La revue de presse
Mercredi 19 juin 2024
Deux gamines françaises, juives toutes les deux, âgées de 12 et 13 ans, et qu'un monde sépare...
Une fillette violée par des gosses de son âge parce qu'elle est juive -affaire révélée par le Parisien- dit notre époque où la barbarie renaît, quand l'adolescente de 1945 entrant en cinéma, qui serait Anouk Aimée, dite par Libération, symbolise l'espérance infinie d'après le fascisme...
Vous nous parlez d'adolescentes...
Deux gamines françaises, juives toutes les deux, pratiquement du même âge à un monde d'intervalle...
L'une âgée de douze ans que le Parisien raconte ce mois de juin 2024, s'en allant promener chez elle à Courbevoie, abordée par trois garçons de son âge, 12 13 et 14 ans dont son ancien petit ami dit le parisien (et ce mot petit ami, qu'on emploie pour des personnes plus âgées que douze ans, me parait étrange à la lecture, mais ce n'est pas le premier sujet)... Et les trois ados ont emmené la gamine dans un hangar, et là l'auraient insultée frappée menacée et violée parce qu'elle était juive et ne l'avait pas dit à son ancien copain, qui dans son portable garde la photo d'un drapeau israélien brulé...
L'autre adolescente, que raconte Libération, se promène avec sa mère à Paris rue du Colisée dans Paris fraichement libéré, elle a 13 ans, née en 1932, elle fait plus que son âge, quand un homme les aborde qui propose à la fillette de faire du cinéma, j'ai un rôle pour vous, et d'abord elle refuse, elle veut être danseuse, mais sa mère la pousse et la voilà Anouk, son nom dans « La maison sous la mer », une histoire d'amour et de secret autour d'une mine de fer dans la Manche, que filme Henri Calef, lui réalisateur né juif en Bulgarie, communiste en France, qui eut sin moment et réalisa pour la télé, les dossiers de l'écran, un film sur Jean Moulin...
Elles me sont venues ensemble, la môme de Courbevoie dont j'ignore le nom, qui peut-être incarne notre époque où la barbarie affleure à nouveau, et la parisienne Anouk qui par une invention du poète Jacques Prévert sera Anouk Aimée, dont le cinéma, dit Libération, mettra du temps avant de savoir filmer « la grâce sauvage de ses gestes », et qui aura incarné l'inverse de ce que nous vivons: l'infini possible de la Libération, quand sortis de la guerre et du fascisme nous allions aimer... Et nous l'aimâmes Anouk par Fellini, par Lelouch, par Jacques Demy, qui fit d'elle Lola la fille de Nantes qui nous espère à la Une de Presse Océan, où je lis des mots d'un journaliste bouleversé en 1960, par « ce visage triangulaire aux yeux marrons d'une beauté merveilleuse », sur lequel apparaissait un sourire. Il écrivait ce confrère dans un journal qui s'appelait « La résistance de l’Ouest"... il y eut un journal de ce nom.
La Une de Libé elle aussi est belle, Anouk Aimée dont le bras la main se déplient sous elle, les yeux perdus et offerts à la fois, et beau l'article qui l'accompagne où la journaliste Anne Diatkine disserte sur les noms de la disparue, qui était née Nicole ou Judith Dreyfus, puis qu'on appelait Françoise ou Fanchon avant qu'elle soit Anouk... Et qui n'avait pas voulu dire son nom à l'officier allemand, un bon allemand, qui pendant la guerre l'avait ramenée chez sa grand-mère, alors qu'à la sortie de l'école de la rue Milton dans le 9ème des enfants la lui avaient désignée, « elle est juive, elle est juive »... Ressemblaient ils ces gosses aux petits bourreaux de Courbevoie.
Vous parlez aussi d'un regard...
A la Une de la Croix vous regardent des yeux incroyables, verts teintés de soleil, d'une jeune femme qu’un jeune homme romantique voudrait chercher jusqu'au bout du monde, mais je ne suis pas jeune et cette femme, dont seuls les yeux apparaissent dans une tenue islamique rouge et noire, vit dans un enfer, le camp d'Al Hol au Nord-est de la Syrie, d’où la journaliste Iris Lambert revient: 42000 personnes , des femmes des enfants, 70% des habitants ont moins de quinze ans, le soleil qui plombe, des abayas partout, qu'imposent des patrouilles qui imposent la charia, pas d'école pratiquement, et des cellules de Daesh qui se nourrissent de la misère... Le temps vous disais-je des barbaries renaissantes..
