La crise ukrainienne s’amplifie. Et Le Monde résume la situation avec ce grand titre : « les Occidentaux désarmés après le coup de force de Poutine en Crimée. » En effet, constate le quotidien du soir, « appelons les choses par leur nom : la Russie vient de s’emparer de la Crimée, territoire appartenant à l’Ukraine. Elle l’a fait par la force, au mépris du droit international et de tous les traités qu’elle a elle-même signés. C’est un acte de guerre froide. Il est signé Vladimir Poutine. »
Face à cela, les Occidentaux tergiversent… Le Figaro parle de « réponse
timide : (…) après une semaine de relatif silence, l’Europe et les
États-Unis ont musclé, au moins verbalement, leur réaction vis-à-vis de
Vladimir Poutine », constate le journal. Mais rien qui ne fasse vraiment peur au dirigeant russe…
En fait, relève Libération, « Poutine veut une Ukraine à sa botte, un
Etat vassal affaibli par l’occupation puis l’amputation d’une partie de
son territoire. Il sait qu’il ne peut refaire l’histoire, comme à
Prague ou à Budapest, mais, pariant sur la pusillanimité des Européens,
il va jouer comme en Géorgie ou en Arménie de tout son pouvoir de
nuisance et d’intimidation, manipulant les minorités et les extrémistes.
A la manière du KGB qui est sa vraie matrice politique. Les Ukrainiens,
dirigeants comme population, n’ont pas cédé à ses provocations. Aux
Européens, lance Libération, de montrer courage et détermination
face à un homme qui ne connaît que le langage de la force et qui parie
toujours – souvent avec raison – sur la lâcheté de ses ennemis. »
L’Humanité veut encore croire à l’efficacité diplomatique des européens : « le
réalisme politique était ces dernières heures du côté de l’Allemagne
qui, tout en critiquant sévèrement l’intervention russe “inacceptable” en Crimée, proposait un dialogue politique avec la mise en place d’un groupe de contact. Mais il faut aller plus loin, relève le quotidien communiste,
et l’Europe, et la France dans l’Europe ont là un rôle considérable à
jouer pour discuter avec la Russie de partenariat, pour impulser en
Ukraine un réel processus démocratique respectueux de tous. Les paroles
de paix, comme les intérêts bien compris des uns et des autres, doivent
l’emporter sur les armes. »
Inflexible !
Seulement voilà, le président russe est-il prêt à des concessions ? Pas vraiment, soupire La Nouvelle République du Centre Ouest, pour qui Poutine a pour objectif « d’empêcher
l’Ukraine, ses autoroutes gaziers, ses riches sous-sols, et ses
centrales nucléaires de tomber dans le camp occidental. Si au dernier
moment, sa créature Ianoukovitch a refusé de signer l’accord avec
l’Europe, c’est qu’il se refuse, en tsar nostalgique d’un empire dépecé,
à admettre la moindre perte d’influence de Moscou. »
En effet, renchérissent Les Echos, « en annexant de facto la Crimée
et en laissant planer la menace d’une intervention dans l’est de
l’Ukraine, Vladimir Poutine donne l’impression de déterrer la hache de
guerre avec ce qu’il perçoit comme un ennemi occidental soutenant les
révolutionnaires de la place de l’Indépendance à Kiev et le gouvernement
provisoire. Le président russe, il est vrai, ne s’est jamais résolu à
la perte des anciennes républiques soviétiques. »
D’un côté, donc, un dirigeant russe prêt à tout… Et de l’autre, des occidentaux timorés… Pour Le Républicain lorrain, l’équation est simple : « Américains
et Européens ne sont pas plus disposés à mourir pour Kiev et Sébastopol
qu’ils ne l’avaient été pour Budapest en 1956 ou Prague en 1968.
Washington a besoin de la coopération de Moscou sur l’Afghanistan,
l’Iran et la Syrie. Et l’UE est trop dépendante du gaz russe. Autant
dire que les menaces que les Occidentaux font peser sur la tenue du G8 à
Sotchi en juin sont d’un effet nul sur Vladimir Poutine. Et que sa
politique du fait accompli a encore de beaux jours devant elle… »
Pschitt ?
