REVUE DE PRESSE FRANÇAISE
À la Une: l’État mis en échec à Mayotte
Publié le : 26/04/2023 - 09:56
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Des CRS de l'unité 8 patrouillent un quartier de la périphérie de Mamoudzou sur l'île de Mayotte. Le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu l'évacuation d'un bidonville de Mayotte, prévue le 25 avril 2023. AFP - PATRICK MEINHARDT
Constat en première page du Figaro. « La démolition des bidonvilles à Mayotte a été suspendue par décision de justice. » Dans le même temps, « les Comores refusent d’accueillir leurs ressortissants… » Bref, « l’opération Wuambushu, qui vise à lutter contre l’immigration illégale, patine », déplore le journal.
Et pourtant, poursuit Le Figaro, « à Mayotte, nul ne peut contester la pertinence de l’intervention ministérielle. Sur cet archipel, devenu le 101e département en 2011, l’immigration clandestine est un fléau. Au large de l’Afrique, les prestations sociales distribuées sur ce bout de France attirent toute la misère de la région. On s’y presse pour y faire naître ses enfants, qui, grâce au droit du sol, obtiennent la nationalité française, et les avantages qui vont avec. À cette générosité républicaine s’opposent pourtant les mauvaises dispositions à notre endroit et la mauvaise volonté des États voisins, déplore encore Le Figaro. Notamment de l’Union des Comores - d’où affluent la plupart des étrangers - qui ne veut pas reprendre ses ressortissants. »
Mauvais effet…
Libération n’a pas tout à fait la même analyse de la situation… « L’opération coup-de-poing s’est transformée en coup d’épée dans l’eau, s’exclame le journal. Gérald Darmanin, qui pensait faire de Wuambushu à Mayotte le préambule idéal à la présentation de son projet de loi sur l’immigration, a essuyé un cinglant revers, hier, quand le tribunal judiciaire de Mamoudzou a jugé que la démolition d’un bidonville abritant des Comoriens arrivés illégalement sur l’île était 'manifestement irrégulière'. Pour une opération qui était en préparation depuis plusieurs semaines, cela fait mauvais effet. Bref, c’est plus qu’un loupé, s’exclame encore Libération, c’est la preuve que cette opération n’était ni faite ni à faire, mal ficelée car lancée avec des arrière-pensées politiques. Qu’il faille intervenir sur l’île pour combattre la misère et l’insalubrité mais aussi démanteler ces groupes armés qui sèment la terreur, c’est incontestable. Mais c’est un travail de fond, estime le journal, à entreprendre sur le temps long, avec humanité et fermeté. Certainement pas un coup de force rajoutant de la misère à la misère. »
Joe Biden : l’âge du capitaine…
À la Une également, Joe Biden candidat à sa propre succession…
« Malgré les interrogations sur son âge, Joe Biden entre en campagne à 80 ans pour un second mandat présidentiel », constate Le Monde. Au sein du parti démocrate, « aucune personnalité de premier plan, notamment dans l’aile gauche, n’a osé remettre en cause l’idée d’une nouvelle candidature du président », relève le quotidien du soir. « Les inquiétudes de bon nombre de démocrates et de stratèges affiliés à leur camp restent cantonnées à des cercles fermés, hors micro. Elles sont toutes liées à la santé de Joe Biden, à sa capacité à supporter les exigences d’une campagne présidentielle, épreuve physique redoutable, sollicitation permanente, exposition maximale. Il en a l’expérience ? Certes. Mais, s’interroge Le Monde, en a-t-il la résistance, lorsqu’il lui faudra multiplier les meetings en 2024, tout en poursuivant ses activités à la Maison Blanche ? »
En effet, remarque La Croix, « Joe Biden aura près de 82 ans le jour du scrutin. Il pourrait fêter ses 86 ans à la Maison-Blanche, du jamais-vu dans l’histoire du pays. Ses adversaires ne manquent pas de l’attaquer sur ce terrain. L’une des candidates à la primaire républicaine réclame un test d’aptitude mentale pour les candidats de plus de 75 ans, façon de cibler également Donald Trump. Derrière ces débats qui ne volent pas bien haut affleure pourtant une question légitime, relève La Croix : dans cette période profondément troublée, l’Amérique peut-elle se priver de l’apport d’une nouvelle génération de responsables politiques ? »
« Casserolades » : beaucoup de bruit pour rien ?
Enfin retour en France, avec beaucoup de commentaires ce matin sur les « casserolades », les concerts de casseroles, qui accompagnent les déplacements des membres du gouvernement…
« À gauche, des casseroles faute de mieux », constate Le Parisien. « Sans manifestation d’ampleur jusqu’au 1er mai, les partis de gauche ont tenté de trouver un substitut pour maintenir coûte que coûte la grogne contre la réforme pendant les vacances scolaires. »
« Les casseroles cassent les oreilles d’un système politique resté sourd devant la démocratie sociale », commente La Charente Libre.
Toutefois, s’interroge Le Midi Libre, « à long terme, cette cacophonie sera-t-elle vraiment efficace ? Les Français, même en colère, risquent de se lasser de cette stratégie du harcèlement. Personne au final ne sortira vainqueur de ce vacarme. Sauf les vendeurs de casseroles naturellement. »
Par :Frédéric Couteau