La revue de presse
Jeudi 9 mai 2024
Une autre flamme est partie d'Eure-et-Loir, pour l'Amérique, en souvenir de la Libération, l'Echo républicain
Lequipe.fr raconte les complicités de la mode et du sport, la jupe-culotte de Lily Alvarez conçue en 1931 par Elsa Schiaparelli. La Croix l'Hebdo raconte la résurrection du "Napoléon" d'Abel Gance. Sur le site du point l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, marie l'harmonie bouddhiste à celle du cosmos.
Vous nous parlez d'une flamme...
Qui hier loin de Marseille, à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien dans l’Eure-et-Loir a commencé son chemin, nous dit, seul de son espèce l'Echo Républicain… Quand la majesté du Belem à l'approche de Marseille illumine la Une de l'Equipe et la joie de Jul, la flamme olympique à main gauche, deux doigts dressés à main droite, prend les Unes de la Marseillaise et de la Provence...
En comparaison, qu'elle semble gracile la Une de l'Echo Républicain, est-elle fragile cette flamme que je vois à peine, derrièreune photo du général Patton, dont les chars il y a 80 ans libéraient le pays, la photo ne brille pas, elle a été prise hier soir vers vingt heures, lumière étouffée. La flamme a été nourrie sous l'Arc de Triomphe au soldat inconnu, elle a été conduite ensuite au bord de la Nationale 10 au monument Patton, qui est la première étape de la Voie de la Liberté, un chemin qui se souvient... Des jeunes gens vont voyager avec elle jusqu'aux Etats-Unis, en souvenir du D-Day.
Dans Paris-Normandie je vois un de nos libérateurs, Harold Terens, un de ces durs-à-cuire que le destin a épargné... Il était dans l'armée de l'air, dans les communications, il a perdu des amis par dizaines, des pilotes, tombés en Normandie, il a convoyé des avions jusqu'en Ukraine soviétique pour bombarder des champs de pétrole roumains que les nazis utilisaient, il a survécu à l'attaque de la base par les allemands, et a survécu aussi un soir de beuverie à un bombardement allemand en Angleterre, qui a détruit le pub qu'il venait de quitter, on lui avait refusé la dernière bière, c'était l'heure de la fermeture…
Et le voilà devant nous Harold Terens, il a cent ans, une chemise à carreau, une casquette world war 2 veteran, et si Paris-Normandie (après Ouest-France et comme d'autres journaux) s'intéresse au gaillard, que le président Macron a décoré il y a 5 ans, c'est qu'il nous revient… Le samedi 8 juin à Carentan pas loin des plages de la libération, Harold Terens, veuf de Thelma, va épouser, secondes noces, Jeanne Swerling, elle aussi une veuve, âgée de 96 ans. D'elle il dit qu'elle illumine sa vie, de lui elle dit qu'il « est incroyable, beau et embrasse très bien. »
Si l'on parle d'amour et de militaires, dans l'Indépendant je vois un général ému de 92 ans, Bernard Josz, qui hier décorait son épouse Anne-Marie, fière robe blanche, l'accueillant dans l'Ordre national du Mérite dont il est le grand-maître, récompense de près de 40 ans d'engagement comme porte-drapeau. Elle vient Anne-Marie d'une famille de militaires ayant payé le prix de l’engagement: « Cinq homme de ma famlle sont morts au champ d'honneur, chez moi il n'y avait que des femmes endeuillées, alors au lieu d'aller à la plage j'allais porter les drapeaux dans les commémotations…" Bernard et Annie se sont connus lors d'une cérémone de la résistance à Rieux-Minervois il y a trente-sept ans, ce fut un coup de foudre...
On parle aussi de jambes...
Et d'une autre libération que nous rappelle le site de l'Equipe, celle du corps des sportives dont une espagnole fut l'incarnation, Elia Maria Gonzalez-Alvarez y Lopez-Chicheri, dites Lily Alvarez, top cinq mondial comme on ne disait pas alors ce 24 juin 1931 quand elle s'avança sur le centre court de Wimbledon, de blanc vêtu, bras nus, mais surtout portant une jupe culotte, un vêtement de garçon autant dire... Et ce fut un shocking, imaginez, mais l'admirait aussi, Lily, dont l'Auto ancêtre de l'Equipe disait ceci.
