La revue de presse
Jeudi 4 avril 2024
La Vie nous raconte dans un village rwandais le pardon et l'amitié d'une veuve et de l'assassin de son mari...
Le Point nous dit les femmes et fillettes esclaves sexuelles des satrapes bigots de Daesh. Dans le Nouvel Obs, le dessinateur Manu Larcenet nous explique sa Route de Cormac McCarthy. Dans le Parisien, un jeune lutteur arménien qui a préféré sa mère à la gloire olympique qui passait par Bakou.
Vous nous parlez d'une vache…
Qui se nomme Ineza et que son propriétaire Thacien caresse dans leur village pauvre, Mbyo, au coeur de l'Afrique, où il faut marcher des heures pour se rendre aux champs, et Ineza, une bonne bête pourtant, ne donne pas assez de lait pour toute la famille...
Mais faut-il se plaindre quand la vie vous a proposé une seconde chance. Ineza est cette chance, que le gouvernement du Rwanda a donné à Thacien, pour prix de ses aveux; Ineza la vache a été offerte à Thacien dans le cadre du programme de réinsertion des anciens génocidaires.
Car il fut Thacien, un de ces Hutus qui massacrèrent il y a trente ans leurs compatriotes Tutsis leurs voisins, leurs amis. En prison, Thacien a demandé pardon, il dit: « Grâce à Dieu », il a écrit aux Tutsis rescapés de son village où il est revenu, terrorisé d'abord, avec sa vache, et puis il est allé voir Laurence, sa voisine son amie, la mère de son filleul, et il lui a dit, que c'était lui, Thacien, qui avait tué son mari!
Ils sont ensemble dans l'hebdomadaire la Vie qui les raconte avec scrupule -Thacien et Laurence, la veuve et l'assassin repenti, elle hiératique, lui très maigre. C'est un de ces articles qui nous viennent quand à partir de demain on commémore au Rwanda les trente ans du génocide et Libération raconte comment après le massacre on avait arrêté d'enseigner l'histoire aux enfants, avant de trouver les mots.
A Mbyo, Thacien et Laurence sont redevenus amis, elle dit qu'elle a trouvé dans les Evangiles la force de lui pardonner, ils s'entraident, Laurence organise le mariage d'un enfant de Thacien, né après le drame, il a demandé pardon à ses enfants pour l'homme qu'il avait été avant eux, elle les encourage a pardonner à leur père.
L'histoire que vous lirez dans le Point, celle des femmes et des fillettes yezidies que les potentats de Daeshréduisaient en esclavage sexuel, n'en est pas encore au stade du pardon; elle est une atrocitéque l'on savait sans la connaitre vraiment et que le journal nous amène, portée par l'écrivain Kamel Daoud qui est allé traduire, expliquer, un documentaire d'un confrère que les djihadistes menacent de mort; Majid Hamid, directeur du bureau de la chaîne saoudienne Al-Arabiya à Bagdad.
Hamid a interrogéune veuve et la fille d'Abou Bakr al-Baghdadi, le chef du califat de daesh, elle lui ont révélé ses turpitudes, il a interrogé des victimes... Ashwak enlevée à dix ans, qui put s'échapper et recherche sa soeur et sa cousine, prises comme elle en 2014 et qui appartenaient au harem de Al-Baghdadi, elles sont parmi les centaines de jeunes filles dont on a perdu la trace... On lit comment pour satisfaire leurs appétits sexuels, les satrapes de Daesh avaient ranimé des lois archaïques. « Aucune femme n'est licite pour l'homme si elle n'est pas son épouse ou sa propriété, sa servante. La servante ou l'esclave le deviennent par la guerre. » Ils s'échangeaient les femmes, violeurs rigolards, dans un marché aux esclaves sur Whats app, une fille aux yeux bleus valait plus cher, mais encadraient leur vice de lois religieuses, on ne couche avec son esclave que si elle est purifiée après son cycle menstruel -des muftis, des juges religieux, encadraient l'horreur...
On parle aussi d'un dessinateur...
