Journal de 12h30
Lundi 5 décembre 2022
Iran : concession ou manipulation ?
Le ministre iranien de la Diplomatie, Nasser Kanani. ©AFP - ATTA KENARE / AFP
Le signal est fort. En plein mouvement de protestation, les autorités iraniennes ont décidé d’abolir la police des mœurs. Sauf que le peuple n’est pas dupe et y voit surtout une mesure prise en urgence par un régime aux abois.
Avec
Fabrice Arfi Journaliste à Mediapart
Véritable concession démocratique ou simple manoeuvre politique ? Depuis qu'en Iran le régime des mollahs s'est dit prêt, ce weekend, à étudier une révision de la loi sur le port du voile obligatoire, tout en annonçant l'abolition de la police des mœurs à l'origine de l'arrestation et probablement de la mort de la jeune Mahsa Amini, la question se pose donc de savoir quel crédit accorder au régime clérical au pouvoir ? S'agit-il d'une sorte de sauve-qui-peut de la part des autorités, face à un vent de révolte que plus rien (pas même la répression) ne semble pouvoir arrêter ? Ou bien s'agit-il davantage d'une tactique de diversion ? Une manière en somme pour les autorités de jouer le pourrissement en essayant de classer les manifestants entre les bons Iraniens d'un côté (ceux qui veulent améliorer le système) et les mauvais de l'autre (ceux qui veulent sa chute). Et ce d'autant plus que ces concessions interviennent, en réalité, à la veille d'un appel à la grève générale.
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Le plafonnement des prix du pétrole russe à l'épreuve des marchés. Depuis ce matin, la mesure adoptée à la fois par l'UE, les pays du G7 et l'Australie est en en vigueur. Elle vise à restreindre les revenus de la Russie tout en s'assurant qu'elle continue à alimenter le marché mondial. Et puis l'activation de ce plafonnement coïncide, par ailleurs, avec l'entrée en vigueur toujours aujourd'hui d'un embargo européen sur le pétrole russe acheminé par voie maritime.
En France arrive aujourd'hui à l'Assemblée un projet de loi visant à accélérer la production d’énergies renouvelables, plus exactement l'installation d'éoliennes et de panneaux solaires. Ee réalité, ce texte a d'ores et déjà été adopté en première lecture et après quelques retouches par le Sénat. En l'occurrence grâce aux centristes qui à force de manœuvrer ont réussi à trouver un compromis avec la droite et la gauche. Sauf qu'à l'Assemblée les logiques politiques ne sont pas les mêmes. Raison pour laquelle l'exécutif qui, jusqu'à présent, s'était appuyée sur la droite pour faire passer son texte va devoir, cette fois-ci, changer de pied et convaincre l'opposition de gauche.
Quoi qu'il en soit, hier encore, le président Emmanuel Macron a rappelé l'esprit de ce projet de loi : "Investir, simplifier les règles et accélérer les projets". Ou pour le dire autrement, combler le retard de la France en matière d'énergies renouvelables en divisant par deux les délais pour le déploiement de l’éolien d'une part et l'implantation de zones photovoltaïques d'autre part. Mais à quel prix peut-on, doit-on multiplier ces installations ? Beaucoup s'inquiètent déjà de leur impact sur la biodiversité. C'est le cas, par exemple, de la droite opposée à l'éolien terrestre et qui a fait de la protection des paysages français l'un de ses principaux arguments. Mais c'est aussi parfois le cas chez les écologistes eux-mêmes.
En première instance et à l'issue d'un procès électrique où il avait, notamment, dénoncé des "infamies", Nicolas Sarkozy condamné pour corruption et trafic d'influence avait écopé en début d'année de trois ans d'emprisonnement dont un an ferme, devenant ainsi le tout premier chef de l'Etat de la Ve République condamné à de la prison ferme. Et cet après-midi, l'ex-président se rendra à nouveau au palais de justice de Paris pour son procès en appel, aux côtés de ses deux co-prévenus : son avocat Thierry Herzog et un ancien magistrat Gilbert Azibert.
L'invité de la rédaction : Fabrice Arfi, co-directeur du service 'enquêtes' de Mediapart.