Ours polaire sur la banquise au nord de Svalbard, en Norvège.(Photo by Wolfgang Kaehler/LightRocket via Getty Images)
Ils
sont blancs l’hiver pour se cacher dans la neige, et jaunes l’été.
Inscrits en 2008 sur la liste des espèces menacées, les ours polaires
restent en danger. 80 % de la population pourrait disparaître dans les
50 années à venir. Heureusement, il y a eu le plan « Ours » de Barack
Obama. Mais va-t-il perdurer sous la nouvelle administration Trump ?
Quelque 31 000 ours blancs,
« ursus maritimus » pour leur petit nom scientifique, vivent
aujourd’hui dans le monde. Uniquement au pôle Nord, et sur toute
l’étendue de la banquise, du Canada au Spitzberg (au nord du Danemark)
jusqu’en Sibérie. Les mâles les plus gros peuvent atteindre 600 kg. Ce
sont les Inuits, les habitants de la banquise, qui ont constaté en
premier les pertes de poids anormales, bien avant les premiers rapports
scientifiques.
Le poil qui casse
L'ours polaire a trois ennemis : la
fonte de la banquise, le braconnage et la pollution des eaux. La qualité
de la viande et du poil en subit déjà les conséquences. Même si l’on
peut se féliciter que depuis deux ans, l’espèce se maintient
globalement, Rémy Marion, l’un des plus grands spécialistes français des
ours polaires explique que l’année dernière a marqué un tournant :
« Jamais
la banquise ne s’est reformée avec un tel retard. Il y a 30 ans, je
voyais la glace de l’hiver geler en novembre. L’an passé, la banquise en
baie d’Hudson, au-dessus du Canada, l’a fait mi-décembre, c’est
extrêmement tard. Cela allonge la période du jeûne et de leur
hibernation, et raréfie les phoques dont les ours se nourrissent. Pour
les femelles, c’est dangereux puisque trop maigres, elles ne peuvent pas
avoir d’oursons et, sans nourriture, ne peuvent pas non plus les
alimenter. »
Le plan « Ours » de Barack Obama en péril
En
quittant son poste le mois dernier, l’ancien président américain a
signé un plan « Ours polaire », le premier plan à grande échelle de
sauvegarde du mammifère. Un programme que le Bureau américain de la
pêche et de la faune sauvage (USFWS) d'Alaska a initié, en partenariat avec les autorités inuites et des partenaires internationaux.
Ce
plan, salué par tous les scientifiques et les associations écologistes,
prévoit un dialogue avec les chasseurs locaux pour limiter le
braconnage et protéger certains espaces contre l’installation de
plateformes pétrolières pour éviter les pollutions. Mais une question se
pose : ce plan survivra-t-il à la nouvelle administration de Donald
Trump ? Il est trop tôt pour le dire, « mais au vu des enjeux pétroliers, dit Rémy Marion, et de la nomination d’un climato-sceptique, Scott Pruitt,
ancien ministre de la Justice de l'Oklahoma et proche de l'industrie, à
la tête de l'Agence de protection de l'environnement, on peut redouter
le pire. »
Des ours à la poubelle
Ces
bouleversements ont entraîné de tels manques de nourriture que les ours
n’hésitent plus à venir fouiller les poubelles et les décharges des
villes et villages du Grand Nord. Un danger pour l’homme et l’animal.
Quel que soit le sort réservé au plan de sauvegarde américain, les
associations de défense de l’ours polaire espèrent que cette Journée
mondiale de l’ours blanc servira à mobiliser les citoyens. Ils comptent
particulièrement sur les enfants, de grands protecteurs de la nature qui
ont souvent des ours en peluche et… une très grande influence sur les
parents !