La revue de presse
Lundi 24 juin 2024
Jeanne caresse si bien les mots avec ses doigts qu'elle est, aveugle, championne de lecture, le Télégramme
Une doctoresse israélienne dit que les otages arrachés àGaza, pourront être un pont vers l'ennemi, le Monde. Les Echos dit les perturbateurs endocriniens qui nous rendent obèses. Le site du Nouvel Obs dit des êtres sauvés du burn-out et un start-upper qui a appris à pleurer.
On parle d’une espérance…
La plus surprenante qui soit, que je lis sur le site du Monde, elle vient d’un médecin, elle s’appelle Noya Shilo…
Elle est israélienne, elle anime un podcast écouté en Israel et dans le monde arabe, aussi, que depuis le 7 ocotbre, elle a rebaptisé « Parler de guerre et de guérison ». Elle travaille dans un grand hopital nommé Sheba, près de Tel-Aviv, où dès octobre les équipes se sont organisées pour préparer le retour des otages pris par le Hamas, et qu’il faudrait ramener à l’existence, et maintenant qu’elle les écoute, qu’elle les ressent, qu’elle les observe ces revenants qui passent par son service, qu’elle s’interdit de questionner sur leur captivité, mais elle aux aguets de « leur couleur, leur façon de respirer, de marcher, de parler, éventuellement leurs gémissements », maintenant qu’elle les entend, ces civils qui n’étaient pas préparés à être enlevés dans une guerre… elle nous dit ceci.
« Certains revenants ont un nouveau point de vue sur la situation parce que ce sont des Israéliens qui ont passé plusieurs mois à Gaza. Ils ont échangé avec des terroristes du Hamas. Et ils ont vu des choses d’un point de vue qu’aucun d’entre nous ne possède – parce qu’ils y étaient. J’ai entendu des choses qui m’ont surprise et donné une petite lueur d’espoir. Ces personnes pourraient être un pont. C’était très inspirant pour moi de voir comment, dans les pires conditions de captivité, certains arrivent toujours à voir l’humain de l’autre côté »…
Elle ne dit pas que cela, la doctoresse des revenants, mais on a envie de la croire, de penser avec elle que les revenants aideront les autres à construire -tant elle est parle avec tant de justesse de la fragilité des êtres à reconstruire, et dit aussi qu’en eux peut exister aussi une culpabilité - celle de quelqu’un qui sent que pour rentrer chez lui, quelqu’un a été tué. C’est comme des cris de bonheur et des cris de douleur et de deuil dans le même lieu », dit-elle de la conscience des revenants… et dans les nôtres si nous le voulons…
Dans Ouest-France je lis un autre médecin lui aussi voué à la réparation -celles de corps mutilés par les coutumes des hommes -des corps de femmes excisés qu’il reçoit au CHU d’Angers et dont il reconstitue les organes génitaux ravagés. Il s’appelle Sébastien Madzou, il est d’origine congolaise, c’est un collègue de Poissy, dans les Yvelines, qu’il avait vu dans un reportage il y a 19 ans, qui lui a enseigné la technique -j’aime cette idée de la transmission… Et lui-même formé, est allé en Afrique, au Burkina Faso, former à son tout des praticiens qui rendent à des femmes une dignité, le plaisir, la liberté… Il dit qu’il suffit de vingt minutes pour effacer chirurgicalement la blessure, mais le plus log, c’est de parler avec ces femmes, cela met du temps d’accepter que la vie revient.
Sur le site du Nouvel Obs je lis les larmes de Nicolas Jeanne, qui était un homme à succès, fondateur d’une start-up de cantines robotisées dans laquelle Xavier Niel parmi d’autres avait investi, quand par étapes brutales sont venues les palpitations, les lenteurs, un brouillard mental, l’angoisse l’insomnie la dépression l’hospitalisation, l’impression que « ma conscience était au-dessus de mon corps » et ainsi cet homme nous raconte son burn-out dont il est sorti par le sport, en regardant les autres, et par l’huile de foie de morue, et en pleurant aussi, car chaque fois que l’on pleure, il a entendu ça dans son groupe de thérapie, on libère une couche de merde. Il est l’un des personnages d’une série du site NouvelObs contre le burn-out qui n’est pas qu’une maladie de start-upper…
Dorian, jardinier musicien passionné et hautement sensible, avait de tels douleurs au ventre, qu’il a tout lâché, et il lui a fallu explorer sa propre histoire de garçon dont la mère enceinte attendait une fille, il a du passer par des états de conscience étrange, se sentir dans un bain comme dans l’utérus, s’écrouler comme un nourrisson terrorisé pour être là devant nous, parlant à un journal… Allez lire ces frères humains, auquel je ne peux rendre justice, si vite, un matin…
Vous parlez aussi d’une peur…
La peur d’un lycéen nommé Joshua que je rencontre sur le site du Point - qui le 30 mai dernier dans son bahut où des croix gammées sont dessinées sur les murs, a entendu une bribe de conversation d’autres adolescents d’où ressortaient les mots “'vengeance”, “palestiniens”, “planter”, “groupe” et “juifs”. » Et parmi ceux qui complotaient ainsi, il y avait un garçon qui en février alors qu’il rigolait au dernier rang avec des amis s’était retourné et lui avait dit, « il veut quoi le sale juif »… Et l’année scolaire presqu’achevée Joshua n’est pratiquement plus allé en cours -mais quand il est revenu pour une épreuve de bac, il a croisé le regard de l’autre garçon, contre lequel ses parents ont portés plainte, et dans ce regard il a vu qu’il lui voulait du mal…
Et c’est une histoire encore parmi d’autres, parmi tant d’autres articles depuis quelques semaines, sur l’antisémitisme, une atmosphère de poison -une vie quotidienne, se réduit-on à cela.