« Elle est unique en son genre, elle n'aime pas suivre les sentiers battus. Foin des jugements tout faits, des pensées périmées, des opinions déjà portées (…) Comment lui en vouloir de son cordial sans-gêne ? Le principal est qu'elle soit elle-même. »
Et cette splendeur datée me vient dans un superbe long-format sur les complicités entre le sport et la mode, car la jupe-culotte de Lily Alvarez était signée Ellsa Schiaparelli, grande créatrice amie de Dali et de Cocteau, "adepte d' une mode colorée, théâtrale, qui créera plus tard une robe en organdi blanc avec un homard rouge sang, gigantesque, positionné scandaleusement juste entre les cuisses", et qui inventa un parfum nommé Shocking...
Je lis aussi que Michel Platini, qui avait découvert la mode en Italie où à son arrivée à la Juve on le prenait pour un péquenot mal habillé, organisa la plus grande rétrospective Yves Saint-Laurent, 300 mannequins, en ouverture de la finale de la coupe du monde 98… Etre français, c'est cette classe aussi.
Sur le site de Ouest-France, je lis les joyeuses mémoire de la famille Padou, sportifs aquatiques dont l'ancêtre Henri fut, dit-on, le plus grand joueur de water-polo de tous les temps, fierté des enfants de neptune, club phare de Tourcoing, champion olympique avec la France il y a cent ans à Paris. Au premier tour, la France avait battu les Etats-Unis, avec lesquels jouait Johnny Weissmuller, qui ces jeux-là remporta le 100 m nage libre avant de passer au cinéma... Padou chipa la balle cinq fois à Johnny, qui en fut conquis et lui écrivait des missives à cette adresse, "Henri Padou, France", Henri était l'ami de Tarzan!
Dans la Croix l'Hebdo, qui sort aujourd'hui, on nous raconte l'épopée de la résurrection d'un film, le "Napoléon" d'Abel Gance, monument de cinéma, étrange maudit mal aimé à sa sortie en 1927, remonté tailladé éparpillé, pillé, et qu'on a reconstitué… Des centaines de bobines précieuses à comprendre, l'impression de « ranger l'atelier de Michel-ange », dit Georges Mourier, l'homme-orchestre de la résurrection... On va le voir, ce "Napoléon", les années d'enfance du futur empereur, à Cannes, et sur Netflix bientôt qui est mécène... Gance parlait du cinéma comme un compositeur, il avait cette expression, «la musique de lumière", rien que lire cela on est récompensé.
Et on parle encore d'un film...
Qui est une consolation en nos temps compliqués et que le Parisien a choisi pour sa une plutôt que les Jeux olympiques, c'est dire: « Un p’tit truc en plus », de l’humoriste Artus qui raconte deux bandits maladroits père et fils qui se cachent de la police dans une colonie pour handicapés... 1,12 millions de spectatueur en une semaine... Seul « Dune » a fait mieux... Et le Parisien se souvient d'Intouchables et de Dany Boon aussi pour trouver des références à une comédie lumineuse d'humanité -et tout à sa joie, le journal ne pitche même pas le film, sa bonté se suffit à elle-même...
Le Point dans son édition de papier m'entretient de molécules miracles qu'on nous promet pour maigrir, qui viendront bientôt chez nous après l'Amérique, et m'apprend aussi que le groupe danois Novo Nordisk, inventeur d'un coupe-faim miracle est la première entreprise d'Europe par sa capitalisation boursière: c'est un marché l'obésité... Et aussi est du bonheur si je lis ceux qui y ont gouté...
Mais c'est un autre bonheur qui est le don du Point ce jour, sur son site... Un entretien mystique avec un grand scientifique, l'astrophysicien américain d'origine vietnamienne Trinh Xuan Thuan, qui dit de lui-même: « Je suis l'enfant des étoiles et le frère des bêtes sauvages ». Il parle de l'harmonie du bouddhisme et de l'harmonie des galaxies dont il découvre l'histoire en les observant, puisque la lumière est lente à venir et nous dit ce qui est déjà arrivé. Sa famlille fut persécutée sous le communisme, il est passé par là. Il dit: "En donnant le message que nous sommes tous des poussières d'étoiles, que nous sommes tous interdépendants, je transmets un message de paix et de compassion. Parce que nous sommes tous frères et sœurs, nous devons exercer la compassion sur ce monde, et essayer d'aider les autres dans leurs souffrances. » C’est une flamme.