La revue de presse
Mercredi 5 juin 2024
Quand l'armée américaine achetait des pianos pour les envoyer aux soldats de la Libération, Télérama.
Dans la Manche libre on lit l''odyssée de Mathilde Morin qui avait quinze ans le 6 juin 1944, quand Saint-Lô fut détruite. Ouest-France dit Adolf, soldat allemand qui épousa une française et francisa son nom. Sud-Ouest et Libération se souviennent du premier mariage gay en France il y a vingt ans.
Et d'abord un piano!
Qui traversait l'Atlantique il y a quatre-vingt ans pour soutenir le moral de nos libérateurs…
Ces jeunes soldats américains qui retrouvaient le gout du pays en chantant autour de l'instrument… Comme chez eux au saloon à la maison à l'église…
Elle est dans Télérama, l'histoire des Liberty Verticals de la firme Steinway and sons, dont l'armée américaine acheta 5000 exemplaires entre 1943 et 1953 -ces pianos firent aussi la guerre de Corée…
Liberty, on comprend, verticals car c'étaient des pianos verticaux droits et solides, 200 kilos un mètre de hauteur, du bois exotique très dur pouvant voyager, recouvert de trois couches de peinture Olive drab, la couleur des uniformes, muni de quatre poignées et livré avec des partitions allant du ragtime au chant religieux.
La légende disait que les pianos aient été amenés par les airs, voire parachutés -en vrai ils furent amenés par bateau,…
Mais ils témoignent à la fois des attentions que l'Amérique prodiguait à ses boys et de sa culture musicale d'alors, quand un gamin sur quatre prenait des leçons de piano! Un président des années 20 Calvin Coolidge, disait qu'il ne pouvait pas imaginer une maison américaine « sans une bible sur la table et un piano dans un coin »… Et dans ses pianos de guerre l'Amérique se raconta son histoire…
Ces Liberty Verticals furent aussi le talisman de Theodore, le patron de Steinway and sons, que la guerre avait frappé dans son être -réduit à fabriquer des cercueils puis des planeurs avec ses stock de bois, et que les pianos de la victoire rendirent à l'histoire… Ses quatre fils appelés à se battre revinrent vivants de la guerre nous apprend Sonia Devillers -et oui la nôtre de France Inter, dont le piano est une passion, et c'est elle qui raconte cette histoire dans Télérama... Télérama qui publie aussi un portrait de notre Madame chanson Aline Afanoukoé, dont le papa joua dans Rabbi Jacob, et une interview de Nicolas Demorand, sur, contre la fusion possible des audiovisuels publics… Fiertés?
Mais est-elle trop belle à entendre l'histoire des pianos -ce jour où la France se souvient que la Libération fut aussi la mort de milliers d'innocents?
Car on parle de Saint-Lô dans nos journaux...
... où se rend aujourd'hui le président Macron, Saint-Lô que l'écrivain Samuel Becket baptisa capitale des ruines, après que les alliés l'aient bombardée entre les 6 et 7 juin 44...
Et dans la Manche libre, qui est l'hebdo de Saint-Lô, et qui a gardé les caractères d'imprimerie du journal clandestin que dans la résistance animait son fondateur Joseph Leclerc, caractères achetés discrètement à Paris à la fonderie, Deberny et Peignot et cachés à Coutances sous les fraisiers du jardin...
... Dans la Manche libre donc, dont confraternellement Midi libre raconte l'histoire, et se souvient d'un édito de 1984 -les quarante ans du débarquement, où Joseph Leclerc écrivait ceci: "Nous étions gonflés d'espoir, de hardiesse à l'idée d'une fin de la nuit, prêts à toute chose sauf à ce qui allait se produire: l'écrasement des villes, des communes rurales, le feu les morts les blessés sous les flammes..."
… Dans la Manche libre donc vous rencontrez Monique Morin qui avait quinze ans la nuit du 6 au 7 juin 1944 et qui vit le déluge de feu détruire sa ville depuis le dortoir de son pensionnat, les filles du Bon sauveur, et puis elle attendit l'obus qui en la tuant la délivrerait de la peur, réfugiée dans les caves avec ses copines des bonnes soeurs et des aliénés de l'hôpital psychiatrique... mais l'obus quand il vint détruisit une autre aile du bâtiment, la laissant libre de fuir en robe de chambre, 50 kilomètres sur les chemins entre les bombes qui tombent encore et les allemands qui se replient, des cadavres jonchant les sentiers... Monique Morin écrivit son calvaire un an après, des feuilles d'écriture, conservées aux archives départementales. Désormais vieille dame, elle refuse d'aller aux défilés, aux reconstitutions de l'exode, qu'elle trouve insoutenables, tant les figurants sont trop propres trop bien habillés, si loin de ce qu'elle fut...
Vous en lirez également dans le Télégramme et dans Ouest France, des souvenirs de Saint-Lô, et je relis ces mots de Prévert, "Quelle connerie la guerre", ils viennent dans un poème nommé Barbara qui parle d'une femme amoureuse sous la pluie à Brest elle aussi bombardée et dont après guerre il ne ne restait rien... et ces mots viennent à Jaques Cahut qui avait 11 ans quand il s'est enfui avec des clients de ses parents; Pauline et Georges, ils étaient boulangers, et en revenant dans sa ville rasée, après des mois de fuite à dormir dans une grange, à voler des oeufs et traire des vaches pour vivre, Jacques avait appris qu'il n'avait pus de parents.
