Revue de presse française
À la Une: en Algérie, Macron vient pour le gaz
Publié le : 26/08/2022 - 09:44
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue algérien au palais présidentiel d'Alger le 25 août 2022. AFP - LUDOVIC MARIN
Par : Norbert Navarro
C’est la seconde visite du président français en Algérie (et qui sait, peut-être la deuxième, nuance…) mais qu’on ne s’y trompe pas, s’il y est – comme toujours - question d’affaire mémorielles, ce qui compte vraiment pour Emmanuel Macron, c’est « l’approvisionnement énergétique » de la France et « la situation au Sahel », martèle en Une Libération.
Cette deuxième visite « marque donc le retour à la realpolitik pour Macron », assure ce quotidien. Et par les temps qui courent – ceux de la guerre en Ukraine et ses conséquences – les ressources naturelles de l’Algérie sont très recherchées. « Son gaz est désormais convoité par les Européens, privés de leur fournisseur russe », souligne Libé.
Le gaz, donc, mais pas que… Dans le Sahel, « Macron a également besoin de l’aide de l’Algérie », complète ce journal.
La mémoire dans la peau
Mais une visite d’un président français en Algérie ne va pas sans gestes mémoriels. Emmanuel Macron a ainsi annoncé la création d’une commission d’historiens français et algériens sur la mémoire. Au programme ce matin, une cérémonie d’hommages aux morts pour la France, au cimetière de Saint-Eugène.
Qu’en pensent les Algériens ? Sur place, Le Figaro a recueilli des commentaires « où se mêlent fatalisme et défiance ». Ainsi, un débitant de tabac rencontré à Alger assure à ce quotidien « ne rien attendre du président français » qui a, dit-il au Figaro, « mis en doute » l’existence de l’Algérie en tant que nation « avant 1830 », ce qui est, selon lui, « impardonnable ». À l’inverse, ce libraire du centre-ville voit en cette visite présidentielle une « excellente occasion » de dissiper des « malentendus » et de construire une « meilleure relation » entre la France et l’Algérie.
La jeunesse algérienne, elle non plus, semble ne rien attendre de cette visite. C’est ce que dit un jeune homme nommé Ramzi croisé dans un café par l’envoyée spéciale du journal Le Parisien et qui « s’agace en estimant que Macron donne de "la légitimité" au pouvoir » algérien. Autre Algérois croisé par ce quotidien, Azzedine s’interroge. « Pourquoi Macron vient nous voir ? Parce que les vannes de la Russie sont fermées. Mais il est venu trop tard ! L’Italie a tout raflé », dit-il en ajoutant : « Nous, on cherche des partenaires, de la relation d’égal à égal ».
Accusés décédés, levez-vous !
Vers procès de trois jihadistes français peut-être déjà morts, et donc devant un box des accusés totalement vide. Rachid Kassim, sa femme Justine Taquard et Mohammed Ghellab, leur ami originaire de Roanne, dans le centre-sud de la France, ont peut-être péri dans un bombardement à Mossoul, en Irak. Tous trois membres ou ex-membres de l’État islamique, donc, « ont été mis en accusation, par une ordonnance rendue le 4 août dernier, devant la Cour d’assises spéciale de Paris où le trio sera jugé par défaut pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, signale Le Parisien. Ce journal précise que Kassim est en plus « poursuivi pour l’assassinat filmé d’un otage et des menaces de morts contre (notre confrère) David Thomson et le directeur du Centre d’analyse du terrorisme, Jean-Charles Brisard », complète Le Parisien.
La menace fantôme
Justement, la menace terroriste persiste. C’est le cri d’alarme d’un magistrat orfèvre en la matière. David De Pas, c’est de lui qu’il s’agit, le dit au Figaro. Juge d’instruction antiterroriste et coordonnateur du pôle antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris, ce magistrat quitte les fonctions qu’il occupait depuis 2019, et dresse un état des lieux. Selon lui, l’État islamique reste « en capacité » de maintenir « un niveau élevé de menace ». Et David De Pas redoute que cette organisation terroriste « réoriente géographiquement son activité en recherchant d’autres "terres de djihad", tels que la Libye, le Yémen, l’Afghanistan ou le Sahel ».