Éditorial - Libérer tous les otages de Gaza
Le Monde
Après les premières libérations, il est impératif de préserver la trêve, pour que toutes les personnes capturées par le Hamas le 7 octobre puissent quitter l’enclave et que les centaines de milliers de civils palestiniens pris au piège des combats puissent accéder enfin à une aide humanitaire.
Publié hier à 11h30 Temps de Lecture 2 min.
Une lueur d’espoir a commencé à dissiper les ténèbres de Gaza, le 24 novembre. Les premières libérations d’otages capturés au cours de l’attaque massive du Hamas le 7 octobre ont permis à vingt-quatre personnes, dont treize Israéliens, d’échapper à l’enfer. Des femmes âgées et des enfants ont été enfin rendus à leurs familles, ainsi que onze ouvriers agricoles asiatiques. L’opération terroriste d’octobre a donné lieu aux pires massacres de civils israéliens de toute l’histoire de l’Etat hébreu.
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D’autres libérations devraient suivre, si l’accord conclu par l’intermédiaire du Qatar est respecté. Elles sont impératives. Aucune des personnes actuellement prisonnières du Hamas, dont huit Franco-Israéliens, ne devrait dépendre du sort des armes ou de tractations laborieuses pour recouvrer la liberté qui lui est due. Faut-il le rappeler, dans les conflits armés, la prise d’otages est interdite, et relève du crime de guerre. Rien ne pourra jamais la justifier, et cette stratégie du pire achève de disqualifier le mouvement prétendant incarner une cause nationale palestinienne qu’il a désormais noyée dans l’horreur et le sang.
Destructions dantestques
Les libérations du 24 novembre ont été rendues possibles par le respect d’une trêve à Gaza, après des semaines d’une guerre qui y a semé comme jamais la mort et la destruction. Cette trêve doit être préservée pour obtenir les autres libérations prévues jusqu’à présent, et jusqu’à ce que le dernier des otages puisse enfin quitter cette étroite bande de terre. Le silence des armes doit aussi permettre aux centaines de milliers de civils palestiniens pris au piège des combats, chassés de quartiers réduits à des gravats, et privés de tout, d’accéder enfin à une aide humanitaire qui fait encore cruellement défaut.
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Il faut espérer que cette trêve puisse également être mise à profit par les autorités israéliennes pour dresser le bilan de destructions dantesques justifiées par la volonté d’éradication du Hamas, un objectif incompatible dans l’immédiat avec la poursuite des libérations. Il ne fait guère de doute que la riposte israélienne massive a porté un coup déjà sévère à la milice islamiste comme à ses infrastructures souvent fondues dans le tissu urbain, ce qui constitue une autre violation des lois de la guerre. Pour autant, sa disparition complète n’est toujours pas en vue, et il n’est pas acquis qu’elle sera obtenue en soumettant le sud de Gaza au châtiment déjà infligé au nord.
Affaibli, le Hamas n’en continue pas moins de revendiquer des succès. Il entend ainsi profiter au maximum de la contrepartie obtenue en échange des libérations d’otages : celle de trente-neuf femmes et adolescents palestiniens retenus dans les prisons israéliennes, alors que l’Etat hébreu continue de recourir aux détentions dites « administratives », sans inculpation ni procès, qui privent les détenus de leurs droits.
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En saluant les premières libérations d’otages, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a eu raison de rappeler combien il était nécessaire de retrouver le chemin de la négociation, et combien il était indispensable de raviver la solution des deux Etats, la création d’une Palestine aux côtés d’Israël. Parce que la milice islamiste bâtit son hégémonie sur les Palestiniens sur la désespérance, son désarmement le plus efficace reste en effet politique et non militaire.