 같은 단어들이었지만 이제 나에 대해 이야기하고 있었다. 이 책이 나를 망칠 것임을 직감했고, 미워했고, 두려워했다. 매일 책을 펼치기 전 창가에 앉아 있었다. 위험 시 진짜 낮빛을 눈에 담을 수 있도록. 오늘날 Fantômas나 André Gide의 영향을 한탄하는 사람들은 웃기다. 아이들이 스스로 독을 선택하지 않는다고 생각하나? 나는 중독자들의 불안한 엄숙함으로 내 독을 삼켰다. 겉으로는 전혀 무해해 보였지만.
[73]piété [pjete] 1. 여성형 명사 신앙심, 경건한 마음 (=dévotion, ferveur)
2. 여성형 명사 [문어] 경애심
[74]filial [filjal] 1. 형용사 (부모에 대해) 자식의, 자식으로서의
2. 여성형 명사 자(子)회사, 계열회사
[75]venin [vənɛ̃] 1. 남성형 명사 (동·식물 따위의) 독, 독액
2. 남성형 명사 [비유] 악의,독설, 중상
[76]tumulte [tymylt] 1. 남성형 명사 소란, 소동, 법석,동요, 혼란
2. 남성형 명사 [비유·문어] (마음의) 동요, 파란
3. 남성형 명사 [옛] 폭동, 소요 (=émeute)
[77]fabuleux [fabylø] 1. 형용사 [문어] 전설의, 신화의 (=légendaire, mythique)
2. 형용사 [문어] 공상적인, 가공의 (=chimérique, fictif)
3. 남성형 명사 우화적인 것[일]
[78]젊은 독자들을 격려했다: 지혜와 효도가 모든 것을 이룬다, 심지어 Rembrandt나 Mozart가 되는 것조차도. 평범하기 짝이 없는 소년들의 매우 평범한 일상을 짧은 이야기로 그려냈다. 그들은 Jean-Sébastien, Jean-Jacques, Jean-Baptiste라고 불렸고, 나처럼 주변 사람들의 행복을 만들어주었다. 하지만 여기 독이 있다: Rousseau, Bach, Molière의 이름을 한 번도 언급하지 않으면서, 저자는 모든 곳에 그들의 미래 위대함에 대한 암시를 배치했다. 세부 사항으로 그들의 가장 유명한 작품이나 행동을 무심코 상기시키고, 이야기를 그렇게 잘 짜서 가장 평범한 사건조차 후대의 사건들과 연결하지 않고 이해할 수 없게 만들었다. 일상의 소란 속에 거대한 전설적 침묵을 내려놓아 모든 것을 변화시켰다: 미래.
[79]어느 Sanzio라는 아이는 교황을 보자고 극심히 갈망했다. 그는 그렇게 잘 꾸며서 어느 날 성하께서 지나갈 때 공공 광장으로 데려가게 되었다. 아이는 창백해지고 눈을 휘둥그레 뜨고 있었다. 마침내 누군가 말했다. "내 생각엔 너 만족스럽지, 라파엘로야? 적어도 교황님을 잘 봤지?”
하지만 그는 멍한 표정으로 대답했다. '어떤 교황이요? 저는 그저 색깔들만 봤지요'
[80]carrière 1 [ka[ɑ]ʀjεːʀ] 1. 여성형 명사 [문어] 길, 행로, 활동 무대,[옛] 인생
2. 여성형 명사 직업,경력, 이력,(Carrière) 외교관직 (=profession)
3. 여성형 명사 [옛] (마차) 경주장
[81]arme [aʀm] 1. 여성형 명사 무기, 병기
2. 여성형 명사 흉기
3. 여성형 명사 (훈련시의) 개인 화기 (일반적으로 소총)
(pl.) 군대 ; 군직(軍職)(métier des armes) ; 군인생활 ; 전투, 전쟁 ; 군사력, 무훈, 무공(fait d'armes).
[82]délecter [delεkte] 1. 타동사 [옛·문어] 아주 즐겁게 하다
2. 대명동사 (을) 대단히 즐기다
[83]ferraille [fε(ʀ)ʀɑːj] 1. 여성형 명사 고철
2. 여성형 명사 [구어] 동전 (=mitraille)
[84]hobereau [ɔbʀo] 1. 남성형 명사 [조류] 새호리기 (작은 매의 일종)
2. 남성형 명사 [경멸] 시골 귀족
[85]caracoler [kaʀakɔle] 1. 자동사 [승마] (말이) 빙빙 돌며 뛰어 오르다
2. 자동사 (주어는 사람) 말을 이리저리 뛰게 하다
3. 자동사 뛰어 다니다
[86]haridelle [aʀidεl] 1. 여성형 명사 야윈 말
2. 여성형 명사 [비유·경멸] 키가 크고 마른 여자
[87]piétiner [pjetine] 1. 자동사 발을 구르다 (=trépigner)
2. 자동사 제자리걸음하다, 오도가도 못하다
3. 타동사 쿵쿵 (짓)밟다
4. 타동사 [비유] (규칙·권리·감정 따위를) 짓밟다, 깔아뭉개다
[88]또 다른 날, 군인의 길을 꿈꾸던 어린 Miguel이 나무 아래 앉아 기사 소설에 푹 빠져 있을 때, 갑자기 쇠붙이 쿵쾅거리는 소리에 깜짝 놀랐다. 그건 동네의 늙은 미치광이, 파산한 소작농 영주였는데, 망아지 위에서 폴짝거리며 녹슨 창을 풍차에 겨누고 있었다. 저녁 식사 때 Miguel은 유쾌하고 귀여운 표정으로 그 사건을 이야기해 모두를 웃게 했다. 하지만 나중에 방에 혼자 남아 소설을 바닥에 내던지고 짓밟으며 오랫동안 흐느꼈다.
