Alors que la flamme olympique est arrivée hier à Marseille, on s'intéresse ce matin à la dimension sociale des Jeux Olympiques et Paralympiques, à celles et ceux qui ont travaillé sur les chantiers, à ceux qui travailleront pendant les Jeux Olympiques.
Les éboueurs, la fonction publique ou encore les employés du transport espèrent que la menace, au moment où les yeux du monde seront rivés sur la France, leur permette quelques gains. Il s'agit de primes, d'augmentations, et pourquoi pas, de quelques embauches. D'ailleurs, ils seront peut-être rejoints cet été par les salariés du privé. En attendant, des accords ont déjà été trouvés, mais les négociations se poursuivent. À l'approche des Jeux Olympiques, l'épreuve sociale a-t-elle démarré ? Avec Denis Gravouil, secrétaire confédéral à la CGT
Du travail en plus, une charte sociale sans précédent
On dit souvent que cet événement est une chance pour l'économie et les entreprises françaises. S'agissant des travailleurs mobilisés pour les Jeux Olympiques et Paralympiques, le syndicaliste dit son souci "que les JO se passent bien, mais on ne souhaite pas que des gens qui travaillent au moment des JO se retrouvent dans des situations compliquées. On a, par exemple, un décret qui prévoit de va supprimer le repos hebdomadaire pour ceux qui vont travailler dans l'audiovisuel, dans certaines entreprises qui bossent avec les organisateurs".
Quentin Lafay rappelle qu'une charte sociale a été mise en place, pensée par les organisateurs des Jeux Olympiques. "Une charte sociale qui 'nous accompagne à chaque étape de la construction des Jeux et dans notre travail au quotidien'". Denis Gravouil rappelle que "on y a beaucoup contribué, notamment Bernard Thibault qui est notre ancien secrétaire général." Celle-ci trouve son origine selon le lui dans les leçons tirées "de ce qui s'est passé au Qatar ou autres, pour faire en sorte que sur les chantiers, ce qu'on appelle la Solidéo, c'est-à-dire tous les chantiers qui sont directement liés au JO, il y ait un travail pour qu'il n'y ait pas de mort, et qu'on réduise l'ensemble des accidents du travail." Il rappelle cependant que dans des chantiers liés plus indirectement aux JO, il y a eu des morts, et considère que "on a besoin de moyens pour la prévention, mais pas seulement pendant les JO et sur les chantiers des JO." La question de la régularisation des sans-papiers qui oeuvrent sur les chantiers des JO a aussi été un enjeu important.
Pas de trêve olympique en matière sociale
Plus de 45 000 volontaires ou/et bénévoles viendront à Paris pour participer à ces Jeux Olympiques. Comment est-ce qu'on encadre ce travail là, qui est une zone grise ? "Toute la question, c'est d'arriver à distinguer ce qui relève du bénévolat, c'est à dire de gens qui sont fans de sport, qui sont dans des clubs sportifs, qui veulent participer au JO, et le travail qui doit être rémunéré comme le travail d'accueil, de nettoyage ou autre." avance Denis Gravouil. Il donne également l'exemple d'assistants des opérateurs vidéo qui seraient des bénévoles "alors que d'habitude, sur les matchs de foot ou lors de tous les événements sportifs, il y a des techniciens et leurs assistants occupent des postes de gens qui ont bien besoin de travailler."
Face au souhait du Président de la République exprimé en avril exprimé ainsi "Oui à la trêve olympique en matière sociale", Denis Gravouil considère que "Les libéraux ont tendance à dire que les salariés doivent se taire sur leurs conditions de travail quand il y a des grands événements, quand il y a des départs en vacances et autres. Mais c'est justement à ce moment-là qu'on leur demande le plus d'efforts, parce qu'évidemment, c'est le moment où il y a beaucoup plus de monde."
L'occasion d'être entendus
On sait depuis plusieurs années que dans le cadre de l'organisation de ces grands événements sportifs - Athènes en 2004, à Londres en 2012, à Rio en 2016 - l'organisation des Jeux est un moment peut-être plus favorable pour les organisations syndicales, pour les syndicats de travailleurs, pour faire valoir quelques idées, pour avancer quelques revendications. Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ? Le syndicaliste considère que "La question, c'est surtout de savoir comment on va répondre aux besoins des personnes qui sont concernées." Il ajoute que "effectivement, quand il y a un gros événement, c'est l'occasion de dire - enfin surtout les salariés qui sont concernés disent - qu'on veut être entendus. C'est le cas dans le commerce, dans les services publics, pour ce qui est de la santé, par exemple."