France Info-La revue de presse du 27.08.2013
La pression monte sur la Syrie. Les salariés des grandes entreprises moins chouchoutés. Le secteur du high tech, gouffre électrique. Et la mort du gardien de la poix.
International Herald Tribune - 27/08/2013
La Syrie, c'est l'un des grands titres du jour dans la presse...
"La pression monte sur la Syrie", c'est la Une de l'International Herald Tribune
qui publie de nombreux témoignages de survivants de cette attaque
chimique dans la banlieue de Damas, attaque qui ne semble plus faire de
doute aux yeux des responsables occidentaux. Des témoignages et un long
récit saisissant. Pour le Herald Tribune qui décrit longuement
les effets dévastateurs du gaz, les victimes se sont retrouvées plongées
dans des scènes dignes d'un film d'horreur. L'un des rescapés a cette
autre expression pour décrire la panique et l'ambiance de fin du monde
cette nuit-là quand les gaz ont commencé à faire leur effet terrifiant,
il dit que c'était comme "le jour du jugement dernier"...
C'est vrai que c'est une vision d'apocalypse qui ressort de ces témoignages. Du côté du Monde, c'est d'ailleurs le crime de trop, celui qui appelle la riposte. Pour Natalie Nougayrède, la directrice du Monde
qui signe l'éditorial, l'horreur chimique vient de changer la donne
dans un conflit qui était déjà depuis longtemps un scandale humanitaire.
Un crime de trop qui fait du dossier syrien un enjeu de sécurité
collective au sens large, car au-delà de la Syrie, l'emploi des gaz
toxiques utilisés en temps de guerre tisse un fil rouge entre les
horreurs du XXème siècle et celles qu'on peut redouter pour le siècle
actuel. Voilà pourquoi pour Le Monde il faut intervenir en
Syrie, car ne pas réagir, ce serait ouvrir la voie à l'ensauvagement de
notre siècle à l'échelle mondiale, une sorte de feu vert à d'autres
horreurs.
Dans Le Figaro, Renaud Girard rappelle quand
même qu'à ce stade, aucune enquête indépendante n'a formellement établi
le camp responsable de ce crime abject. Et à propos de fil rouge
historique des horreurs de la guerre, il fait aussi un petit rappel : en
1921, l'Angleterre réprime une révolte des tribus chiites dans l'Irak
de l'époque. Des rebelles bombardés par les Anglais avec des armes
chimiques.
Renaud Girard ajoute dans Le Figaro
qu'heureusement pour le gouvernement de Londres, ni la télévision, ni
YouTube, ni les smartphones n'existaient à l'époque. Si bien que
personne ne put s'apitoyer sur les convulsions des familles chiites
touchées par les gaz.
L'histoire ne s'arrête pas là : l'officier
britannique qui eut l'idée de faire bombarder les rebelles irakiens au
gaz moutarde était un certain major Harris. Général d'armée aérienne
vingt ans plus tard pendant la Deuxième guerre mondiale, c'est lui qui
fit raser Dresde en février 1945. Aujourd'hui, il a sa statue au coeur
de Londres.
Egalement dans l'actualité de ce mardi dans la presse, les salariés seront moins chouchoutés...
C'est le gros titre du Parisien et d'Aujourd'hui en France.
On parle des salariés des grandes entreprises, EDF, SNCF, Air France,
etc... dont les coûteux avantages ont été pointés par la Cour des
comptes. Par exemple les billets de train et d'avion à prix cassés, ou
l'électricté presque gratuite... Des discussions sont ouvertes depuis
quelques semaines pour remettre en cause tous ces tarifs préférentiels,
et pour Le Parisien, c'est un dossier sensible qui risque d'empoisonner encore un peu plus la rentrée du gouvernement déjà bien chargée.
Le Parisien - 27/08/2013
Chasse aux privilèges : un grand classique des périodes de crise. Mais Le Parisien souligne qu'il faut se méfier des raccourcis faciles, car ce genre d'avantages n'est pas, et loin de là, l'apanage du seul secteur public. Dans le privé aussi, on soigne ses salariés, et en la matière, le fossé des inégalités ne se creuse pas en fonction du statut public ou privé, mais plutôt en fonction de la taille de l'entreprise, comme si une injustice en cachait une autre...
Un chiffre
impressionnant aussi dans la presse : l'économie numérique est un
gouffre électrique... encore plus qu'on le pensait...
Et le chiffre est dévoilé par Les Echos,
c'est une estimation réalisée par des experts de l'énergie : la
consommation d'électricité du secteur des high-tech représente à elle
seule 10 pour cent de la production de toute l'électricité mondiale,
soit l'équivalent de la production cumulée de l'Allemagne et du Japon.
Et
ce n'est qu'un début : on estime que la quantité d'électricité
consommée par le secteur va doubler d'ici dix ou vingt ans, à la fois
pour faire fonctionner les usines qui fabriquent le matériel
informatique, pour l'utilisation de ce matériel, mais aussi pour le
fonctionnement des réseaux informatiques et des centres de stockage des
données.
Un seul exemple, il est très parlant : vous ne vous en
doutez sûrement pas, mais aujourd'hui, en un an, un simple smartphone
peut consommer plus d'électricité qu'un réfrigérateur. Explication :
quand on allume un smartphone et qu'on se connecte à Internet par
exemple pour regarder une vidéo, des dizaines d'autres appareils
intermédiaires se mettent à fonctionner en même temps, et à consommer de
l'électricité.
Et au total, beaucoup d'électricité. Ce qu'un expert cité dans Les Echos appelle l'économie de la baleine bleue : c'est gros, c'est invisible, mais c'est bien réel. Et c'est de pire en pire avec la généralisation des réseaux sans fil, qui sont les plus gourmands en énergie. Conclusion : pour Les Echos, le défi énergétique risque d'être bien plus grand que ce qu'on imaginait dans les années à venir.
Et puis une disparition, celle d'un scientifique à la mission étonnante...
C'était
le chercheur chargé chez lui en Australie de la plus ancienne
expérience scientifique au monde : depuis 52 ans, John Mainstone était
chargé d'observer la chute de gouttes de poix dans une sorte de sablier,
la poix, un liquide si visqueux qu'il n'a laissé échapper que huit
gouttes depuis 1927, quand l'expérience a été mise en place. Une
expérience pour étudier les propriétés de la poix, qui a un aspect
solide, mais qui est en fait un liquide, comme l'explique liberation.fr.
liberation.fr - 27/08/2013 - capture d'écran
Le
suivi de l'expérience de la goutte de poix avait valu à John Mainstone
de recevoir en 2005 le prix de physique de la fondation IgNobel, qui
récompense des études d'apparence farfelue "qui peuvent d'abord faire
rire avant de faire réfléchir".
Comme le remarque par ailleurs l'éditorialiste Didier Pobel sur son blog,
dommage que ce chercheur de 78 ans n'ait pas été français, son cas
aurait parfaitement illustré le débat sur les retraites, d'autant que
surveiller la chute d'une goutte de poix pendant 52 ans, c'est un
travail d'une pénibilité toute particulière, vu qu'une goutte de poix,
ça s'abat nettement moins vite qu'une taxe.