La revue de presse
Lundi 17 juin 2024
La Provence, Libération, le Monde racontent les (haut) fonctionnaires quand le RN peut prendre le pouvoir.
Le Parisien dit les commotionnés de la dissolution. L'Equipe joue sur la langue pour positionner Thuram à la gauche de Mbappé. Le Figaro dit la sublime bande-son du Napoléon de Gance. Dans la Croix, Frédéric Joly nous adjure de prendre soin de nos mots, car la crise de la langue est politique.
On parle d'un positionnement…
Qui est une question majeure, l'endroit d'où l'on agit, d'où l'on aborde le monde… Et l'Equipe a choisi la finesse ce matin, finesse de notre langue propice aux sens cachés…
Et ainsi ce titre page 6, « Pourquoi Thuram est à gauche de Mbappé » -qui semble prolonger les paroles successives de de nos attaquants, Marcus Thuram nous ayant demandé de nous battre pour que le RN ne passe pas aux législatives, Kylian Mbappé ayant repris le discours, en nous avertissant non pas simplement contre l'extreme droite mais contre LES extrêmes, nuance qui le placerait dont plus au centre et Thuram plus à gauche
A ceci près que l'article de l'Equipe en page 6 parle de positionnement sur le terrain, car ces derniers temps la parole de Mbappé a été plus fluide que ses dribbles ses courses ses centres, et Didier Deschamps a recentré Mbappé en vers le but où il sera plus frais que sur l'aile dont il n'arrive plus à jaillir, Thuram jouant donc à sa gauche...
… ce qui va l'amener Thuram, à être à la fois attaquant et premier défenseur, en haut à gauche, explique dans sa chronique notre ami Bixente Lizarazu, dont l'article s'appelle « marquer son territoire », terme politique, Lizarazu dit que Thuram n'est sacrifié que d'apparence, et qu'il faut prendre ce qu'on vous donne pour devenir indispensable…
Et c'est aussi un mot de politique!
Comment ne pas le croire délibéré ce matin où nous entrons dans l'Euro contre l'Autriche, quand l'Union et l'Ardennais racontent que les bars sont prêts pour la fête mais partout en France des Unes jouent sur la langue… Gagner le premier tour, dit l'Equipe les bleus entrent en campagne, dit le Télégramme, le moment de s'engager titre sud ouest, comme pour se rappeler les paroles de Mbappé sur un match moins important que les élections.
L'Equipe se souvient comment Kylian, âgé de 17 ans, alors à Monaco, après un choc tête à tête avec le rude crâne d'un défenseur breton, victime d'une commotion, sortit sur une civière et son absence changea son jeu, l'éloignant du jeu de tête… Nous sommes souvent le fruit de nos circonstances.
Dans le Parisien, puisqu'on parle de commotion, je lis que depuis les européennes et la dissolution, les psys accueillent des citoyens en choc traumatique stressés déprimés anxieux rongés d'urticaire insomniaques ou se réveillant la nuit terrifiés, visionnant des documentaires lisant des livres sur l'accession au pouvoir des fascistes au siècle dernier- les psy qui eux-même ne vont pas toujours bien, évitent de projeter leurs angoisses sur leurs patients choqués.
On parle aussi de fonctionnaires…
Pour qui s'approche peut-être la circonstance, le moment de vérité, que feront-ils, si dans quelques semaines le Rassemblement national gouverne cette république dont ils sont l'armature? Et ils s'épanchent, des hauts fonctionnaires sur le site du Monde et dans Libération, des fonctionnaires à la base dans la Provence -où l'on se demande ce qu'il adviendra des gosses venus d'ailleurs, des familles migrantes de ces femmes enceintes qu' l'on suit à l'hopital, titre de séjour ou pas... Les soignera t-on encore les enseignera t on, ou seront ils ce gosses ces femmes chassés triés par la préférence nationale, faudra t il désobéir mais comment?
Et ces questions rebondissent dans la crème de nos administrations... Se couchera-t-il le conseil d’Etat, quand un gouvernement RN lui amènera ses lois de préférence nationale, comme il avait avalisé le statut des juifs de Vichy... Ou bien résistera-t-il, suivra-t-il Pierre Moscovici patron d'une maison voisine, la cour des Comptes. "Quand tout fout le camp, il reste les institutions. Je me muscle le cerveau, je me bronze l'âme, pour le pire. Il faut être prêt à résister. »
Oui mais si la résistance faisait de la haute fonction publique une caste de privilégiés, qui s'opposeraient au désir, au vote du peuple?
Alors on hésite, on tremble on est mal dans les hautes administrations, où le RN a déjà des relais qui jouent des fractures qui sont apparues entre le président Macron et ses hauts fonctionnaires, des CV partent vers l'extrême droite, et en même temps on s'alarme au quai d'Orsay sur l'abandon possible de l'Ukraine, on s'alarme de la présomption de légitime défense qui nourrirait des violences policières...
Et ces enquêtes du Monde de Libération de la Provence semblent un reportage dans un futur possible, une anticipation.
Et vous nous parlez enfin de 33 kilos…
Soit le poids d'une partition musicale de 1500 pages et que trimballe soupèse ingère apprend par coeur depuis 9 mois un chef d'orchestre allemand nommé Frank Strobel, qui devra la tenir en public début juillet… et qui a de la chance, pensons au tour de rein, elle est en quatre partie cette partition, mais il n'empêche, à la masse de notes, ou poids de son, « c'est pire dit strobel que la tétralogie », et ainsi dans le Figaro, pas peu fier et aussi soulagé dans ces temps de doute et de déprime… je lis un exploit français…
Puisque cette oeuvre qui surpasse Wagner est notre saga, celle de deux géants, nous parlons de la Bande son du Napoléon d'Abel Gance… Film mythique magique restauré, on vous déjà raconté cela lors du festival de Cannes, et dont la musique a été réinventée dans un collage un montage épique par un compositeur français, Simon Coquet Laffolye, qui a puisé dans 104 oeuvres, de 48 compositeurs différents, pour extraire 148 extraits musicaux agencés pour porter le film, et ainsi Beethoven Liszt Tchaikovsky et Wagner alternent pour rythmer le siège de Toulon, qui me dit le Figaro n'est pas seulement un sabre au clair mais une histoire de noue, et il faut imaginer ce que ressentirent nos ancètres devant ces images, en 1927, lors d'un ciné-concert inaugural à l'Opéra de Paris, moins de dix ans après l'armistice…
Bref, comme je ne devrais pas dire, à propos d'une bande son qui a nécessité 50 sessions d’enregistrement pendant 2 saisons et demi pour plus de 250 musiciens… Musiciens de Radio France, et cela aussi on le redit, Radio France, la musique de radio France est l'autre géant de cette saga… Et cette maison ronde d'où nous parlons était la seule institution française capable de mener ce projet à bien, dit le Figaro qui parfois nous égratigne, on se rejoint sur l'essentiel… La musique, j'en apprends des merveilles dans ce chouette papier qui sonne juste.
Dans la Croix l'essayiste Frédéric Joly nous adjure de parler juste. Il est auteur d'un livre majeur, « la langue confisquée », consacrée à iun homme, Victor Klemperer, qui avait disséqué la langue du nazisme. Il nous dit de prendre soin de nos mots, car la langue révèle l'état d'une société, le souci de bien nommer les choses est en crise, et nous refonderons ce pays en retrouvant une langue commune. J'apprends qu’il faut bannir le mot « système », qui ne dit rien de nous. Promis.