A la Une également, la politique en France, avec la contre-attaque de
Jean-François Copé… Dans sa dernière livraison, l’hebdomadaire Le Point
a accusé le président de l’UMP d’avoir favorisé des proches dans la
vente d’immeubles de l’État quand il était ministre et d’avoir aussi
favorisé l’attribution de marchés à une agence de communication qui
aurait surfacturé ses prestations.
Hier, Jean-François Copé a vivement réagi en dénonçant une « campagne agressive », voire « haineuse », à son encontre. Et a riposté « en lançant ni plus ni moins, explique
Le Parisien, une opération transparence pour tous ! A ceux qui
l’accusent de ne pas jouer la clarté dans les comptes de l’UMP, il
annonce qu’il s’y soumettra… le jour où les autres partis politiques
joueront le jeu aussi. En clair, il déposera au lendemain des
municipales une proposition de loi pour enjoindre chaque mouvement
percevant une aide publique de l’Etat – quasiment tous – “de mettre à la disposition de ceux qui le souhaitent l’ensemble des documents comptables de leur parti” depuis 2007. Même propos vengeurs à l’égard de la presse, relève encore Le Parisien, qu’il accuse d’être contre lui en permanence, et qu’il veut soumettre à des règles similaires. »
Cette riposte musclée a surpris… jusqu’au Figaro qui parle de « surenchère :
(…) à l’heure où des bruits de bottes résonnent en Europe, où le
gouvernement est empêtré dans ses incohérences, où la bataille des
municipales s’annonce plutôt bien pour l’UMP, qu’a-t-il besoin de jouer
du klaxon, s’interroge Le Figaro, d’alerter la France entière sur
une affaire dont personne ne sait grand-chose. Copé pris la main dans
le sac : où sont les preuves ? L’indifférence est souvent la meilleure
des défenses. À l’erreur tactique s’ajoutent un discours mal ajusté, poursuit
Le Figaro, des arguments inappropriés. Avec des mots parfois exagérés
et des propositions qui traduisent plus une fébrile improvisation qu’une
mûre réflexion. Exiger la transparence intégrale de la comptabilité des
partis politiques ? Mais, relève le journal, ne s’est-il pas
lui-même, Jean-François Copé, opposé au projet de loi sur la
transparence du patrimoine des élus après le scandale Cahuzac ? »
On attend toujours…
Libération boit du petit lait… « L’écran de fumée qu’il a
lancé hier en guise de contre-offensive ainsi que les attaques contre
la presse sont aussi vains que dérisoires. Non seulement Jean-François
Copé – qui veut mettre les comptes du parti sous scellés – n’a pas levé
le moindre doute sur ses affaires mais, à droite, quelques voix, qui
jusque-là étaient restées discrètes, ne cachent plus leurs réserves
quant à ses méthodes. »
La Voix du Nord renchérit : « on attendait une réponse.
Autre chose qu’une posture facile de victime sur le thème archi éculé de
la chasse à l’homme par les médias prédateurs. Autre chose que des
propositions qu’il avait raillées au temps de la chute de Cahuzac.
D’autres idées que celles qui existent déjà, d’autres accents que ceux
qu’il avait si crânement moqués. (…) On attend toujours. »
Et puis La Dépêche du Midi enfonce le clou : « comme un
sportif guetté par l’asphyxie, M. Copé semble toujours aller au-delà de
ses forces. (…) Pourquoi, lorsqu’il dénonce l’adorable petit livre Tous à
poil, supposé détruire les valeurs de la France, ou encore le vol
insoutenable d’un pain au chocolat en plein ramadan, pourquoi enfin,
lorsqu’il se pose comme hier en victime innocente du “bûcher médiatique”,
pourquoi ressent-on l’impression diffuse d’une exagération permanente,
comme on le dit d’un comédien qui en fait trop ? C’est sans doute
pourquoi, même quand il est sérieux, on ne prend jamais M. Copé très au
sérieux. »