Libération publie ce matin certaines factures réglées par l’UMP à une société de communication durant la campagne électorale de 2012 : au total 20 millions d’euros « pour l’organisation d’événements dont l’existence de certains reste à prouver », affirme le journal. C’est l’affaire Bygmalion, du nom de cette société, fondée par des proches de Jean-François Copé, le président de l’UMP.
« Les folles factures de l’UMP », titre Libération. Exemple : « le nom de Pierre Lellouche, ancien ministre du gouvernement Fillon, est cité sur l’une des factures adressées par Event & cie, filiale de Bygmalion, à l’UMP en tant qu’organisateur d’une 'conférence' sur 'l’accès au crédit', le 30 mai 2012. Un événement payé 299.000 euros. » Mais l’intéressé ne s’en souvient pas… « Je suis tout à fait étonné, répond Pierre Lellouche à Libération.En plus, le crédit n’est pas du tout mon thème de prédilection ! Je peux vous parler de l’Ukraine autant que vous voulez, mais le crédit… » « Quand Lellouche, poursuit le journal, apprend le montant consacré par l’UMP à cette manifestation, l’homme politique s’étouffe. »
Et ça n’est qu’un exemple… Sur les 55 conventions facturées à Bygmalion entre janvier et juin 2012, Libération affirme en avoir retrouvé la trace de seulement six. L’UMP aurait donc payé des prestations imaginaires…
Et Libération d’accuser : « il serait trop simple de voir dans cette histoire de simples opérations destinées à favoriser les dirigeants d’une société, amis de Jean-François Copé. La vingtaine de millions d’euros encaissés durant les six premiers mois de 2012, en paiement de prestations douteuses et parfois même inexistantes, entretient tous les soupçons aussi bien sur certains cadres de l’UMP que sur les conditions de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le chef du parti de droite (Jean-François Copé NDLR) ne peut plus se contenter de mépriser les faits et de les réfuter en posant en victime d’un règlement de comptes. Il doit s’expliquer sur ces millions d’euros dilapidés. Il le doit aux sympathisants de l’UMP qui ont comblé le trou béant de sa gestion et aux contribuables qui participent au financement de la vie politique. »
La jupe pour tous ?
Le Figaro, lui, s’intéresse de près à la « journée de la jupe »… « La jupe pour tous ! », c’est le titre de l’éditorial du Figaro. « Ceux qui ont été séduits par la femme à barbe du concours de l’Eurovision devraient être conquis par l’expérience cautionnée par l’académie de Nantes, avec l’aval du ministère, s’exclame le quotidien d’opposition. Ce vendredi, précise Le Figaro, les lycéens, garçons et filles, sont invités à assister aux cours en jupe. L’idée, disent les fonctionnaires de l’Education nationale, leur a été inspirée par les élèves eux-mêmes. Les mieux avisés depuis 1968, comme chacun sait, pour adapter l’école à son époque, commente le journal. Donc, pour lutter contre le sexisme, pourquoi ne pas instituer le jour de la jupe pour tous ? À ce compte-là, s’insurge Le Figaro, on peut s’attendre à beaucoup d’autres initiatives. Pour lutter contre la déprime des jeunes, exigeront-ils une journée du cannabis pour tous ? Et, bientôt, pour vaincre la timidité, les inhibitions et les préjugés, une journée 'tous à poil', comme le titre du fameux livre pour les élèves de maternelle ? »
Libération contre-attaque : « après les polémiques surréalistes sur les ABCD de l’égalité, puis sur la prétendue 'théorie du genre', au nom de laquelle on encouragerait des élèves filles à se comporter en garçons et vice versa, voici maintenant la fausse rumeur de Nantes : le rectorat aurait demandé aux garçons de venir à l’école en jupe et maquillés… Ces temps-ci, poursuit Libération, les réacs de tout poil, pour qui la famille est sacrée et le sexe tabou, sont à l’affût de la moindre occasion pour provoquer le scandale. L’école est devenue leur terrain de prédilection. Au départ, rappelle Libération, une idée d’élèves nantais élus au conseil académique de la vie lycéenne : organiser une journée de lutte contre le sexisme baptisée. Ce jour-là, filles et garçons, profs comme élèves, sont invités à porter une jupe ou un autocollant 'Je lutte contre le sexisme, et vous ?' et à assister à des débats sur les discriminations à l’école. L’an dernier, 20 lycées, sur les 220 de l’académie, l’ont organisée sans le moindre problème. »
Le cas Royal…
Autre polémique, les récents propos tenus par Ségolène Royal au magazine Paris Match, paru hier, font grincer des dents… La ministre de l’Ecologie a vertement critiqué certains de ses collègues ministres avant de prendre à contre-pied les positions de Montebourg et Sapin à Bercy sur les dossiers Alstom et écotaxe, mettant à mal, de ce fait, la cohésion gouvernementale prônée par Manuel Valls.
« Ségolène Royal fait déjà des siennes », s’exclame Le Parisien.
Pour Libération, « Royal teste sa liberté de parole. »
Pour Le Figaro, Ségolène Royal « règle » plutôt « ses comptes ».
Commentaire du Midi Libre : « elle plie mais ne rompt pas.
Ségolène Royal est comme ça. (…) Par ses coups de griffes et ses prises
de position, Ségolène Royal ne rentrera jamais dans le rang, quitte à
franchir la ligne jaune de la cohésion gouvernementale. Aujourd’hui,
elle a en ligne de mire Michel Sapin et Arnaud Montebourg. Demain, elle
s’attaquera au dossier de l’écotaxe. Et après-demain ? »
Le Journal de la Haute-Marne n’a pas la même indulgence… « La surprise, ce n’est pas que Ségolène Royal ait provoqué un couac. C’est qu’elle ne l’ait pas fait plus tôt. Elle n’a jamais été 'gérable' partout où elle est passée, au nom d’un principe autoproclamé : la liberté de parole. Cette fois-ci, dans Paris Match, elle 'descend' carrément ses collègues mâles du gouvernement, plus particulièrement Michel Sapin et Arnaud Montebourg, et elle joue la carte General Electric dans le dossier Alstom. Cela fait déjà un peu désordre dans l’équipe Valls qui devait se départir de la cacophonie ambiante sous l'ère Ayrault, relève encore le quotidien champenois. D’où un rétropédalage dans l’urgence, avec un système de défense qui n’abuse personne. »
« Ecotaxe, Alstom : le cas Royal », titre pour sa part le quotidien économique Les Echos qui relève que « des députés préconisent de relancer l’écotaxe et que la ministre de l’Environnement s’y oppose. » Qui plus est, « Ségolène Royal a affiché sa préférence pour General Electric pour la reprise d’une partie des activités d’Alstom, alors qu’Arnaud Montebourg soutient Siemens. »
Commentaire des Echos : « sur le dossier Alstom, non seulement, les ministres multiplient les sorties quand il serait sans doute plus efficace de travailler dans la discrétion. Mais en prime, les voix sont si nombreuses que le bruit se transforme en cacophonie. (…) Si les propos que l’on prête à Ségolène Royal sont avérés, nous basculons maintenant dans le risible et le contre-productif, soupirent Les Echos.A l’international, le monde des affaires s’amuse de voir que nos politiques se mêlent à ce point de sujets économiques privés. Mais si en plus, nos ministres choisissent de se contredire par presse interposée… » Et Les Echos de conclure : « la Chine nous a donné l’art de la guerre. On aimerait que nos politiques basculent, eux, dans l’art de se taire. »