Dans le Wall street journal que publie l'Opinion, on lit la jeunesse palestinienne en Cisjordanie pour qui la paix n'est plus qu'un voeu pieux et le présent une dystopie quand ds drones israéliens peuvent même survoler, et lancer un message de dispersion au-dessus d’un pique-nique à Ramallah où une jeune habitante avait convié les journalistes... Mais Mahmoud Kilani de Naplouse, 22 ans, se souvient comment avant cette guerre, pour retrouver une jeune femme connue sur internet, il avait franchi le mur qui sépare Israel des territoires palestiniens, et avait travaillé dans des bars à Haïfa, ville méditerranéenne, et s'était fait des amis...
Dans l'Equipe vous lisez l'immense espérance et la nouvelle vie d'un homme dont le corps s'affermit, qu'il a forgé de muscles et de courage... Maho Bah-Villemagne, a obtenu sa licence pour combattre chez les hommes, lui qui était née femme et s'était réalisée comme boxeuse, avant d'entamer sa transition, il frappe plus fort de s'être retrouvé, il combattra le 6 juillet à Marseille, il dit que sur son parcours, il est militaire, lieutenant, une colonelle transgenre, un homme devenu femme, l’a accompagné. Il dit qu'il aime tellement la boxe qu'il aurait pu rester femme pour pratiquer son sport, il a le luxe immense de la vérité...
Aux Etats-Unis on pleure Willie Mays, mort hier nonagénaire, qui fut dans l'autre siècle un géant du base-ball, « intouchable et humain », lis-je dans le New York Times où l'on compare le swing de sa batte au pinceau de Rembrandt, et vous verrez le sourire éclatant le corps délié en suspension d'un homme qui avant de passer 22 saisons en ligue majeure, chez les Giants puis les Mets, entre New York et San Francisco, avait débuté dans les ligues noires où l'on confinait ceux de sa race, avant d'autoriser l’espérance. J'ai appris par l'Equipe que les statistiques du base-ball intègrent depuis ce printemps les exploits réalisés dans les *negro leagues:*dans un sport féru de chiffre,ce n'est pas rien...
Et on parle enfin de sucre...
Du sucre qui se promène là-haut et plus encore aux confins du Système solaire à 6,5 milliards de kilomètres du Soleil dans un lieu très glacé, moins 230 Celsius, nommé ceinture de Kuiper, au-delà de l'orbite de Neptune et qui abrite des corps modestes, souvent de formes curieuses, des patatoïdes me dit le Monde, qui sont des vestiges de la création de notre système.
Et parmi ces patatoïdes, il y a Arrokoth, dont le nom signifie ciel dans la langue disparue des indiens Powahtans -hommage de la science à un trésor qu'ici bas barbares nous avons détruit… et dont la forme est celle d'un bonhomme de neige, une boule de vingt km de diamètre de diamètre sous une boule de 15 kilomètres de diamètre…
Cette forme sympathique avait valu une petite gloire à Arrokoth quand une sonde de la Nasa l'avait photographiée il y a 5 ans. Mais sur les photos, une chose avait intrigué les astronomes, la couleur rougeâtre entre fauve et vermillon du bonhomme de neige? Pourquoi?
Et bien parce que ce bonhomme est un monde de sucre, on le sait maintenant, par une étude publiée dans une revue américaine dont le monde fait son miel.
Ici je simplifie. On a simulé Arrokoth et sa chimie en laboratoire à l'université de Hawaï et on a bombardé d'électrons, qui figurent les rayons cosmiques, une plaque de glace de méthanol (car on avait vu des traces de méthanol sur Arrokoth)… Et dans le bombardement la glace a viré rouge et sont apparus des sucres et leurs dérivés, entre autres du glucose, et du ribose, lequel est une composante du vivant, il est le R de l'ARN et le le Monde se demande si il y a bien longtemps un corps cousin d'Arrokoth n'est pas tombé sur terre pour nous apporter le sucre, qui est la vie.
Dans l'Union, je lis une vieille femme sympathique devenue célèbre pour ses sucres lents… Bernadette qui il y a deux ans avec une journaliste de Paris-match sortait un livre nommé « Un bol de coquillettes et puis voilà, comment vivre avec une retraite de 877 euros par mois. A l'époque, 2022, Bernadette qui vivait de solidarité et du Secours populaire était présentée comme une admiratrice de Che Guevara. Je la retrouve ce matin pimpante toujours se débrouillant comptant ses sous et l’électricité et électrice de Jordan Bardella dont elle espère 50 euros de plus par mois.