La situation s’est tendue hier dans la capitale ukrainienne, avec des heurts violents entre policiers et manifestants pro-européens. Le dernier bilan de la nuit fait état d’une vingtaine de morts.
« La bataille de Kiev reprend devant le Parlement », constate Libération. « La journée ensoleillée hier avait pourtant débuté avec l’espoir d’une solution politique, relève le journal. 'Une loi d’amnistie est entrée en vigueur, chaque camp a fait des concessions', assurait Svitlana, une manifestante d’une quarantaine d’années qui se dirigeait, sur les coups de 10 heures, vers le Parlement. Comme des milliers d’autres, elle voulait s’assurer que les partis d’opposition puissent faire voter la réforme constitutionnelle qu’ils avaient promise, de même que pousser à la formation d’un gouvernement technocratique. 'Le peuple demande une refonte totale du pouvoir', assénait le boxeur Vitali Klitschko lundi, à son retour de Berlin, où il avait reçu un soutien de principe d’Angela Merkel. Mais, constate Libération, le régime s’est refusé aux concessions espérées. Des manifestants encagoulés ont alors commencé à attaquer des camions près du Parlement avec des cocktails Molotov. Quelque 300 personnes ont brièvement envahi le siège du Parti des régions, celui du président Viktor Ianoukovitch, commençant à incendier les locaux avant de se replier. Le régime s’est trouvé alors conforté dans son choix de l’intransigeance et de la répression. »
Résultat, « des affrontements meurtriers dans le centre de Kiev », soupire Le Figaro en Une. Le Figaro qui estime que « la crise ukrainienne est entrée dans une phase d’autant plus critique que les canaux diplomatiques qui permettaient jusqu’à présent de la réguler, menacent de se fermer. À la lumière des victimes de ces dernières heures, il devient évident, précise le journal, que les tentatives de médiation européennes et américaines ont échoué. Les fréquentes visites à Kiev de la chef de la diplomatie des Vingt-Huit, Catherine Ashton, conjuguées à celles de la secrétaire d’État adjointe américaine, Victoria Nuland, toutes destinées à réinstaurer le dialogue entre le pouvoir de Viktor Ianoukovitch et l’opposition, n’ont pas empêché cette nouvelle et dernière flambée de violences. Pire, relève encore Le Figaro, ces interventions sont désormais jugées contre-productives par le régime ukrainien, qui, jeudi soir, a mis directement en cause l’Allemagne. »
Peugeot : une mue douloureuse ?
« Peugeot : le pari chinois » : c’est la Une des Echos. Le quotidien économique se félicite du mariage à trois entre les pouvoirs publics français, la famille Peugeot et le groupe chinois Dongfeng, destiné à sauver le groupe automobile français. « Faute d’un chevalier blanc européen qui aurait pu lui sauver la mise, le deuxième constructeur du continent doit au contraire se réjouir d’un sauvetage par le haut, qui, il y a quelques semaines encore, était loin d’être acquis, pointe le quotidien économique. Avec 5 milliards d’euros de perte nette en 2012, PSA Peugeot Citroën a frôlé le précipice. (…) Le partenaire comme le moment sont particulièrement bien choisis. Dongfeng est un allié des Peugeot depuis 1992. Ensemble, constatent Les Echos, les deux groupes devraient produire 750.000 voitures en Chine d’ici à 2015. Un marché qui explose et sur lequel Peugeot décolle enfin. Wuhan, sa base chinoise, est déjà le premier site de production du groupe dans le monde. »
Il s’agit d’une « révolution pour le Lion qui reste français, renchérit Ouest France. Reprendra-t-il du poil de la bête ? C’est tout l’enjeu du scénario qui s’écrira, désormais à deux voire à trois. (…) Faut-il s’inquiéter de ce mariage ?, s’interroge encore Ouest France. Certes, Dongfeng pourra utiliser à bon compte le savoir-faire de son partenaire pour fabriquer ses propres modèles. Mais PSA aura l’assurance d’avoir du cash pour se lancer dans des investissements. S’ouvrent donc devant lui de nouveaux champs et de nouveaux horizons. Une bonne nouvelle pour les 91.000 personnes du groupe et les 200.000 salariés des équipementiers français. »
Le Journal de la Haute-Marne est moins affirmatif… « La nouvelle composition du capital de PSA, s’il préserve à court et à moyen terme l’avenir du groupe, constitue-t-elle pour autant une garantie pour la sauvegarde des sites et de l’emploi en France ? Rien n’est moins sûr, répond le quotidien champenois. Dans le secteur automobile, la concurrence est féroce et passe par des réductions de coûts permanentes. La présence de l’Etat français n’est pas une protection absolue. Tout porte à croire que PSA n’a pas terminé sa mue. Elle risque d’être douloureuse. »
L’Humanité n’est pas non plus très convaincue… « Pour les salariés français, les inquiétudes demeurent. » Et « pour les syndicats, la casse sociale se poursuit. Et l’accord ne protégera ni les 91.000 personnes qui travaillent pour PSA en France ni les 200.000 autres salariés dans la sous-traitance. »
Visées expansionnistes...
De son côté, La Croix fait le point sur les investissements chinois en France. « En 2013, relève le journal, on recensait 200 filiales d’entreprises chinoises établies dans notre pays, employant de 12.000 à 15.000 personnes. (…) La Chine cherche essentiellement à s’assurer un accès à des ressources pour faire fonctionner son industrie ou approvisionner son marché intérieur, constate La Croix. (…) Le pays a besoin d’énergie, mais aussi de produits alimentaires. Elle a par exemple investi en France dans la production de lait, à Carhaix, en Bretagne. (…) Autre logique, faire des placements. Trois hôtels de luxe parisiens et quelques vignobles ont été achetés ces dernières années par des investisseurs chinois. »
Enfin, pointe encore La Croix, « les entreprises chinoises cherchent aujourd’hui à grandir hors des frontières de la Chine et à monter en gamme. Pour y arriver, elles peuvent acquérir des entreprises étrangères ou bien prendre une participation minoritaire. C’est la logique qui préside à l’investissement de Dongfeng dans PSA. (…) PSA qui mise de la même façon sur son alliance avec Dongfeng pour accélérer ses ventes de voitures en Chine. Mais il faudra attendre plusieurs années, conclut La Croix, avant de savoir si ce sera un pari gagnant. »
Une affaire hors-norme
Enfin, le mystère de la tuerie de Chevaline en Haute-Savoie est peut-être en passe d’être éclairci…« Le coup de théâtre », titre Le Parisien. Coup de théâtre avec « l’arrestation hier matin, précise le journal, d’un ex-policier municipal correspondant au portrait-robot d’un motard aperçu sur les lieux du crime. » L’homme est en garde à vue. Des armes ont été saisies chez lui, dont une similaire à l’arme du crime…
Le Parisien rappelle les faits : «
le 5 septembre 2012, les membres d’une famille britannique d’origine
irakienne, les Al-Hilli, en vacances sur les bords du lac d’Annecy,
avaient été abattus sur un parking, au-dessus du village de Chevaline.
Seules les deux enfants du couple avaient échappé à la mort. »
Une affaire hors-norme, commente le journal : « une famille étrangère massacrée sur une route perdue de montagne, des liens avec les milieux de l’armement, un héritage qui oppose deux frères, une enfant miraculée, un étrange motard et de mystérieuses voitures, voilà de quoi exciter et, en même temps, décourager les enquêteurs ! (…) Pour toutes ces raisons, quelle que soit son issue, conclut Le Parisien, la tuerie de Chevaline entrera dans les annales des grandes affaires criminelles. »