« Quatre jours que Nelson Mandela s’en est allé, et déjà, souligne L’Humanité, une information rare s’impose à tous par l’éclat de sa vérité. Madiba nous unit dans la mort comme, jadis, il nous avait unis dans la vie. Sa beauté politique et morale réussit l’impossible. L’ampleur de l’émotion qui continue de parcourir les peuples ne dit rien d’autre que l’espérance sincère des citoyens du monde en l’avènement d’une humanité meilleure. »
« Aujourd’hui, l’Afrique du Sud mais aussi le reste du monde sont orphelins, renchérit Libération. Les Africains ont perdu cette immense voix que ni les combats, ni la prison, ni le pouvoir n’avaient corrompue. Mandela avait redonné espoir et dignité à tout un continent aujourd’hui encore divisé, infecté par son histoire coloniale, incapable de combattre seul ses démons comme on le voit au Mali ou en Centrafrique. Sa voix portait, poursuit Libération, parce que Mandela voulait un monde au-delà des races, des couleurs ou des genres. Un monde où l’on n’est pas un Blanc sud-africain ou un Noir sud-africain, mais un Sud-Africain. Une seule nation, un seul peuple, une seule famille. Cette leçon pour l’Afrique du Sud est universelle. »
Au-delà de la tristesse, au-delà de la ferveur, au-delà de sacralisation, l’Afrique du Sud va devoir désormais, relève La Croix, « affronter les difficultés d’une nouvelle ère sans son grand homme et répondre aux défis posés par la pauvreté à la jeune démocratie. » En effet, le pays de Mandela est certes la grande puissance économique du continent, mais « une puissance fragilisée », souligne La Croix. Avec une croissance en berne, autour de 2% cette année, un taux de chômage important qui touche essentiellement les noirs, ou encore, autre inégalité, une économie encore contrôlée par les blancs. Exemple donné par La Croix : « 80% des terres appartiennent toujours à des propriétaires blancs. Une réalité qui engendre chez les Noirs un sentiment de frustration, en particulier parmi les plus jeunes. »
Et on revient à Libération qui constate aussi que l’Afrique du Sud est « une nation réconciliée, mais inégalitaire. » Et ce, au-delà du secteur économique : « des barrières sont tombées, la jeune génération n’a pas connu la ségrégation raciale, mais des blessures doivent encore cicatriser. La méfiance, la rancœur, ou simplement l’indifférence entre les différentes communautés du pays sont toujours de mise. La mixité raciale, en dehors du domaine professionnel, ne concerne qu’une petite élite éduquée et urbaine. Plus de 40% des Sud-Africains n’ont presque aucune interaction avec des personnes d’une autre couleur de peau. »
Pour en revenir à l’économie, « le revenu moyen des familles blanches, relève Libération, est encore six fois plus élevé que celui des ménages noirs. » Et puis, effet pervers : « le Black Economic Empowerment, ce programme destiné à corriger les inégalités issues du régime d’apartheid, a donné naissance à une petite élite noire, souvent liée au parti dominant, l’ANC, qui se montre plus préoccupée par son enrichissement personnel que par l’amélioration de la situation de ceux qui restent des déshérités. »
Enfin, la réflexion ce Sud-Africain noir, habitant de Soweto, recueillie par l’envoyé spécial du Figaro : « c’est vrai que tout le monde pleure Mandela, les Noirs comme les Blancs, dit-il, nous sommes la nation arc-en-ciel. Mais on ne pleure pas le même. Les Blancs pleurent l’ancien président, l’homme de la réconciliation, quand nous les Noirs, nous pleurons le combattant qui nous a apporté la liberté. »
Hollande et Sarkozy réunis
Le Figaro qui relève aussi que Hollande et Sarkozy seront « côte à côte pour l’hommage à Madiba. Le temps d’un hommage, ils ont décidé de ranger les armes.
