La revue de presse
Mardi 20 février 2024
Street Press se souvient de Bary Keita, travailleur sans papiers ni contrat, mort en tombant d'une échelle...
... dont l'employeur a été condamné et la mère sera peut-être indemnisée... L'Equipe se souvient des poètes quasi-disparus du revers à une main que la force brute chasse du tennis. La Montagne nous dit deux retraités devenus immortels en découvrant une mouche préhistorique.
Vous nous parlez d'un nom...
Qui par le hasard d'une promenade et la majesté de la science est devenu immortel, nous informe la Montagne, ce nom le voici: Sammut, le patronyme d'un couple de chouettes retraités du Cantal, Rose et Claude Sammut, autrefois restaurateurs à Aurrillac spécialité paella couscous mais qui se passionnent en vrai pour les vieilles pierres, qui dorment dans la nature, et ainsi le 7 novembre 2021, les Sammut s'en furent dans un de leurs lieux fétiches, les carrières de Murat, qui il y a cinq millions d'années étaient un lac, ils en ramènent ce jour-là une un bloc de diatomite – une roche qui ressemble un peu à de la craie. Dans le bloc se trouvait un fossile d'insecte qui ne ressemblait à aucun autre dans leur nomenclature -ils l'envoyèrent à un chercheur dans une boite d'allumettes... Et deux ans après l'études est achevée, Claude et Rose ont découvert une mouche préhistorique jusqu'ici inconnue et on lui a donné leur nom: empria sammuti. Elle est eux pour toujours...
Sur le site Street Press vous lisez la patience de Samba Camara, qui depuis près de trois ans porte la mémoire de son ami, Bary Keita, qui avait 28 ans, un visage qu'on n'oublie pas, qui aimait le football et cuisiner aussi dans le hangar de Montreuil où ils habitaient avec 270 autres travailleurs en quête de destin.
Bary Keita était malien, sans-papier, employé sans contrat sur le chantier d'une résidence en consruction à Pantin. Le 17 avril 2021 Bary était tombé d'une échelle, une chute de cinq mètres, il était mort le lendemain. L'employeur de Bary avait dit que le jeune homme était tombé d'un mètre soixante, ayant fait un malaise à cause du Ramadan... Des mois à se battre alors et à faire venir la justice... Fin janvier l'employeur de Bary a été condamné pour « homicide involontaire dans le cadre du travail » et « travail dissimulé », de la prison avec sursis, des amendes pour le non-port du casqque et l'absence d'un échafaudage. Les proches de Bary Keita vont se diriger vers le pôle social du tribunal afin d'obtenir des indemnités pour la mère du jeune homme, qui dépendait de lui pour vivre.
A la Une de Corse-Matin, Gilles et Giusiana Mannoni montrent le portrait de leur fils Vincent, étudiant en médecine, qui s'est tué à 20 ans, en février 2021, parce qu'il était trop brillant, leur a dit un médecin, parce qu'ils prenait un anti-dépresseur qui l'aurait fait basculer pensent-ils croient-ils accusent-ils, ils cherchent, combien de temps pour savoir.
A la Une de la Charente libre voici Isabelle Charrier, 50 ans, elle était bonne vivante et joyeuse cuisinière, mais aussi diabétique et en danger, on lui a prescrit un médicament courant et réputé efficace qui l’a, dit-elle, envoyée en en enfer; dégout de la nourriture, nausées, vomissements, paralysie de l’estomac, elle a perdu 39 kilos en huit mois, elle prend un avocat. Me souviendrai-je de son nom?
On parle aussi de poètes...
