La revue de presse
Mardi 13 septembre 2022
Bientôt la cavalerie US surgira de l'espace, portée par la fusée d'Elon Musk. Futur ou fantasme, le Figaro.
Résumé
Le Républicain lorrain raconte une chasseuse de chaleur dans les rues de Metz. Libération, le Monde, comme Polka saluent William Klein -et aussi le grand d'Espagne Javier Marias.
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On parle d'une fusée...
Qui dans une dizaine d'année pourrait devenir la nouvelle cavalerie américaine, qui comme dans nos westerns chargera par surprise pour disperser l'ennemi -mais dans les projets que partagent des stratèges états-uniens, et l'entreprise Space X du milliardaire Elon Musk, la cavalerie désormais surgirait de l'espace, transportée à Mach 25 en quelques minutes sur le lieu d'une prise d'otage lointaine, ou sur le front de Taiwan que la grande Chine aurait envahi...
Vous lisez cette anticipation dans le Figaro, qui éclaire des projets révélés en juin par le site d'investigation The Intercept, et vous contemplez alors un vieux rêve militaire de l'Amérique, cette puissance qui se se résout pas à la limite, car elle ne peut pas -et non, on ne peut pas tout, se déployer instantanément sur toute la surface du globe.. Ces dernières années, l'Amérique a ressenti sa limite quand en 2012 les marines n'ont pas pu secourir a temps les diplomates attaqués au consulat de Benghazi en Lybie, et en 2001 l'armée américaine, ralentie par la logistique et attendant une autorisation de passage du Pakistan, avait laissé s'échapper Ben Laden à Kandahar...
Mais en passant par l'espace, on ne dépend de personne et on abolit la distance... Dans l'autre siècle déjà, Werner von Braun, ce savant a avait envoyé les Américains dans l'espace après avoir construit les fusées de Hitler, avait imaginé des fusées de transport militaire. Mais il a fallu qu'apparaisse SpaceX et sa fusée capable d'atterrir verticalement (avant de repartir?) pour relancer le fantasme...
Après ce futurisme il est n'est pas mauvais de retourner vers l'éternité charnelle des guerres, en accompagnant dans le Figaro un soldat ukrainien de la milice Azov, qui dans les combats a perdu un œil et une jambe, et en lisant dans l'Opinion, un article traduit du Wall street journal qui raconte la résistance des habitants de Kherson, conquise par les russes qui veulent la russifier et demain l'annexer; on évite en sortant de croiser les soldats russes, on se dissimule pour payer ses courses en Hryvnias, la monnaie ukrainienne, et non pas en roubles, des magasins complices ont conservés des terminaux patriotiques de cartes de crédits qu'ils dissimulent à l'occupant, on espère que l'offensive nous délivrera...
Loin de Kherson au bout de la Russie, la Croix nous amène dans un paradis, la région de l'Altaï aux confins de la Sibérie, splendeurs de montagnes et de lacs, le plus grand Teletskoïe, le lac doré aux reflets bleus et parsemé de cascades, l'une d'elle dit la légende serait née des larmes de sept sœurs pleurant le départ à la guerre de leurs princes charmants. Légende prophétique, car l'Altaï est aussi pauvre que sublime et ses enfants alors, s'engagent dans l'armée qui combat en Ukraine -nous savons tout salir, qu'y changeront les fusées...
On parle aussi d'une exploratrice...
Qui ne cherche pas de nouveaux territoires mais traque la chaleur et la cartographie dans les rues de Metz, sa ville; elle sera bientôt thésarde, Nassima Hassan nous dit le Républicain lorrain., "Etude comparative de l'ilot de chaleur urbain dans un contexte de réchauffement climatique", elle utilise des drones, des cameras thermiques, elle pédale dans la ville une station météo sur le biclou, pour relever les températures, les zones où plus qu'ailleurs la chaleur stagne, elle décrit les canyon urbains, telle la rue des allemands où la chaleur est figée, elle parle des arbres, elle est passionnante de précision.
Passionnant aussi est l'anthropologue Philippe Descola, que l'Obs nous amène, un septuagénaire, que jadis le grand Lévi-Strauss envoya trois ans dans la jungle équatorienne se frotter aux Achuars, les indiens réducteurs de têtes, mais qui lui ont ouvert l'esprit dans leur rapport avec la nature, car ils entretiennent avec les plantes et les animaux des rapports proches de ceux qu'on entretient avec d'autres êtres humains. Il en a acquis la conviction qu'il est une autre manière d'habiter la planète sans la détruire... Je vous laisse lire et apprécier la chance d'un rouge-gorge que chaque matin Descola salue, persuadé qu'il échange avec lui dans ses rêves, "bonjour mon vieux, comment était la nuit", et la chance aussi de Jean-Luc Mélenchon que l'Obs fait dialoguer avec Descola... Ca dispute sur la "géoclasse", concept inventé par Descola, selon lequel les paysans français forcés de nourrir leurs bêtes avec du soja bon marché, les forets brésiliennes qui meurent pour que pousse ce soja, les amérindiens spoliés, les ouvriers agricoles exploités, les vaches et les cochons élevés dans des méga fermes, les zones humides polluées par les nitrates et les ouvrières des l'agro alimentaire, sont soumis à la même exploitation pourraient lutter ensemble - Mélenchon tique sur les vaches et les cochons.
A côté de cela je lis dans les Echos que le patron d'un fonds d'investissement demande à la grande firme Chevron de relancer son investissement dans les énergies fossiles, "distribuer fièrement de l'essence au monde", et ne plus se plier à la mode de l'investissement durable et retrouver le sens de son intérêt...
On parle enfin d'un revolver...
Qu'un enfant de New York pointe sur nous à la une de Libération sous le regard étonné, content, de son de son petit frère -c'est une bien vieille et belle photo que William Klein mort samedi à 96 ans, avait ramené de sa ville natale, elle est la première qui nous vient ce matin quand Libé qui excelle à commémorer la pop culture, mais aussi l'Humanité Midi libre le Mondes sont au rendez-vous d'un homme qui photographiait comme un boxeur, au plus près toujours plus près de la rue... Sur la site de la revue de photo Polka, vous lirez de beaux papier remis en ligne sur" l'artiste de Chaos" qui aimait Polka et que Polka aimait, et vous vous rincerez l'œil et l'esprit sur la fameuse photo de Gainsbourg, "revisité en trav haut de gamme", maquillé oreilles rabattues, cheveux plaqués, un cigarillo à la main... "Bill je veux être belle avait dit Gainsbourg à Klein."
Dans Libération et le Monde on salue aussi un grand d'Espagne, un grand des lettres espagnoles, l'écrivain Javier Marias disparu dimanche, qui n'a pas eu le Nobel, il aurait pu, qui venait des traditions de l'Espagne républicaine;, il était lis-je un homme d'élégance, il avait refusé un prix pour ne pas cautionner le gouvernement qui venait de suspendre les aides aux bibliothèques, il pensait qu'cordonnier aurait pu intéresser autant que Proust pour peu qu'on possède autant 'informations sur sa vie, il avait écrit ceci dans un roman dont le titre, "Demain dans la bataille pense à moi", venait de Shakespeare: "Jamais personne ne pense que quelqu'un va mourir au moment le plus inopportun."