» Le nouveau et l’ancien président français assisteront donc ensemble
demain aux funérailles de Nelson Mandela. On ne sait pas encore s’ils
voyageront de concert. « Même si les deux hommes ne partagent pas onze heures d’avion, relève La
Nouvelle République du Centre-Ouest, les téléspectateurs du monde
entier verront tout de même deux Présidents français unis dans le
souvenir d’un exceptionnel homme de paix. »
« Hollande-Sarkozy, main dans la main. La République française s’honore d’une telle unité, s’exclame Le Midi Libre, elle qui sait si bien se déchirer dans le périmètre domestique et se raccommoder devant un deuil planétaire. »
« L’esprit républicain veut que l’on taise ses différences et ses différends sur la scène internationale, estime pour sa part Le Journal de la Haute-Marne. Pour les uns, l’initiative du président de la République fait de lui un homme de conciliation dans une France qui ne cesse de se déchirer. Pour les autres, cette invitation consacre de facto Nicolas Sarkozy comme chef de l’opposition. »
Encore des mécontents…
Après les patrons de PME, les bérets rouges, les commerçants-artisans, « la contestation s’étend aux professions libérales. » C’est du moins ce qu’affirme Le Figaro en première page. Les médecins, pharmaciens, avocats, notaires, experts-comptables ou encore architectes « s’estiment totalement 'asphyxiés' par la fiscalité et la réglementation, relève le quotidien d’opposition. Ces professions lancent aujourd’hui même une campagne de mobilisation pour faire plier le gouvernement. »
Commentaire du Figaro : « pas plus que celle des artisans
et des commerçants, la colère des professions libérales ne provoquera de
défilés spectaculaires, d’opérations escargot ou de démontages de biens
publics. Elle n’en est pas moins inquiétante pour notre pays. Car
lorsque la France la plus active, celle qui se prend en main, commence à
baisser les bras et à céder au découragement, c’est autant de
croissance et d’emplois qui s’envolent. »
La hantise de Stromae
Double-page dans Libération sur un phénomène musical francophone : Stromae… « Succès
phénoménal de l’année, le jeune Belge joue ce soir au Trianon, à Paris
et à guichets fermés. Comme partout ailleurs dans les mois qui viennent. » Son deuxième album, Racine carrée, devrait « tutoyer le million de ventes d’ici la fin de l’année. » Alors, s’interroge Libération,
« emballement de foule sentimentale, ravie du brassage
transgénérationnel, du petit à mamie ? Le sortilège est plus raffiné que
ça. Il y a quelque chose de rassembleur et de consensuel chez la
sensation belge. »
« Si mes chevilles n’ont pas gonflé ? », s’interroge Stromae. « J’espère
que non, mais bien sûr qu’il y a un risque… J’ai l’impression d’être
assez préservé de tout ça : je ne regarde pas la télé, j’écoute très peu
la radio, (merci pour nous…) ça préserve le cerveau. C’est une grosse
hantise, de devenir bête. »
Vaste chantier !
Le Parisien part en guerre contre les anglicismes… « Do you speak encore français ? », s’interroge le journal. « Les anglicismes, constate-t-il, envahissent notre vie quotidienne. La télévision, la grande distribution, l’industrie multiplient les expressions anglaises au point d’émouvoir les amoureux de la langue française. »
Pour Le Parisien, « la défense de la langue française passe d’abord par la connaissance de son vocabulaire, la maîtrise de la grammaire, le respect de la syntaxe. Connaître le mot juste pour exprimer une idée, un sentiment, une impression, cela s’apprend dès le plus jeune âge, avec ses professeurs et ses parents. Vaste chantier ! », soupire le journal. « L’abus d’anglicismes ne trahit en réalité qu’une seule chose : la mauvaise connaissance que nous avons de notre langue. C’est ça, le vrai danger. »
Alors, effet, un petit effort : ne disons plus best-of, disons florilège ; ne disons plus deal, disons accord ; ne disons plus jingle, disons sonal ; ne disons plus sponsoring, mais mécénat ; ne disons plus login mais code d’accès ; préférons première partie de soirée à prime time, courriel à e-mail ou encore matinale à morning, à RFI, ça c’est déjà fait…