Paris 2024 : restaurant, supérette, coiffeur, bureau de poste, commissariat, clinique… dans le village olympique, les athlètes seront choyés
Grâce à ses sponsors, le village olympique fonctionnera pendant la durée des Jeux comme une ville de 15 000 habitants.
Par Jérôme Porier
Publié aujourd’hui à 07h00
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Sous la nef de la Cité du cinéma, au centre du village olympique, sera installé le temps des Jeux un restaurant de 3 500 places assises. MICHEL EULER / AP
Les chiffres relatifs au village olympique, qui sera inauguré entre fin février et début mars, donnent une idée de la démesure des Jeux. A proximité immédiate de Paris, à cheval sur les communes de Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis, le site s’étend sur une superficie de 52 hectares, à moins de deux kilomètres du Stade de France. Epicentre des Jeux, il abritera jusqu’à 14 500 athlètes (avec leur staff) en provenance de 206 pays.
Au plus tard le 1er mars, le comité d’organisation de Paris 2024 (Cojop) va récupérer auprès des promoteurs les clefs des 3 000 appartements, et commencer à installer le mobilier, le Wi-Fi, etc. « Cela représente 14 000 lits et autant de tables de nuit, précise Laurent Michaud, directeur des villages olympiques et paralympiques chez Paris 2024. Il y aura deux athlètes par chambre de 12 m2, et une salle de bains pour quatre personnes. Tout le monde sera logé à la même enseigne. »
Du 26 juillet au 11 août (puis du 28 août au 8 septembre pour les Jeux paralympiques), le village fonctionnera comme une petite ville éphémère. Et ses habitants auront accès à une multitude de services, notamment grâce aux accords conclus par le comité d’organisation avec certains de ses sponsors.
« Nos soixante partenaires contribuent à plus d’un tiers au financement des Jeux, soit l’équivalent de 1,24 milliard d’euros. A un ou deux pour cent près, ce budget est bouclé », explique François-Xavier Bonnaillie, directeur senior développement commercial et partenariat de Paris 2024.
Jusqu’à 40 000 repas et snacks par jour
Une partie du financement apporté par ces entreprises prend la forme de prestations de service. Ce qui est aussi une façon pour elles de profiter de la fenêtre médiatique des JO pour exposer leur savoir-faire à l’échelle planétaire. « Il s’agit d’une formidable opportunité de mettre en lumière notre marque et de démontrer notre expertise en matière de commerce de proximité », confirme un responsable du groupe Carrefour, qui va créer dans le village une supérette de 200 m2, ouverte sept jours sur sept.
Le groupe Accor, lui, s’occupera de la conciergerie et des services en chambre (entretien et nettoyage) du village, soit 14 300 lits regroupés en 71 résidences. Afin d’aider les athlètes à s’orienter sur un site vaste comme 70 terrains de football, c’est aussi le géant de l’hôtellerie qui gérera le centre d’information des résidents.
Sodexo Live !, la branche du groupe Sodexo destinée à la restauration dans le secteur événementiel, aura, elle, la responsabilité de nourrir les occupants du village. Sous la gigantesque nef de la Cité du cinéma, créée par Luc Besson, sera inauguré, en juin, le restaurant du village, qui servira jusqu’à 40 000 repas et snacks par jour, et sera ouvert presque en permanence.
« Ce sera, l’espace de quelques semaines, le plus grand restaurant du monde !, s’enthousiasme Charles Guilloy, chef exécutif du village olympique chez Sodexo Lives !. Nous allons proposer aux sportifs du monde entier une offre de restauration sur mesure, en tenant compte de leurs contraintes alimentaires, ce qui est un défi. »
« La priorité d’un athlète, c’est de bien manger et de bien dormir »
Avec le concours de trois chefs réputés (Akrame Benallal, Amandine Chaignot, Alexandre Mazzia) et l’expertise de nutritionnistes, 500 recettes ont été élaborées avec la volonté de « célébrer la gastronomie française ». Cheffe du restaurant parisien Pouliche, Amandine Chaignot a ainsi imaginé une « volaille aux écrevisses accompagnée de gnocchis de pommes de terre, sauce poulette ».
« La priorité d’un athlète, c’est de bien manger et de bien dormir afin de garder son énergie pour la compétition. C’est pour cela que nous avons choisi d’installer le restaurant dans la nef, au centre du village », confie Laurent Michaud.
En complément des 3 500 places assises sous la nef, le village proposera six points de restauration à emporter avec, à chaque fois, un thème culinaire (« France », « Asie », « Cuisine afro-caribéenne »…). Mille collaborateurs de Sodexo seront affectés au village. Le groupe vient de lancer une vaste campagne de recrutement, car il prévoit de déployer 6 000 personnes sur l’ensemble des sites.
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Carrefour anticipe la livraison de plus de 600 000 tonnes de produits au restaurant du village. Le distributeur fournira notamment des produits frais et bio (fruits, légumes, produits céréaliers, viande, poisson et fruits de mer). En complément, Danone apportera des produits laitiers frais et d’origine végétale. « Nous allons distribuer plus d’un million d’unités de nos produits aux athlètes olympiques et paralympiques », précise Simon Van de Steene, directeur du projet Paris 2024 chez Danone.
Un tiers de l’offre de restauration du village sera entièrement végétal. Présent en France depuis 2016, Garden Gourmet, filiale de Nestlé spécialisée dans les produits à base de végétaux (légumes, légumineuses, céréales…), proposera aux athlètes des falafels de pois chiche et de betterave rouge, des burgers vegan à base de protéines de soja et de blé et autres saucisses et nuggets vegan.
Soins vingt-quatre heures sur vingt-quatre
Le village comportera aussi un salon de coiffure, un commissariat de police et une mairie (symbolique). Une salle de fitness sera installée dans la Halle Maxwell, une ancienne centrale électrique construite en 1907 et rénovée par Vinci, un autre partenaire des Jeux. Les sites d’entraînement de l’escrime vont être installés dans les studios de la Cité du cinéma, donc les escrimeurs pourront s’y rendre à pied.
Une polyclinique temporaire de 3 000 m2 va être créée dans un autre bâtiment ancien, l’école d’ostéopathie Dahnier, où opéreront quotidiennement 250 professionnels de santé (médecins, kinés, infirmiers…). Les athlètes pourront s’y rendre vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour se faire soigner les dents, consulter un ophtalmologiste, passer une IRM ou prendre des bains froids. Pendant les Jeux paralympiques, un centre de réparation d’orthèses, prothèses et fauteuils roulants sera ouvert. Le tout entièrement gratuit.
Enfin, La Poste va ouvrir une agence éphémère au sein du village. Dans ce bureau, lui aussi ouvert sept jours sur sept, les clients pourront poster leur courrier et leurs colis, mais aussi acheter les timbres de collection et les médailles de la Monnaie de Paris qui vont être émis à l’occasion des Jeux.
Hélas, les chances d’y croiser LeBron James faisant la queue pour envoyer à sa maman des cartes postales de la tour Eiffel sont faibles puisque les basketteurs américains ont choisi de résider dans des hôtels de luxe de la capitale plutôt qu’au village des athlètes.