Revue de presse française
A la Une: «attentat» de Munich, la stratégie de la terreur
Aux
yeux de la presse française, un centre commercial de la capitale de la
Bavière a été la cible du « terrorisme », qui semble une fois de plus
souffler sur les braises du populisme en Europe. « Attaque sanglante à Munich », lance Le Parisien. « La terreur à Munich », enchérit Le Figaro, sur une photo d’hommes en armes des forces de sécurité en pleine action dans un décor urbain, car la ville a été « frappée au cœur par le terrorisme », souligne-t-il, elle a été « rattrapée par la terreur ».
Le Figaro souligne qu’il s’agit de la troisième attaque « majeure
» en Europe de l’Ouest en huit jours, après l’attentat de Nice qui a
fait 84 morts le soir du 14-Juillet et l’attaque à la hache et au
couteau menée à bord d’un train de Bavière par un Afghan, qui a blessé
quatre voyageurs lundi soir. Il remarque que le « groupe jihadiste Etat islamique »
a revendiqué les deux premières. Sans omettre un rappel historique : le
centre commercial en question se trouve à proximité du stade olympique
de Munich, où le groupe palestinien Septembre noir avait pris en otages
11 athlètes israéliens avant de les abattre, lors des Jeux olympiques
d’été 1972.
Attentat de Munich : la cible allemande
La presse souligne aussi l’implication de l’Allemagne contre Daech. C’est le cas du Parisien, c’est aussi celui du Figaro. « L’Allemagne se savait dans le viseur des terroristes », énonce ce quotidien. Or, « jusqu’à
présent, l’Allemagne avait été épargnée. Avec une présence militaire
réduite en Syrie et en Irak, elle était moins exposée que la France dans
la guerre contre Daech. Les islamistes semblaient aussi manquer de
points d’appui dans la société : le plein-emploi, la forte influence de
la communauté turque et la faible rancœur sociale ne leur laissaient que
peu d’espace, explique le confère ».
« Mais la
radicalisation de groupuscules est néanmoins en cours. Le pays compte
quelque 8 000 salafistes. Environ 800 islamistes allemands ont quitté le
territoire pour rejoindre le jihad en Syrie. La sécurité intérieure
évalue à environ 450 le nombre de personnes potentiellement dangereuses.
Sur Internet, des appels en allemand à attaquer l’Allemagne ont
circulé. Plusieurs terroristes qui ont attaqué la France ou la Belgique
cette année ou la précédente avaient aussi emprunté la route des
réfugiés. Elle les avait menés en Allemagne. Plusieurs mois plus tard,
les services de sécurité avaient reconnu avoir sous-estimé la menace. »
Attentat de Munich : l’objectif populiste
Sans
attendre, la presse redoute les conséquences politiques de cette
dernière attaque terroriste en Allemagne. Certains quotidiens le font
avec prudence, comme La Nouvelle République, qui rappelle le « massacre de Munich
» des JO de 1972 où onze membres de l'équipe israélienne, pris en
otages, ont été assassinés par l'organisation palestinienne Septembre
noir et qui est « encore dans la mémoire ». Aujourd'hui, comme le week-end dernier, l'époque est « moins que jamais à l'insouciance, plutôt à la panique, soupire ce quotidien régional français. On voudrait dire stop, et c'est encore qui surgit ». Prudence donc, et accablement coulant de la plume de L’Alsace, qui note que « c'est partout à travers la planète que le groupe Etat Islamique veut semer la terreur. Malheureusement, il y parvient », se lamente ce journal de l’est de la France.
Puis, il y a la polémique « qui ne manquera pas d'enfler outre-Rhin, à l'instar de ce qui se passe en France, prédit Le Journal de la Haute-Marne, les
autorités ont-elles pris toutes les mesures pour assurer la sécurité de
la population ? Les services de renseignement ont-ils été à la hauteur ? » Ce confrère du nord-est du pays ne manque pas de rappeler que l'extrême-droite allemande a toujours « pointé la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel, comme première source du terrorisme en Europe ». Il rappelle que la stratégie du terrorisme islamiste est de « favoriser la montée du populisme afin de creuser un fossé entre musulmans et non-musulmans ».
Attentat de Nice : tuerie en bande organisée
A
Nice, l’auteur de l’attentat au camion sur la Promenade des Anglais
avait des complices. Cette confirmation est à « la Une » du journal Le Monde daté d’aujourd’hui. Le « tueur » semble avoir « mûri » son projet depuis plusieurs mois et bénéficié de « complicité
», avait dit le procureur de la République. Justement. Selon le
quotidien du soir, l’homme au camion a enregistré un message audio, le
14 juillet, vers 17 heures, sur son téléphone, puis à 22 h 27, « soit un quart d’heure avant l’attaque, »
il a envoyé un SMS, dont les contenus sont transcrits mot à mot dans
les colonnes du journal, qui détaille les dernières avancées de
l’enquête. Laquelle progresse, car manifestement, le tueur ne s’est
guère embarrassé de précautions pour « protéger » ses complices. Il s’agissait donc bien d’un attentat « préparé de longue date », lance Le Monde en manchette.
« Le tueur a fait douze repérages sur la Prom », enchérit ce matin Le Parisien (étant rappelé que la « Prom », c’est la Promenade des Anglais à Nice). Au vu de ces derniers éléments, ce quotidien soulève la question d’une « nouvelle attaque » qui aurait été programmée par les proches du tueur de Nice.
Attentat de Nice : le choc des images
On
en sait un peu plus ce matin sur la demande d’effacement des
enregistrements vidéo effectués par les caméras de surveillance sur la
promenade des Anglais le 14 juillet au soir. Le journal Libération revient longuement ce matin sur cette affaire révélée hier par Le Figaro. Une « polémique », lance-t-il, après que la justice, « qui détient déjà les enregistrements de vidéosurveillance du soir de la tuerie », ait réclamé à la ville de Nice l’effacement des images, « afin d’éviter que des copies ne circulent, » car les images sont très choquantes.
Or,
lors des attentats du 13 novembre à Paris, certaines images-chocs
avaient circulé sur Internet, et la justice entend éviter une telle
réplique dans le cas de l’attentat de Nice. Pour Libération, cette réquisition judiciaire est, certes, « plutôt inédite », elle peut donc se lire comme une façon de « tirer les leçons du passé
». Mais la ville de Nice s’oppose à l’effacement de ces images, car il
lui semble nécessaire de conserver ces éléments de preuves « qui peuvent être utiles dans le cadre de procédures distinctes de celle de l’attentat », Libération évoquant ici les procédures envisagées par certaines victimes de l’attentat de Nice pour « défaillance dans la sécurité ».