Journal de 12h30
Mardi 21 mai 2024
Indignation pour les uns, acclamation pour les autres
le procureur de la Cour Pénale Internationale, Karim Khan. ©AFP - Dimitar DILKOFF
La décision hier du procureur de la CPI de réclamer des mandats d'arrêts contre les dirigeants du Hamas et le Premier ministre israélien pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés continue ce matin d'agiter les chancelleries.
Si l'expression ne renvoyait pas aujourd'hui à une réalité effroyable, en l'occurrence celle d'une guerre mortifère, il eut été tentant de dire que la décision historique hier de la Cour Pénale Internationale de réclamer des mandats d’arrêt contre les dirigeants du Hamas, mais aussi le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour démontrer que "toutes les vies se valent", a fait l'effet d'une bombe. Les familles des otages israéliens, en particulier, ont été parmi les premières à réagir pour condamner cette décision qui, selon-elles, revient à assimiler l'autorité de l'Etat hébreu aux terroristes du Hamas. Même indignation du côté des Etats-Unis, qui par la voix de leur président Joe Biden a jugé cette annonce "scandaleuse". A l'inverse, la France soutient l'indépendance de la CPI et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations. Quant aux Palestiniens, ils y voient surtout l’espoir qu’une pression internationale accrue pourrait à présent non seulement accélérer une transition politique à Jérusalem, mais plus encore esquisser une issue à la guerre à Gaza.
Scandale pour les uns ; aubaine pour les autres. En réalité et au-delà même des considérations morales, cette décision hier de la CPI a réveillé nombre de calculs à la fois juridiques et politiques dans les différentes chancelleries.
Quoi qu'il en soit, cette demande du procureur de la CPI doit, en réalité, encore être approuvée par les juges de la Cour. Le cas échéant, qu'adviendra-t-il après ? On sait qu'Israël (à l'instar d'ailleurs des Etats-Unis) ne reconnaît pas la Cour pénale internationale. Pour autant, si ces mandats d’arrêt sont émis, cela signifie que chacun des 124 États membres sera tenu d’arrêter les personnes visées qui pénétreraient sur son territoire et de les remettre à la Cour pour qu’elles soient jugées. Mais avant cela, les juges vont donc devoir analyser désormais les preuves déposées par le procureur.
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Ils sont trois. Trois hauts responsables syriens, soupçonnés d'avoir joué un rôle dans la disparition forcée et la mort de deux Franco-Syriens, étudiants à la faculté de lettres de Damas, arrêtés en novembre 2013, avant d'êtres transférés dans un lieu de détention dénoncé comme l'un des pires centres de torture mis en place par le maître de Damas, certains diront le bourreau, après l'éclatement de la révolution syrienne. Ce matin, c'est ouvert à Paris le tout premier procès en France sur les exactions commises par le régime de Bachar Al-Assad. Un combat pour la justice, d'autant plus essentiel d'ailleurs qu'il constitue aussi un combat pour la vérité depuis la renversante tentative de réhabilitation du président syrien au sein du monde arabe.
L'invitée de la rédaction : Aurélia Devos, magistrate, ancienne cheffe du pôle « Crimes contre l'humanité » du Parquet National Antiterroriste et par ailleurs autrice d'un ouvrage intitulé Crimes contre l’humanité - Le combat d’une procureure (publié aux éditions Calmann-Lévy).
Après une semaine d'effroi face à une véritable déferlante de violences, le fragile retour au calme vanté par l'exécutif se poursuit difficilement en Nouvelle-Calédonie. L'archipel continue d'être le théâtre d'affrontements localisés. La question de la prolongation possible de l'état d'urgence n'a d'ailleurs toujours pas été tranchée. L'aéroport reste lui fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi. Enfin, de la gauche à l'extrême droite, en passant par la majorité et jusqu'à la maire loyaliste de Nouméa, les appels se multiplient pour réclamer un report de la réforme qui a mis le feu aux poudres, celle du dégel du corps électoral, décriée par les indépendantistes. Et c'est donc dans ce contexte qu'on apprend qu'Emmanuel Macron se rendra lui-même sur place dès ce soir pour y installer dit-on "une mission".
Quand le gouvernement va-t-il annoncer sa nouvelle réforme de l'assurance chômage ? Les nouvelles règles, on le sait, doivent s'appliquer par décret à partir du 1er juillet. Mais en attendant l'heure tourne. Le premier ministre Gabriel Attal n'a toujours pas officialisé ses choix. Or, plusieurs leviers possibles ont été avancés : la durée d'indemnisation, le niveau d'indemnisation et les conditions d'affiliations. En réalité, le gouvernement pourrait dit-on avoir déjà arbitré. En l'occurrence, en faveur d'un changement dans la durée d'activité. Ce qui veut dire, concrètement, que le temps de travail nécessaire pour percevoir ses droits devrait augmenter. Seule certitude, Ouafia, de tous côtés chacun tente encore aujourd'hui d'influer sur cette future réforme.
Un nouveau débat à trois semaines des élections européennes. La chaîne de télé LCI organisera ce soir une confrontation entre les huit principales têtes de listes. Sauf qu'il n'y a pas que 8 listes, en l'occurrence, engagées pour ce scrutin. Elles sont même 37 au total. Un nouveau record. En 2019, elles étaient 34. Et 6 seulement avaient dépassé la barre des 5%. Qu'en sera-t-il cette année ? Le seuil reste évidemment difficile à franchir et notamment pour tous les candidats moins connus ou moins médiatisés.