Pour apaiser les Français, le
Premier ministre et son gouvernement s’emploient à ralentir le rythme
des réformes, quitte à stopper la marche de La République en marche
d’Emmanuel Macron.
« Opération déminage » ! C’est la formule choisie par le journal Le Parisien pour décoder le sens des décisions annoncées par le Premier ministre depuis qu’il a été nommé à la Primature française.
Dernière
en date de ces annonces visant à adoucir le rythme des réformes
pourtant promises par Emmanuel Macron, ce vendredi soir à la télévision,
Jean Castex « a fermé la porte à l’hypothèse émise par Emmanuel
Macron le 14 juillet de retarder la suppression de la taxe d’habitation
pour les 20 % les plus aisés », pointe Le Parisien.
Plus tôt dans la journée, ce sont les syndicats et le patronat que le chef du gouvernement « a caressés dans le sens du poil. Pendant trois heures, Jean Castex a déroulé le tapis rouge, leur réservant deux annonces chocs », souligne ce quotidien. Lors d’une « conférence du dialogue social »
qui s’est tenue ce vendredi matin à son siège de l’Hôtel Matignon, à
Paris, le Premier ministre leur a annoncé que la réforme de
l’assurance-chômage était suspendue pour au moins six mois et celle des
retraites pour un horizon encore plus indéterminé.
Dans Le Parisien ce samedi matin, la ministre du Travail Elisabeth Borne précise que « le 2e volet de la réforme [de l’assurance-chômage] qui était prévu pour le 1er septembre est repoussé au 1er janvier 2021 »,
étant précisé qu’au début de la crise sanitaire, ce deuxième volet
avait déjà été reporté à septembre et qu’il concerne le calcul du
montant des allocations-chômage mais aussi le mécanisme dit de « bonus-malus » pénalisant les entreprises ayant excessivement recours aux contrats courts.
« Machine arrière toute, donc, pour ne pas risquer de rallumer un nouveau foyer de mécontentement », explique Le Parisien, en se demandant si ces projets sont repoussés pour être «mieux enterrés ? ». Telle est en effet la question…
La République en panne
Si
c’était le cas, ne serions-nous pas en train d’assister à une sorte de
coup d’arrêt du quinquennat d’Emmanuel Macron ? Cette question, le
lecteur du Parisien pourrait à bon droit se la poser ce matin.
Car après avoir souligné que la réforme des retraites et celle de
l’assurance-chômage sont des « marqueurs de la présidence Macron », ce quotidien estime que l’annonce de leur report « ressemble fort aux prémices d’un abandon », et rapporte cette remarque faite par certaines sources dans la majorité : « si
on ne réforme plus, si on ne jure que par les grandes conférences
sociales, quel sera notre bilan en 2022 ? On risque de se hollandiser,
de se chiraquiser », en référence au supposé immobilisme passé des
présidents Hollande et Chirac (et l’on soulignera ici le caractère
cruel, pour ne pas dire impitoyable, de ces néologismes macroniens cités
par Le Parisien) !
Les réformes des retraites et de l'assurance-chômage ayant donc été décalées à 2021, « le souhait des syndicats et du patronat a ainsi en partie été exaucé », souligne également Le Figaro. Lequel quotidien note aussi que Jean Castex « reporte les sujets qui fâchent ».
Europe : les cigales et la fourmi
Au deuxième jour d'un sommet à Bruxelles, les dirigeants européens vont tenter ce samedi de convaincre les pays dits « frugaux »
d’approuver le plan de relance sans précédent de l'économie de l'Union
européenne. Leurs sept heures de discussions ce vendredi et le dîner qui
s’en est suivi n’ont pas permis d’infléchir la position des Pays-Bas
sur le contrôle des fonds qui pourraient être distribués dans le cadre
de ce plan de relance post-coronavirus de 750 milliards d'euros financé
par un emprunt commun.
Or l'unanimité des États membres est requise. La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron « ont mis tout leur poids dans cette affaire et jouent très gros », prévient Le Figaro. Le marathon continue.
La libération de Joffrin
Enfin, une page se tourne au journal Libération,
dont le directeur de la publication et de la rédaction Laurent Joffrin a
décidé de quitter ses fonctions (tout en gardant une chronique) pour se
lancer en politique.
Lundi, Laurent Joffrin publiera un manifeste
en vue de la création d’un mouvement participatif pour refonder la
gauche sur une base sociale et écologiste. Ce matin, c’est aux lecteurs
de Libé qu’il s’adresse pour leur expliquer « pourquoi [il] passe la main ». Dans sa lettre ouverte, le journaliste assure que son appel visera « au renouveau de la gauche démocratique ». Vaste programme…