Dans Ouest-France encore, je lis une tendresse, un soldat allemand prénommé Adolf, oui comme l'autre, qui sur l'ile de Groix en Bretagne, sergent et mécanicien de l'armée d'occupation tomba amoureux d'une jeune coiffeuse, Denise, avec qui il aida des prisonniers américains et qu'il épousa après guerre. Il revint à Groix où il ouvrit un garage, garage Adolphe, tout le monde l'aimait, les marins et les gosses l'appelaient "peupé Adolphe", il avait francisé son nom.
On parle aussi d'événementiel...
Et d'une agence dont c'est le métier, créer organiser ces grandes cérémonies, ces commémorations ces hommages qui ponctuent le présent... Et Libération nous raconte la gloire de Shortcut events, dont les patrons Christophe Pinguet et Lionel Laval, disaient il y a 5 ans à Forbes qu'ils contribuaient à l'histoire de France et à celle de l'humanité... C'est Shortcut events qui met en scène les 80 ans du débarquement demain à Omaha beach, et qui a mis en scène l'inauguration de la cité internationale de la langue française à Villers-Cotterets et les entrées au Panthéon de Mélinée et Missak Manouchian, de l’écrivain combattant de 14 Maurice Genevoix, de Simone et Antoine Veil, des résistants Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay Germaine Tillion, Pierre Brossolette, du poète et politique Aimé Césaire, et aussi d ‘Alexandre Dumas -depuis 2002 le Panthéon, c'est eux...
Et cette constance au sommet interpelle les concurrents et Libération y a t-il un favoritisme, une problème d'équité au bénéfice de Short cut dont Emmanuel Macron a reçu un des patrons, -mais l'inéquité se murmure, souvent anonymement, elle ne se prouve pas si simplement. Mais l'article crée une atmosphère...
Elle répond cette atmosphère à la série d'articles que consacre le site Mediapart à une institution du football français, le Variétés club de France créé par le journaliste ancien de chez nous Jacques Vendroux, et qui fait jouer de vieilles gloires pour des causes caritatives... Oui mais, a révélé Mediapart, une agence nommée Ventilo Sports, dirigée par le fils de Jacques Vendroux et le fils de l’ex-« ange vert » Dominique Rocheteau, organise les événements du Variétés et, lors d'un match au profit des pièces jaunes, l'agence vendait aux sponsors des places pour le diner de gala à l'Elysée -Emmanuel Macron avait joué dans ce match de charité qui n'était pas perdue pour tout le monde... Et cette proximité titille Mediapart, qui affirme également que Clairefontaine, le Centre national du football, a a été emprunté par l'Elysée à la fédération, en l'honneur du président de la république démocratique du Congo Felix Tchisekedi, qui aime le ballon, et l'organisation de la visite, match compris, a été confiée à Centilo sports, et le Variétés jouera un match à Kinshasa...
Est ce un hors-jeu?
On parle enfin de pouvoir...
Et par le Figaro et par la génétique j'apprends que les sociétés celtes d'il y a quelques 2500 ans étaient matriarcales: l'analyse de sépultures de personnalités de haut rang enterrées au sud de l'Allemagne montre des proxilités génétiques via les lignées maternelles, je résume, le Figaro dit ça mlieux que moi et me dit aussi que Plutarque, auteur romain, racontait que des gauloises s'interposaient et arbitraient les conflits... On n'avait pas encore inventé le manterrupting...
Dans Sud-Ouest et dans Libération, on se souvient du premier mariage gay en France, une cérémonie pas encore légale mais puisssamment symbolique organisée le 5 juin 2004 par l'alors député et maire vert de Bègles Noel Mamère -Bègles où le même jour se souvient Mamère il y avait aussi une fête de la morue! Et il dit à Sud-Ouest que ce fut une simple belle journée, un samedi comme un autre -ils s'aiment encore Pablo et Stéphane et aujourd’hui, vingt ans après, se marient pour de bon, je veux dire avec la bénédiction de l'Etat, dans la même mairie...
Ce sont de jolies choses parfois dans les journaux.
Quand le Monde nous raconte comment les exilés birmans font vivre les guérillas qui s'opposent à la dictature militaire, le Canard enchainé, qui n'est pas que caustique, me dit que ressort un livre pour enfants que mon père aima et me fit aimer et que j'ai fait lire à mes gosses: une histoires de mômes qui se disputent un terrain vague, un terrain de jeu dans le Budapest de 1889. Il s'appelle « Les garçons de la rue Pal », mon père disait « les gars de la rue Paul », de Ferenc Molnar, mon père disait « François ». Les gosses se battenr pour, est-il écrit "un lopin de terre infidèle" qui va disparaitre, on y construira une banque.. Il annonçait tant de conflits, ce roman d'avant les massacres, Prévert nous l’ a redit.