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En ce début d’année 2015, François Hollande a décidé de passer à la vitesse supérieure. « Après une année calamiteuse, le président entend reprendre la main, relève Le
Parisien. Réussir 2015 ou dire adieu à sa réélection en 2017, voilà
l’enjeu. La reconquête commence ce matin par deux heures d’émission sur
France Inter. » En effet, « 'François Hollande privilégiera désormais l’interactivité avec les Français pour prendre la parole', glisse un conseiller de l’Elysée. L’entourage
du président estime que cette formule lui réussit plutôt et certains
pensent même que cela n’est pas étranger aux petits points qu’il reprend
dans les sondages. »
Plus proche des Français, donc… « François Hollande a pris délibérément le parti de descendre dans l’arène pour reconquérir l’opinion, pointe également Libération.
N’abandonnant pas sa stature présidentielle, sur la scène
internationale notamment, il s’emploie désormais à mieux comprendre et
mieux convaincre ses compatriotes désorientés par l’absence de résultats
économiques et sociaux immédiats. Cette stratégie 'relationnelle'
s’explique par deux facteurs, précise Libération. D’abord,
l’opinion manifeste son adhésion de principe à une politique de
redressement. Elle n’est pas tant avide d’explications sur la nécessité
de rétablir les finances publiques ou la compétitivité des entreprises
que de comprendre un Président, que l’on juge forcément responsable de
la montée du chômage mais dont on doute, en plus, de la capacité à
assumer sa fonction. Ensuite, si François Hollande dispose d’un faible
capital d’image, il est en revanche reconnu comme accessible et honnête.
Sa propension manifeste à l’écoute et au dialogue - à l’opposé de celle
de son prédécesseur - est une arme précieuse pour susciter de nouveau
l’adhésion. »
Majorité hétéroclite…
Voilà pour l’analyse de Libération… Celle du Figaro est toute autre ; Le Figaro
qui pointe les divisions de majorité, avec notamment la lettre ouverte
au président publiée hier par Cécile Duflot qui appelle à mettre en
échec la loi Macron… « Duflot torpille la rentrée de Hollande », titre Le Figaro. Le Figaro pour qui « la
reconquête est mal partie. (…) À l’Élysée, des +communicants+ à
l’imagination débordante tentent depuis un mois de nous convaincre de la
réalité d’un phénomène qui - avouons-le - échappait et échappe toujours
au plus grand nombre, relève le quotidien d’opposition. Il y aurait un
nouveau François Hollande, débarrassé de ses perpétuelles hésitations,
qui aborderait 2015 dominateur et sûr de lui. Toute personne qui aurait
des doutes serait - honte à elle - animée par ce pitoyable esprit de
'dénigrement' dénoncé le 31 décembre par le chef de l’État. Hélas, s’exclame Le Figaro, la
dernière sortie de Cécile Duflot vient rappeler au président une amère
réalité. Lui et Manuel Valls sont à la tête d’une majorité hétéroclite,
qui n’est d’accord sur rien, et où l’on fait de la menace et du chantage
un petit exercice quotidien. Bref, la reconquête est mal partie. »
D’autant qu’il n’y a « pas d’annonces à attendre (de la part du chef de l’Etat), relève L’Opinion,
puisque le principal aurait - sans rire - été fait, mais une litanie de
bonnes résolutions (c’est de saison), de formules abstraites, de
précisions technocratiques, de paroles aussi virtuoses que creuses. Bref
de la 'bonne politique' avant 2017 comme si la lutte totale contre le
chômage, la croissance molle et le déficit pouvait rester encore et
toujours pendant une, deux ou trois années supplémentaires, un vœu pieu.
»
Risque… et courage !
Et pourtant, l’ambition de François Hollande ne fléchit pas, constate Sud Ouest… « En
attaquant avec une vigueur renouvelée ce Nouvel An, c’est moins à 2015
que pense le président sortant qu’à 2017. Même s’il sait que beaucoup se
jouera dès cette année, non seulement dans le résultat des élections
locales et dans la tournure que prendra le congrès du PS, mais aussi
dans les résultats économiques qu’apporteront ou non les quelques
réformes engagées ou en voie de l’être, et bien sûr dans cette
conférence sur le climat sur laquelle compte François Hollande pour
refroidir la planète et réchauffer son quinquennat. Tout indique, poursuit Sud
Ouest, que l’actuel locataire de l’Élysée prépare déjà les conditions
d’une nouvelle candidature, dont l’échec semblerait inéluctable à
n’importe quel quidam, mais pas à François Hollande… (…) Une embellie
économique, un succès de la conférence de Paris, des divisions à droite,
et voilà autant d’hypothèses, aujourd’hui ténues, qui permettent
pourtant à François Hollande d’espérer encore. »
De toutes façons, le chef de l’Etat n’a pas le choix, pointe La Croix : « avec
un taux de chômage qui ne fléchit toujours pas, une cote de popularité
qui voisine avec les abysses, et des élections locales - départementales
en mars, régionales en décembre - qui s’annoncent aussi cruelles que le
furent les municipales l’an dernier, mieux vaut en effet opter pour le
risque. (…) Mais le risque - et l’audace que ce risque suppose - ne doit
pas s’imposer uniquement, estime La Croix, parce qu’il n’y
aurait pas d’alternative dans un contexte économiquement et
politiquement dégradé. Le courage s’impose aussi pour restaurer l’esprit
civique de ce pays qui souffre, qui doute et cherche son souffle. Le
Premier ministre, Manuel Valls, a raison de dire qu’il serait absurde de
relâcher les efforts dès les premiers signes d’une éclaircie, surtout
si celle-ci se confirme cette année. Le langage de vérité est un devoir.
» Et La Croix de conclure : « à un peu plus de deux
ans de la prochaine présidentielle, il faudra que tous ceux qui
prétendent au titre de 'responsable politique' s’en souviennent. Car le
courage est aussi abnégation. À mi-mandat ou pas, une élection ne doit
pas être un horizon. »
Se frotter aux réalités…
Enfin,
à l’heure où la gauche se débat donc en France entre ses contradictions
et ses échecs, en Europe du Sud, la gauche reprend du poil de la bête…
C’est le dossier de Libération. « Europe du Sud : le printemps de la gauche rouge », titre le journal. En effet, constate le journal, « en
Grèce avec Syriza, ou en Espagne, avec Podemos, les forces alternatives
pourraient remporter les prochaines législatives, au grand dam de
Bruxelles. »
Et pour Libération, pourquoi pas ? « Il est temps, écrit le journal, de
frotter aux réalités du gouvernement cette gauche alternative qui se
contentait jusqu’ici de lancer des anathèmes, sans jamais endosser les
responsabilités de la gestion. Relancer une croissance en berne et
renégocier la dette auprès de la Banque centrale : l’Espagne et la
Grèce, quoique très différentes de la France, peuvent être les
laboratoires, non d’un grand soir mythologique, mais d’un nouveau
compromis social. Réformistes ou radicales, toutes les gauches d’Europe
les observent. »