De quoi parle-t-on lorsque l'on parle de l'exception culturelle française en matière de cinéma ?
« L'exception culturelle, c'est un principe qui permet à la culture, en tout cas au cinéma et l'audiovisuel d'avoir un statut particulier qui les préserve des règles et du marché », explique Ana Vinuela. « En vertu de ces principes, poursuit-elle, on crée un système de protection de ce secteur qui est très complexe, mais surtout pas financé par le contribuable, plutôt financé par l'industrie. Un système et des règles qui se sont superposées depuis les années 1950, même si les premières formulations de l'exception culturelle au cinéma apparaissent déjà dans des rapports dans les années 1930. »
Une exception française
« La France n’est pas le seul pays qui protège le cinéma, mais le seul à le faire de cette manière, c'est-à-dire en conférant un statut particulier au cinéma » estime Ana Vinuela. « Ce statut n'a pas été remis en question, par aucun gouvernement depuis qu'il a été formulé, et on l'a vu dernièrement dans la transposition de la directive Service des médias audiovisuels. Une directive, c'est un cadre général et européen que chaque pays a transposé en droit national et aucun autre pays n’a eu l'ambition et l'exigence qui a motivé la France dans cette transposition. »
Le financement d’un film aujourd'hui en France
« *Un film est majoritairement encore aujourd'hui financé par les diffuseurs, c'est-à-*dire les préachats et les coproductions des diffuseurs. Il y a une part importante, qui est devenue de plus en plus forte ces dix dernières années, des producteurs », observe Ana Vinuela. La professeure ajoute qu’un film peut également être financé « par des aides publiques directes mais qui sont minoritaires. Cette aide publique n'émane pas du contribuable, mais des membres de l'industrie. Ce sont les contributions que font les exploitants de cinéma à partir d'un pourcentage du prix du billet, que font surtout les diffuseurs et que font aussi les plateformes. »
L’apparition des plateformes de streaming représente une rupture dans le paysage audiovisuel français
Ana Vinuela estime que « Netflix et les autres plateformes contribuent à la production cinématographique française depuis un an, sauf que l’on n’en voit pas encore les effets. Le malaise qui s’exprime, c'est le malaise propre à un moment de transitions et de changements des technologies. Le sentiment de crise dans les cinémas ou les chaînes, ce n'est pas nouveau. Il correspond à ces moments des ruptures. On est dans un moment de rupture avec l'intégration des plateformes dans le paysage audiovisuel français » conclut la professeure.