ADEME
Autrement dit, les foyers paient, en moyenne, un peu plus en électricité le matin mais économisent finalement le soir. Pour avoir un ordre d’idée, une heure d’éclairage en moins permet d’économiser environ 0,10 euro.
En 2009 (année prise en compte par l’étude), la demande moyenne en électricité à 19 heures a ainsi été diminuée de 3,5 gigawatts (GW). Au total, l’économie d’énergie cette année-là a été chiffrée à 440 gigawatts heure (GWh), principalement sur l’éclairage public (en rose dans le graphique ci-dessous), l’équivalent d’un an d’éclairage d’une ville de 800 000 habitants, comme Marseille.
Mais depuis, cet effet a eu tendance à s’amoindrir du fait de la performance accrue des systèmes d’éclairage (ampoules basse consommation et LED). En 2018, cette baisse n’était plus que de 351 GWh. A l’horizon 2030, les économies d’énergie en matière d’éclairage sont estimées à 258 GWh par l’Ademe.
Sachant qu’en plus la majorité de la consommation d’énergie des ménages provient du chauffage et non de l’éclairage, les preuves d’économies d’énergie restent donc encore à démontrer.
Pire, une récente étude britannique affirme que supprimer le changement d’heure en octobre permettrait d’économiser 400 livres sterling (460 euros) par foyer et par an, car il ferait jour plus longtemps le soir, ce qui réduirait la demande aux heures de pointe.
3. Résultats contradictoires sur les accidents de la route
L’Association contre l’heure d’été double (Ached) milite contre le changement d’heure en évoquant, parmi d’autres raisons, « des augmentations des accidents de la circulation ». Elle fonde son argumentaire sur des chiffres datant de… 1976, après le rétablissement de l’heure d’été, et conclut qu’il y eut cette année-là 661 morts sur les routes en plus, entre avril et octobre, qu’en 1975.
Dans un rapport publié en septembre 2014, la Commission européenne, qui a passé en revue plusieurs études sur le sujet, relève des « résultats souvent contradictoires », certains rapports « suggérant que le changement améliore la sécurité routière », grâce à une meilleure visibilité à certaines périodes de l’année et de la journée (comme l’indique une étude écossaise en 2010), d’autres « démontrant une augmentation potentielle des accidents de la route à cause des troubles du sommeil ».
Cette année, la Sécurité routière a cependant décidé de rappeler l’importance de se rendre visible sur la voie publique, avec « des dispositifs rétro-réfléchissants (gilet, brassard, gants, bandes sur le sac à dos, le cartable, etc.) » juste avant le changement d’heure. Le nombre d’accidents impliquant un piéton augmente en effet de manière récurrente de 42 % en novembre, par rapport au mois d’octobre, selon les données de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) recueillies entre 2015 et 2019.
Lire aussi : Le passage à l’heure d’hiver, une période redoutée par la Sécurité routière 4. Des conséquences sur la santé ?
En 2008, une étude suédoise publiée dans le New England Journal of Medicine, s’appuyant sur des statistiques du pays entre 1987 et 2006, constatait « une augmentation statistiquement significative du risque de crise cardiaque » dans la semaine suivant le changement d’heure, notamment lors du passage à l’heure d’été.
Une étude de septembre 2015, conduite par la Commission européenne, écrit que « la santé peut être affectée par le changement de biorythme du corps, avec de possibles troubles du sommeil et de l’humeur ».
Mais tout comme la dépression hivernale ne peut s’expliquer par un lien de causalité (plutôt ténu d’un point de vue scientifique) entre manque de lumière et baisse de moral, les perturbations induites par le changement d’heure ne s’expliquent à l’heure actuelle que par des hypothèses. La Commission conclut toutefois que « les éléments de preuve concernant les effets globaux sur la santé (c’est-à-dire la mise en balance des effets négatifs et positifs présumés) ne sont pas concluants ».
En 1997, un rapport du Sénat assurait que « le monde médical [restait] très partagé sur l’existence de troubles imputables à l’heure d’été ». Vrai ou fantasmé, le risque médical a en tout cas été intégré par les potentiels malades : « 19 % des médecins [faisaient] état d’une augmentation de la consommation de médicaments et singulièrement de tranquillisants, au moment du changement d’heure ». Dans un sondage OpinionWay pour ComprendreChoisir, publié en octobre 2015, 75 % des personnes interrogées affirmaient que le changement d’heure avait un impact négatif sur « le sommeil, l’alimentation ou l’humeur ».