La Constitution, garante de stabilité ?
"Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de majorité absolue qu'il y a forcément blocage, rappelle la constitutionnaliste Marie-Anne Cohendet. Quand la Constitution de la Ve République a été rédigée, ses auteurs étaient convaincus qu'une majorité était impossible. S'il y a une majorité relative, il faut donc chercher des accords de gouvernement, comme c'est le cas dans la plupart des pays de l'Union européenne. La démocratie n'est pas la dictature d'une majorité sans débats, mais des négociations, des compromis."
Marie-Anne Cohendet rappelle également que "si le Président s'obstine à tout diriger alors qu'il n'a plus de majorité, on peut s'attendre toutefois à une multiplication des motions de censure : pour cela, il faut la majorité absolue des membres composant l'Assemblée nationale en faveur de cette décision. Si la motion est votée, le gouvernement est renversé."
Le pari raté d'Emmanuel Macron
Selon l'historien Jean Garrigues, Emmanuel Macron voulait "prendre de vitesse la droite et la gauche, et miser sur une impréparation potentielle du Rassemblement National. De ce côté-là, c'est raté. L'implantation locale sur tout le territoire du RN leur a permis d'être prêts pour ces élections, y compris sur le plan programmatique. Et du côté de la gauche, le pari, c'était de miser sur la dissidence, je dirais la destruction de la NUPES, la dissidence des socialistes qui avaient pris le pas sur la France insoumise au moment des élections européennes. Il n'en a rien été, car la NUPES a été reconstituée, on l'a même élargie, notamment au Nouveau parti anticapitaliste. Ainsi, la dissolution a accéléré, peut-être même concrétisé de manière définitive, la fin du macronisme, puisqu'il est très vraisemblable que la coalition Ensemble va être réduite à une peau de chagrin à la suite de cette élection qui consacre la polarisation de l'espace politique."
À écouter : La cohabitation : quand le président n'a plus la main sur le gouvernement