Flottent dans nos journaux, des mots de violence de ressentiment, de drames enfouis. Dans un reportage de Midi libre, à Narbonne, sur les électeurs audois du RN, je croise quartier Razimbaud un homme Mohammed, 73 ans d’origine marocaine, retraité à 630 euros mensuel, ancien cuisinier, en France depuis les années Pompidou, qui dit être de gauche, mais le RN a raison puis que ce sont les jeunes marocains et algériens qui vendent la drogue alors qu’avec les vieux marocains il n’y avait pas de problème… Bref. Mais il dit aussi Mohamed, qu’il est le père de Soukeina, jeune fille brillante, étudiante a marseille tuée l’automne dernier par une rafale perdue de Kalachnikov dans son appartement, et dont la maman, venue sur BFM il ya quelques jours, a refait un personnage de la campagne… Et c’est la première fois que je lui lis un père, à cette jeune fille, que s’est il passé?
Dans le Figaro qui s’intéresse aux jeunes, je lis qu’est née dans la musique une génération Nougaro, il était temps, et dans la politique, dans les campagnes, on me le dit assez, est apparue une génération Bardella, dont Nicolas, fait partie, lui aussi de l’Aude, un fils de viticulteur de 29 ans qui au Salon de l’agricultur a obtenu un selfie avec son candidat et qui dit ceci: « Chez les jeunes agriculteurs, c’est une fierté de voter RN ! Si on veut faire des études, faut trouver un appart à Toulouse, ça revient très cher. On travaille pour quasiment rien. C’est dingue le déclassement que l’on peut ressentir, par rapport aux bobos gauchos des villes qui mangent du tofu soyeux. »
Et au-delà des clichés, cette expression, « Tofu soyeux », vaut son pesant de fracture.
Vous nous parlez enfin de fruits…
Qui sont une alimentation saine par excellence, mais qui parfois sont contaminés par un insecticide pourtant interdit depuis quatre ans dans l’Union européenne, mais présent encore dans des fruits importés…
et cet insecticide, le chlorpyrifos, attaque nos cellules adipeuses brunes, lesquelles cellules sont le fourneau de notre corps - c’est la graisse brune qui brule les calories et nous empêche de les stocker sous forme de graisse blanche… Mais le chlorpyrifios attaqyue et supprime la protéine qui permet la combustion des calories… Et conséquences: prise de poids, stéatose hépatique, c’est le foie gras, , résistance à l’insuline, et obésité…
Je lis cela -les conclusions d’une étude canadienne- dans les Echos… qui m’en racontent d’autres, aussi voire plus angoissantes, sur l’épidémie d’obésité 16% d’obèses sur la planète- qu’alimentent les poisons masqués de nos vies quotidiennes… Les perturbateurs endocriniens, que l’on accuse depuis plus d’une bonne décennie de nous faire stocker, gonfler, mais dont le dossier s’alourdit au fur et à mesure des recherches, plus de 100 projets de par le monde, sont consacrés à traquer les chimies nocives. Lisez et apprenez que l’air que nous respirons est piégé ui aussi, je me demande lisant les echos si respirer fait grossir.
Pour nous remettre…
Nous saluerons l’exploit d’une sangsue dont le Monde nous raconte comment elle a pris son élan levé la tête et sauté, oui sauté, en quête de nourriture, alors qu’une chercheuse américaine Mai Fahmy la filmait à Madagascar, et jusqu’ici on ne savait pas que les sangsues sautaient, c’était une controverse séculaire…
Dans la dépeche je rencontre Wendy Le Mouëllic, qui travaille sur la tuberculose et veut comprendre comment le bacille fixe le soufre, et qui pour expliquer sa thèse en 180 secondes, c’est une discipline ludique et à la mode, a usé d’une métaphore parlant de tarte aux fraises, lisez.
Dans le Télégramme je rencontre Jeanne Llano-Alonso, qui est judokate redoutable et fait de l’escalade, du canoé, et lit tellement bien, « prononciation, rythme, liaisons, passage des émotions, rien n’est laissé au hasard » dit son institutrice de CM2, qu’elle va représenter la Bretagne le 26 juin en finale du concours des Petits champions de la lecture…
Ah! Elle lit en braille, Jeanne, en caressant les mots qui défilent sous ses doigts, devenue aveugle quand elle avait deux ans, son soleil ne brille pas moins.