Que peut l’État ?
“Quand Emmanuel Macron dit 'réveillez-vous' aux entrepreneurs, il leur fait comprendre qu’il a fait sa part du travail. La Banque de France prévoit néanmoins un chômage à 7,8 % en 2025, c’est-à-dire une nouvelle remontée du chômage”, explique Anne-Laure Delatte, économiste et chercheuse au CNRS. Selon elle, ce changement est en réalité lié à l’activité économique, à l’augmentation des taux d’intérêt et plus généralement au durcissement de la politique monétaire. “Ça, l’État n’en peut pas grand-chose. Emmanuel Macron a lui durci une politique de l’emploi qui a commencé dans les années 1990, c’est-à-dire une flexibilisation de l’emploi, une restructuration qui doit permettre de nouvelles embauches”, ajoute la spécialiste de la finance. Toutefois, cette politique ne semble pas donner beaucoup de résultats.
À écouter : Objectif 2021 : redresser l'économie
L’échec de la politique de l’emploi de l’État ?
Le principe de la politique de l’emploi en France depuis les années 1990 repose essentiellement sur un allègement des cotisations sociales. “La France a voulu adopter un modèle protecteur permettant l'existence d'un bon salaire minimum, tout en restant compétitive au niveau international. L’État a alors pris en charge la partie collectivisée du salaire, à savoir les cotisations sociales que les entreprises paient sur nos salaires”, précise Anne-Laure Delatte. La continuation de cette politique, à la fois par des gouvernements de droite et de gauche, ne semble pourtant pas porter ses fruits. “Nous dépensons environ 80 milliards par an pour réduire les cotisations sociales. Une partie des économistes vous diront que cela pourrait fonctionner si l’on se concentre sur les bas salaires. Or, la moitié de l’allègement des cotisations a lieu sur des salaires plus élevés ”. Dès lors, cela profite à des entreprises qui n’en ont pas vraiment besoin, créant des effets d’aubaine.
À écouter : Comment parvenir au plein-emploi ?
Peut-on dresser un bilan de la politique industrielle d’Emmanuel Macron ?
Selon Anaïs Voy-Gillis, docteure en géographie et chercheuse associée à l’Institut d’Administration des Entreprises de Poitiers (INRAE), la politique industrielle du président connaît un renouveau depuis 2020 : “à partir de mars 2020, où il y a un consensus politique sur la nécessité de réindustrialiser pour des questions de souveraineté, de création d’emploi et de valeurs sur le territoire. Le plan 'France Relance' en était la première réponse”. Aujourd’hui, la réindustrialisation consiste principalement à favoriser des plans d’investissement autour de capitaux étrangers, ainsi que par des aides publiques pour les entreprises. Néanmoins, Anne-Laure Delatte estime que ce n’est pas la manière la plus efficace pour favoriser la création d’emplois, dans la mesure où la plupart de ces aides sont destinées à la décarbonation des industries, même si celle-ci reste fondamentale.