Construire une société inclusive
Fadila Khattabi est ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées. Pour elle, l'objectif est de créer une société inclusive, c'est-à-dire “une société qui ne laisse personne sur le bord de la route. Une société dans laquelle les personnes en situation de handicap ont toute leur place. Dans une société inclusive, des parents qui ont un bébé handicapé doivent pouvoir le mettre en crèche. C'est aussi une école qui accueille tous les enfants de la République. C'est aussi permettre à ces personnes de pouvoir accéder à l'université, à l'emploi, partout. De les rendre visibles là où aujourd'hui, parfois, elles sont invisibles”. Pour cela, la ministre explique qu’il faut avant tout rendre les bâtiments accessibles. Un milliard d’euros ont été mis pour travailler sur ce type d’accessibilité et également sur la question du numérique.
“C'est à la société de s'adapter au handicap et non pas aux personnes handicapées de s'adapter à la société”. Aujourd'hui, même si les choses avancent, cette société inclusive est encore loin d'exister, notamment en ce qui concerne les aménagements du métro pour les personnes en situation de handicap.
À écouter : Handicap : demain, une société inclusive ?
Une difficile accessibilité au travail
La France est aussi mauvaise élève en matière d'inclusion et d'insertion professionnelle. A titre d’exemple, les personnes en situation de handicap peinent à réaliser les 507 heures requises pour accéder au statut d'intermittent du spectacle. Elles demandent donc de réajuster à 250 heures. Fadila Khattabi met cependant en avant plusieurs dynamiques encourageantes, comme la baisse du taux de chômage des personnes handicapées. "Il était de 19% en 2019. Aujourd'hui, il est de 11,5% . Le taux de chômage a réduit mais il reste encore supérieur à la moyenne nationale qui est autour de 7,5 %”. L’obligation d’emploi des travailleurs handicapés à un taux de 6% est bien inscrit dans la loi, pourtant certaines entreprises préfèrent payer des pénalités plutôt que de recruter. Pour la ministre, “il faut mettre les personnes devant leurs responsabilités". Elle ajoute : “si on veut améliorer l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, encore faut-il que les lieux de travail soient accessibles, ce qui n'est souvent pas le cas”.
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Les Jeux 2024 font avancer la cause
Cette année, l'annonce des Jeux Paralympiques prévus pour août a déjà eu un effet positif. Pour Fadila Khattabi, ils ont permis de “booster la mise en accessibilité. La totalité du réseau dit de surface, c'est-à-dire les bus, le tram, sont accessibles aujourd'hui. Nous mettons également en place 1000 taxis PMR (personne à mobilité réduite)”.
Ludivine Munos, ancienne nageuse médaillée paralympique et responsable de l’intégration paralympique au Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 explique comment les Jeux se sont adaptés. “Nous sommes parvenus à une révision de la norme ISO 221 qui supervise la qualité internationale des évènements. Nous avons inclus de nouveaux éléments concernant l'accessibilité universelle qui en était dépourvue jusqu'à présent. Souvent on parle de rampes et d'ascenseurs, mais il faut aussi penser à l'accessibilité numérique, à l'accueil et puis à la formation des volontaires et du staff sur la partie inclusion et accueil des personnes en situation de handicap”. L'organisation des Jeux a donc été pensée au mieux pour accueillir tout type de public, en réservant notamment des places spéciales pour les personnes en situation de handicap. Les deux tiers de ces billets sont d'ailleurs encore disponibles aujourd'hui.
Pour l’ancienne nageuse, les Jeux sont un moyen de changer le regard de la société sur le handicap : “on parle rarement des talents des personnes en situation de handicap. Les Jeux paralympiques est l'événement le plus transformateur d'une société sur ce sujet. On montre qu'avec nos différences, quelles qu'elles soient, on est capable d'avoir des talents”.
À écouter : JO de Paris 2024 : la bataille de l'accessibilité