Le lancement de la mission Juice, qui vise les satellites de Jupiter, reporté
La sonde européenne Juice devait décoller jeudi pour un voyage de plusieurs années, en vue d’explorer les lunes de Jupiter. Son départ a été décalé à vendredi en raison des conditions météo.
Le Monde avec AFP
Publié aujourd’hui à 11h39, modifié à 14h28
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La sonde Juice, photographiée à Toulouse, en janvier 2023. CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Mission phare de l’Agence spatiale européenne (ESA), Juice (l’acronyme pour Jupiter Icy Moons explorer, « l’explorateur des lunes glacées de Jupiter ») devait décoller à 14 h 15 (heure de Paris) depuis Kourou en Guyane française, à bord d’une fusée Ariane 5, jeudi 13 avril. Son départ a été reporté à vendredi, en raison de mauvaises conditions météo, a annoncé Arianespace. Il s’agit de la première mission qui vise la planète géante depuis la mission américaine Juno, lancée en 2011.
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La sonde devait se séparer de son lanceur 28 minutes après le décollage, à 1 500 kilomètres d’altitude pour démarrer sa longue croisière pour Jupiter, la plus grosse planète du système solaire, à environ 628 millions de kilomètres de la Terre.
« Un des engins les plus complexes jamais envoyés »
Conçue par Airbus, Juice embarque dix instruments scientifiques (caméra, spectromètre, radar, altimètre, magnétomètre…), protégés des températures extrêmes par une couverture à isolation multicouche. La sonde est aussi équipée d’immenses panneaux solaires de 85 m2 – l’équivalent d’un terrain de basket – pour l’alimenter en énergie, dans un environnement où la lumière du Soleil est 25 fois plus faible que sur Terre. « C’est l’un des engins spatiaux les plus complexes jamais envoyés vers le système solaire externe », a expliqué le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher.
Son arrivée dans les environs de la planète géante est prévue en juillet 2031. Avant cela, la sonde devra passer par de complexes manœuvres d’assistance gravitationnelle, consistant à utiliser la force d’attraction d’autres planètes, pour s’en servir de catapulte. Un survol de Vénus en 2025, puis à nouveau de la Terre en 2029, lui permettra de prendre son élan vers sa destination, les lunes de Jupiter, découvertes par l’Italien Galilée au début du XVIIe siècle : Io la volcanique et ses trois comparses glacées, Europe, Ganymède et Callisto.
A la recherche d’eau liquide
Jupiter passant devant son satellite Ganymède, photographiés par le telescope Hubble, en 2008. HO / AFP
Le système jovien a « tous les ingrédients d’un mini-système solaire », a développé Carole Mundell, directrice des sciences pour l’ESA. Son exploration « permettra d’étudier comment fonctionne notre système solaire, comment se forment les planètes ».
La quête principale de Juice est de trouver non pas directement la vie, mais des environnements propices à son apparition. Si Jupiter, planète gazeuse, est inhabitable, ses lunes Europe et Ganymède seraient des candidates idéales : sous leur surface de glace, elles abritent des océans d’eau liquide, considérée comme principale ingrédient permettant l’apparition de la vie.
Pendant plus de trois ans, qui représenteront la première phase de sa mission, Juice effectuera trente-cinq survols des trois satellites – deux pour Europe, douze pour Ganymède et vingt et un pour Callisto – qu’elle inspectera à l’aide de ses dix instruments.
En 2034, elle devrait se placer en orbite autour de ce Ganymède, le plus gros satellite naturel du système solaire (2 634 kilomètres de rayon) d’une taille comparable à la planète Mercure. C’est aussi la seule lune à posséder son propre champ magnétique la protégeant des dangereuses radiations solaires, comme la Terre.
« La mission d’une décennie »
Ganymède, le satellite de Jupiter qu’explorera la sonde Juice, vue depuis un téléscope de la NASA, en 2000. NASA / AFP
De précédentes missions spatiales y ont suggéré la présence, entre deux épaisses croûtes de glace, d’un gigantesque océan, « de plusieurs dizaines de kilomètres, bien plus profond que les océans terrestres », a souligné Josef Aschbacher.
L’une des questions est de savoir si cette eau liquide interagit avec la surface pour pouvoir en absorber les composants. Une telle réaction permettrait l’apparition de nutriments, une des conditions pour le développement d’un écosystème propice à la vie.
D’un coût total de 1,6 milliard d’euros, Juice est la première mission européenne à explorer une planète du système solaire externe, au delà de Mars et de la ceinture de Kuiper. « C’est la mission d’une décennie », a souligné Josef Aschbacher.
La NASA, quant à elle, prépare le départ de la sonde Europa Clipper, dont le départ est programmé pour la fin 2024, visant le satellite Europe. L’agence américaine espère déterminer si, sous la surface inhospitalière de cette lune glacée, existent des environnements propices à la vie.