A la Une: les «gilets jaunes», le bilan
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Pour leur « acte VI », hier, les « gilets jaunes » n’auront donc pas mobilisé les grandes foules et Versailles est demeuré en son château… À croire que la presse hebdomadaire avait anticipé ce reflux, qui dresse cette semaine le bilan de ce mouvement en cette veille de Noël.
Comme le souligne L’Obs, « il n’y ait eu ni bain de sang ni cataclysme majeur. Pas même un petit remaniement (…) La population, dans son immense majorité, s’en est tenu à l’écart. La convergence des luttes, ce vieux rêve révolutionnaire, a une fois de plus fait pschitt », constate ce magazine.
Quant à Emmanuel Macron, il « n’a pas tout perdu (…) il n’a pas renié la suppression de l’ISF, ni promis de branle-bas fiscal », point encore L’Obs. Sur le plan politique, le président de la République « reste le seul, qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, à pouvoir faire face à l’irrésistible progression de l’extrême-droite. Car c’est bien elle, pour l’instant, la véritable bénéficiaire de ce mouvement qui a prospéré sur le rejet du système et des élites ».
Toutefois, complète cet hebdomadaire, le mouvement des « gilets jaunes » a aussi permis « une large diffusion de la pensée critique. Le niveau monte, signale L’Obs (…) aux revendications concrètes (…) se sont ajoutées des exigences politiques –même si les intéressés se défendent d’être politisés. Le sentiment d’injustice, au départ diffus, s’éclaire : sur les ronds-points, ça cause démocratie directe, système bancaire, endettement (…) Comme si le complexe social qui fait se taire les « petites » gens s’atténuait ».
L’hebdomadaire Politis en est du reste persuadé. « Finalement le premier bilan des gilets jaunes, c’est peut-être une revendication de vérité comme on en connaît que dans les périodes de crise aiguë. On ne veut plus se faire balader. Mais ne nous berçons pas d’illusions, modère Politis. Le pouvoir a encore quelques belles « carabistouilles » dans son sac à malices, qui nous éloignent de cette indispensable partage des richesses qui, seul, pourrait apaiser notre société ».
La frondeuse de LREM
Conviction en partie partagée y compris au sein de La République en marche. C’est le cas de la députée de la Manche Sonia Krimi, qui, une fois encore, fait entendre une voix discordante au sein de la macronie. Dans le magazine Society, Sonia Krimi le déclare : « On me reproche d’avoir une parole forte, mais elle est forte parce qu’elle est seule au milieu de 300 personnes qui ne disent rien, notamment parce qu’elles ont peur (…) Il faut que l’on se ressaisisse tous, que l’on fasse autrement, dit-elle à Society. (…) Bien sûr qu’il faut réformer, mais il ne faut pas oublier au passage les « derniers de cordée », et je me fous qu’ils ne fassent pas partie de notre électorat. (…) Il faut mettre les plus démunis avant les autres », martèle cette élue macronienne dans Society.
Le RIC, voix des sans-voix
Justement, l’une des principales revendications des « gilets jaunes » est désormais le RIC, le référendum d’initiative citoyenne. Attention, met en garde l’hebdomadaire Le Point, c’est un « mirage démocratique », une « recette » qui présente de nombreux défauts, car non seulement « elle accentue les divisions entre la majorité et la minorité. Elle dresse l’un contre l’autre deux camps qui, dans nos sociétés déjà polarisée à l’excès, deviennent irréconciliables » ; non seulement « en contraignant à répondre par oui ou par non (le RIC) simplifie à outrance des questions appelant des réponses nuancées » ; mais aussi ce type de référendum fait qu’une fois le résultat du vote proclamé, « il n’y a plus personne pour rendre des comptes si les choses ne tourne pas comme prévu », prévient Le Point.
A l’inverse, Le Figaro Magazine défend le RIC. Lequel « serai le seul moyen de rétablir un authentique suffrage universel », estime cet hebdomadaire. Et comme le référendum d’initiative citoyenne est devenue la « marque de fabrique » des « gilets jaunes », leur « revendication politique », leur « réponse à leur sentiment de dépossession démocratique », le gouvernement, les parlementaires, « les élites médiatiques et administratives font mine d’accueillir favorablement cette idée. Mais c’est pour mieux l’enterrer », décrypte Le Figaro Magazine.
Rentrée sociale pour Macron
Pour autant, après les fêtes, quelles initiatives pourrait prendre Emmanuel Macron à la rentrée pour répondre à la crise des « gilets jaunes » ? Déjà aménager son emploi du temps pour dégager du temps à consacrer à cette crise. Son programme des prochaines semaines sera « allégé de plusieurs déplacements à l’étranger », signale Le Journal du Dimanche. A l’Elysée, on confirme au JDD qu’il y aura « très peu de diplomatie ».
Ensuite, un des « piliers » de sa campagne électorale confie à cet hebdomadaire que « le Président pourrait s’interroger sur ses équipes. L’affaire Benalla, les démissions de Hulot et de Collomb, les Gilets jaunes : les crises ne sont jamais bien gérées (…) Je pense que ça va bouger », dit cette bien énigmatique source au Journal du Dimanche.
Facebook vs Twitter, fracture sociale
L’accent serait donc mis sur les défaillances de la communication élyséenne. Mais il faut dire que dans ce domaine aussi, une fracture inédite est aussi apparue dans l’univers des réseaux sociaux et qui est mise au jour cette semaine par L’Express. Etant rappelé que Facebook est ce réseau social duquel semble avoir émergé ce mouvement – social, lui aussi – que sont les « gilets jaunes », cet hebdomadaire remarque que « les élites médiatiques et politiques sont sur Twitter et non sur Facebook, qui devient le média des classes populaires et moyennes (…) Facebook est le nouveau cocktail Molotov mais on ne sait pas qui le lance », formule L’Express. Les gouvernements occidentaux souhaitent que les Gafa « fassent la police médiatique : cela reviendrait à nommer Mark Zuckerberg et les patrons de Google rédacteurs en chef du monde », remarque L’Express.
L’hypnothérapeute et le parti jaune
A RFI, radio mondiale s’il en est, les rédacteurs en chef du monde ont peu à voir avec les patrons de Facebook ou de Google, Apple, Facebook et autre Amazon, mais en cette période de fêtes où les journaux sont riches de commentaires et pauvres d’informations exclusives, ils ont en tout cas relevé cette interrogation de Jacline Mouraud, la « porte-parole des Gilets jaunes libres », qui réfléchirait à « créer son parti », annonce Le JDD, étant rappelé que Jacline Mouraud est l’auteur d’une vidéo devenue virale sur Facebook et dans laquelle cette hypnothérapeute apostrophe Emmanuel Macron en ces termes : « Mais qu’est-ce que vous faites du pognon ?! ». On le voit, la mère Noël, cette année, a troqué sa rouge houppelande contre un gilet… jaune… Joyeux Noël !