Manu Larcenet, artiste de BD, qui longtemps s'est raconté lui-même et dont les personnages affublés de gros nez semblaient du coup innocents... C'est lui qui le dit...
Larcenet qui cette fois est allé traduire en dessin un livre lourd, sordide, « la Route » de Cormack Mac Carthy, la marche d'un père et d'un fils dans un monde détruit... Vous le lisez sur les sites du Monde et de Libération, Larcenet, et dans le Figaro aAstrid de Larminat trouve des mots pour imaginer l'oeuvre... "Dans les six premières cases, qui forment comme les six jours d'une Genèse avortée, des volutes de fumées noires convulsent et grimacent. A la septième, elles envahissent la totalité de l'espace. Alors l'homme apparait‚écrasé au bas de la deuxième page, allongé, enfoui sous un monceau de couvertures informes, protégé du chaos qui le surplombe par une bâche fixée au des bâtons. Il a les yeux grands ouverts sur les ténèbres. A ses côtés, l'enfant dort. "
Et vous le lisez surtout sur le site du Nouvel Obs, Larcenet, où planche après planche, longuement, il décrit son dessin, sa genèse, ses raisons et c'est une invite à l'art, à la compréhension...
"J'ai mis des jours entiers à trouver les postures. Ils ne peuvent pas être droits. Ils ne peuvent pas faire des grands pas. Ils ne peuvent pas courir. Ils ne peuvent pas être trop raides. J'ai compris qu'il fallait que j'efface. Quand tu gommes le bout des pieds, tu sens qu'il y a de la poussière dessus. Plus je vieillis, plus je m'aperçois qu'il faut regarder plus que dessiner. A la fin de sa vie, Hokusai disait quelque chose comme : "Bientôt, j'aurais dans ma tête assez de formes pour représenter le monde". Quand on comprend la fonction d'une chose, on peut la reproduire. »
Le Figaro dans son cahier littéraire, nous raconte des livres, des romans de fin du monde, c'est le moment. La Montagne et le Populaire du Centre nous disent que dans les drames de notre temps, la visite d'Oradour sur Glane village martyrisé il y a 80 ans, change de de dimension. Libération nous invite à un philosophe Jacob Rogozinski, qui dans son dernier livre, "Inhospitalité", s'interroge sur le rejet que de plus en plus inspirent les migrants, qu'on ne tue pas mais qu'on laisse mourir. Il est des jours où les journaux ne nous épargnent pas.
Et on parle enfin d'un grand frère…
Qui tance son cadet dans un appel facetime: « Alors tu y vas? Imagine, s'il t'arrive quelque chose, ma vie, celles de nos parents et grands-parents seront fichues. Tu es vraiment égoïste ! » lance Sacha à Gagik, et lui raccroche au nez, et Gagik reste seul, lui le lutteur aux rêves olympiques que sa famille le presse d'abandonner -parce qu'elle a peur pour lui, parce qu'ils sont arméniens, et le chemin des jeux de Paris passe par un tournoi de qualification à Bakou, en Azerbaidjan.
Vous le lisez dans le Parisien, Gajik Snjoyan, jeune homme barbu aux yeux affamés, de cette gloire qu'il a mise en péril, car il a renoncéà Bakou, laissant la place à un copain qui pourra lui souffler le ticket pour Paris. Il a fini par appeler sa mère, « tu as gagné maman ! »...
Vous lirez son histoire, elle pourrait avoir la simple beauté des sagas de champions... Il était une fois une famille d'immigrés d'Arménie ayant fait de leur enfant, Gagik, un porteur d'espérance, un champion de lutte, sport national chez eux/.. Gagik, champioin français, fidèle à son destin, était prêt à aller à Bakou, même si dans la guerre les Azeris lui avaient tué des cousins, des amis... Mais il a préféré sa mère à la justice... « Quand elle ne sera plus de ce monde, je me souviendrai que je l'ai rendue heureuse. »
Dans la Charente libre, vous lisez Philippe, qui il y a un an a recueilli un bébé chevreuil qu'il refuse de remetrre à la nature, où sans lui il mourra, où les chasseurs l'attendront. Ne me dites pas que Bambi n'a plus d'importance.