Que la force brute chasse du tennis nous attriste l’Equipe, sur deux belles pages dédiées aux poètes quasi-disparus, les adeptes du revers à une main, ses slices déroutant, ses changements de rythmes, ses variations, son esthétisme, son incitation à penser, car oui il était une invite à l’imagination comme à l’abnégation, ce revers à une main dont, après Stefan Edberg, Roger Federer nous fit croire encore qu’il pouvait éternellement illuminer les sommets -quelle illusion…
Au classement ATP qui vient de tomber, le top 10 ne compte plus aucun pratiquant du revers à une main, qui nous reliait dit un jour Mats Wilander aux origines même du jeu… La puissance du revers à deux mains a balayé les nostalgies et les savantes maneouvres. Alors l’Equipe honore les résistants, notre vétéran Richard Gasquet, le bulgare Grigor Dimitrov, le jeune italien Lorenzo Musetti au revers élégant comme le marbre de Carrare, sa ville d’origine, Musetti qui préfère la beauté d’un coup à l’ivresse dune victoire; Dimitrov lui refuse de se dire qu’en jouant à deux mains il eut été plus fort sous la pression…
Tiendront-ils longtemps encore ces puristes? L’Equipe interroge le jeu, les joueurs sont si forts si vite, ils se ressemblent, vont-ils nous ennuyer? Nicolas Mahut retraité commentateur déconfit mais habité d'espérance veut croire que le tennis saura varier ses formes, il apprécie que Carlos Alcaraz, promis à dominer le monde, adepte du revers à deux mains, pratique encore les amorties, qui dira la beauté de l’amortie.
La Voix du Nord elle aussi m'invite à l'extase qui se mérite, en l'occurence celle de Wagner dont on va jouer Tristan et Isolde à l'opéra de Lille, cinq heures de spectacle! On peut s'y préparer, il y a des conférences, ensuite on saura toucher cette musique qui est intime, parle à chacun de nous me dit le journal, grand frère attentif... La dernière fos qu'on avait joué Tristan et Isolde à Lille c'était en mars 1944 sous l'occupoation et l'opéra était rebaptisé Deutsches Theatre, Wagner méritre mieux que cela.
On parle enfin d'un chantier naval...
Les chantiers de la Seyne-sur-mer dont la gloire est passée mais qui reviennent dans Nice-Matin et le site de Var Matin, pour deux frères, qui y furent menuisiers, il y a un siècle, à peine arrivés en France, ils avaient appris la menuiserie dans un orphelinat au Liban, orphelins du génocide arménien. Ils s'appelaient Missak et Garabed Manouchian, Garabev était l'ainé de ce Missak qu'on honore cette semaine... Ils posent sur une photo, ils sont très beau, qu'ils avaient enoyé à leurs amis au Liban, quel air sérieux est le leur... Missak avait écrit ceci au dos de la photo: « Les années passent. Tout s'étiole et s'efface comme la brume du matin. Peu à peu les souvenirs de la vie aussi." Garabed est mort en 1927 de la tuberculose, je me souviendrai de son nom.
Dans Society, encore en kiosque, prenez le tremps de lire la mort il y a deux ans et surtout la vie avant de Federico Aramburu, tué par balle au petit matin du 19 mars 2022 dans une rue de Paris après une rixe avec deux adeptes de l’ultra-droite. C'est un long récit magistral qui nous amène au drame et faitr revivre avant ce rugbyman argentin, qui enfant chantait si fort si bien dans la rue au nom des disparus sous la dictature dans son pays que les syndicalistes l'empruntaient à sa mère pour galvaniser leurs troupes.
Dans Libération, vous lirez le mystère d'un prêtre disparu dans le Morbihan, le père Christophe Guégan, parti en voiture pour célébrer la messe dans l’école pour filles traditionaliste des Dominicaines du Saint-Esprit et qui n'a jamais réapparu. Les enquêteurs pensent au suicice, mais se suicide-t-on quand on sert Dieu et tant de paroisses, des rumeurs naissent, on me parle d'un Saint, Guénolé qui près d'ici affronta le diable. Un habitant nous dit: «Vous savez, en Bretagne, quand on n’a pas d’explication rationnelle, on fabrique une légende». John Ford disait cela du grand Ouest dans « l'homme qui tua Liberty Valence ». Print the legend.