L’original du procès-verbal du serment du Jeu de paume, un exemplaire sur vélin du procès de condamnation de Jeanne d’Arc, des manuscrits de Rousseau, un codex aztèque, mais aussi le masque mortuaire de Mirabeau ou le pistolet avec lequel Gambetta se serait mortellement blessé… Autant de pièces qui sont précieusement conservées dans une salle de l’Assemblée nationale : la chambre forte.
Son emplacement dans le palais Bourbon est tenu secret. Sa porte ne s’ouvre pas facilement, au sens propre comme au figuré. Mais une fois à l’intérieur, difficile de retenir Pierre Bosse, le chef de la bibliothèque de l’Assemblée. Il pourrait parler des heures de chaque œuvre conservée en ce lieu. Un "trésor considérable accumulé depuis 1789", souligne-t-il.
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À écouter : La chambre forte de l'Assemblée nationale, où se cachent les archives du pouvoir
Un emplacement secret, sauf pour les gendarmes de l'Assemblée
Pour assurer la conservation de ce trésor, la pièce protégée par une porte blindée est placée sous haute surveillance : on y contrôle le degré d’humidité et la température en permanence. Par ailleurs, "la première instruction des gendarmes en cas de danger sur le palais Bourbon, c’est de prendre les armoires sur roulettes où sont rangées les œuvres les plus précieuses pour les mettre en lieu sûr", précise encore Pierre Bosse.
Pierre Bosse, le chef de la bibliothèque de l'Assemblée nationale © Radio France - Rosalie Lafarge
Si la présidente de l’Assemblée a pu se rendre dans la chambre forte pour la première fois au bout de près d’un an de mandat, l’existence même de la pièce n’est pas connue de tous. Le patron des troupes MoDem du palais Bourbon, Jean-Paul Mattéi, confesse qu’il ignorait la présence d’un tel lieu au cœur de l’institution.
Presque un paradoxe quand on apprend les raisons qui ont poussé à la création de cette chambre forte. "La logique était de diversifier un fonds bibliothèque qui n'existait pas encore vraiment", explique ainsi l’historien Christophe Bellon, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université catholique de Lille. "Il y a eu deux bibliothécaires un peu originaux, qu'on appelait les premiers gardes des archives, qui ont eu une politique d'achat de ces documents très originaux qui ne servaient pas directement la fonction parlementaire, mais qui étaient là pour enrichir le mandat du parlementaire, pour lui montrer tel ou tel événement historique à partir du document. On trouve des ouvrages précieux qui contribuent à la connaissance de l'histoire que les parlementaires doivent avoir".
Parmi les œuvres conservées au sein de la chambre forte, ce manuscrit de Rousseau © Radio France - Rosalie Lafarge