Donner un second souffle au mitan de son deuxième quinquennat. Tel était l'objectif du président Emmanuel Macron lors de son "Rendez-vous à la Nation". Le chef de l'État a multiplié les annonces alors qu'il était entouré de son nouveau Premier ministre, Gabriel Attal et son gouvernement.
La conférence de presse : un exercice dépassé ?
Pour Pierre Rosanvallon, historien, titulaire de la chaire d'Histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France, cet exercice pose d’abord la question du statut du locuteur : “dans l’assistance, il y avait le Premier ministre et le gouvernement. Or, bien des choses qui ont été annoncées et dites sont de l’ordre de la pratique gouvernementale courante. Il semble que ce type de conférence de presse pose à nouveau la question du rapport entre le Président et le chef du gouvernement”. En effet, il y aurait alors une sorte d’absorption des fonctions, qui montrerait selon l’historien qu’une question constitutionnelle importe se joue en ce moment. Par ailleurs, il note que la solennité de la conférence rend difficile pour le citoyen de s’approprier l’exercice.
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Un président omniscient ?
Selon Pierre Rosanvallon, l’analyse que l’on peut faire du style et de la personnalité d’Emmanuel Macron est qu’il se pense mieux à même que ses ministres et que ses conseillers de gérer la plupart des questions dans leurs détails. “Le problème, c’est que cela rend moins sensible les grands éléments stratégiques”. Il ajoute que “la polémique autour des déclarations d’Amélie Oudéa-Castéra aurait dû être gérée par le Premier ministre lui-même. Le fait qu’elle scolarise ses enfants dans le privé peut susciter une interrogation. Lorsque l’on voit que le lycée Stanislas est composé à 99 % d’élèves dont les parents sont de catégories sociales très élevées, on peut se dire que cette école ne participe pas aux efforts de mixité sociale”.
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Comment “faire Nation” ?
“Faire Nation consiste à réfléchir sur ce qu’on a de commun, sur une possible société des égaux. Néanmoins, il faut faire attention à ce qu’on appelle le rapport à l’histoire. L’histoire n’est pas seulement un héritage ou un capital, c’est l’histoire d’une expérience avec ses difficultés, ses conquêtes, ses problèmes”. D’après l’historien, “on ne peut faire Nation qu’en pensant les difficultés que l’on a eu à faire Nation : l’égalité, la redistribution ne vont pas de soi”.