Journal de 12h30
Lundi 1 juillet 2024
Le Rassemblement National, premier parti de France
Jordan Bardella, président du Rassemblement National ©AFP - JULIEN DE ROSA
L'essentiel de ce journal sera consacré aux résultats historiques du premier tour des élections législatives.
La dissolution de l'Assemblée voulue par Emmanuel Macron devait réveiller les électeurs. Et ce matin, pour près de deux tiers des Français qui se sont rendus dans les urnes hier, le réveil est surtout douloureux. Comme une chute vertigineuse dans l'inconnu. Le constat est pourtant aussi implacable qu'annoncé par toutes les enquêtes d'opinion lors des trois semaines de campagne express. Avec 33% des voix, jamais dans l'histoire de la République, l'extrême-droite arrivée en tête n'avait été portée aussi proche du pouvoir par un vote populaire. Et c'est là sans doute l'un des premiers enseignements de ce premier tour de scrutin : quand la démocratie parle, y compris dans un pays qui place l'universalisme au sommet de ses valeurs, désormais cette parole fait peur. Alors pourquoi ? Est-ce parce qu'il n’y a aujourd'hui plus de honte à voter pour un parti qui tire ses racines de fondateurs aux convictions négationnistes et racistes ? Ou bien est-ce parce qu'une victoire de l'alliance des gauches inquièterait à présent davantage que la perspective d’une majorité absolue de l'extrême-droite ?
Toujours est-il qu'hier, le parti de Jordan Bardella, cimenté par une idéologie xénophobe a multiplié par 2,5 son score des dernières élections législatives. Ou pour le dire autrement, la forte participation électorale à ce premier tour n'a pas empêché un vote massif en faveur du Rassemblement national. Bien au contraire. Et l'un des phénomènes marquant de cette progression se trouve dans la sociologie même de son électorat, lequel a progressé dans toutes les catégories de la population.
Sauf que si le Rassemblement National irrigue à présent dans toutes les catégories, le parti s’affiche d'abord et surtout aujourd'hui comme celui des classes populaires. Avec des raisons, d'ailleurs, socialement diversifiées. Toujours est-il que ce positionnement revendiqué interroge : comment l'extrême-droite a-t-elle ainsi réussi à siphonner un électorat historiquement acquis à la gauche ? En d'autres termes, pourquoi la gauche ne parvient-elle pas ou plus à rallier les classes populaires ?
Avec plus d’un tiers des suffrages exprimés, le RN peut aujourd'hui rêver de la majorité absolue. Derrière lui, le Nouveau Front populaire résiste malgré tout en embuscade, malgré ses divisions internes et atteint 28%. Quant à l'alliance centriste du camp présidentiel reléguée à la troisième place, elle flirte difficilement avec un score autour de 20% synonyme d'humiliation écrasante. Faut-il pour autant y voir, là, l'acte de décès du macronisme ? L'heure pour l'instant est encore aux négociations. Car, en réalité, la clé du second tour résidera dans les quelques 300 circonscriptions dans une situation potentielle de triangulaire. A ce titre, le résultat du scrutin se jouera en grande partie demain à 18H00, soit l'échéance fixée aux candidats pour décider de se maintenir ou de se retirer. En l'occurrence, la plupart des leaders à gauche appellent très clairement au désistement. Du côté de la majorité, en revanche, les consignes Stéphane sont nettement plus ambigües. Ni RN ni France Insoumise a dit hier soir l'ancien Premier ministre Edouard Philippe rejoint ce matin par le ministre de l'économie pour encore quelques jours Bruno Le Maire.
Or dans la perspective d'une assemblée ingouvernable, avec un président en fin de mandat, la soif de changement exprimée par les électeurs pourrait assez rapidement virer au casse-tête voire à une paralysie totale. Quels sont les scénarios possibles pour former une administration à l'issue du second tour ? L'invité de la rédaction : Xavier de Bonnaventure, juriste, constitutionnaliste et maitre en conférence en droit public à l'Université catholique de Lille.
Ce matin, il en est certains que les résultats de ce premier tour hier ont malgré tout rassurés, ce sont les marchés. Ce matin, à l'ouverture, la Bourse de Paris a bondi de plus de 2%. C'est le cas également pour toutes les banques cotées sur l'indice CAC 40 de même que pour nombre de grandes entreprises malmenées depuis la dissolution.
A l'inverse, du côté des chancelleries cette fois-ci, le malaise gagne l'Europe toute entière. Depuis ce matin, non seulement la Hongrie de l'imprévisible et du très illibéral Viktor Orban a pris la tête du Conseil de l'UE pour les six prochains mois mais le dirigeant nationaliste hongrois a même annoncé la création des "Patriotes pour l'Europe". Dès-lors, faut-il en déduire qu'il y pourrait y avoir un troisième groupe d'extrême-droite au Parlement européen ?