REVUE DE PRESSE FRANÇAISE
À la Une: Charles III, le frêle
Publié le : 07/05/2023 - 10:31
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L'archevêque de Canterbury pose la couronne de Saint-Edouard sur la tête du roi Charles III, à l'abbaye de Westminster à Londres, le 6 mai 2023. © REUTERS/POOL
« Des sceptres en or, des carrosses somptueux et des couronnes serties de diamants parmi les plus gros au monde. Un décorum de conte de fées, un rite millénaire, pour le 40e souverain britannique depuis Guillaume le Conquérant, en 1066 », relate Le Journal du Dimanche, à la Une duquel, couronne et sceptre, le roi, tout sauf souriant, paraît décomposé. « Paré de ses ornements royaux, le roi Charles III n’a pas caché son émotion », explique Le JDD.
Le Parisien Dimanche n’écrit guère autre chose. « Ce grand sensible a du mal à cacher son émotion au moment du serment d’allégeance de son fils aîné, précise ce journal. L’un des moments les plus poignants de la cérémonie. William a touché la couronne de la main droite avant d’embrasser tendrement son père sur la joue. Le roi a murmuré "merci, William" à son successeur. Il avait les larmes aux yeux. »
Galles, amant de la marquise ? Galamment…
Inévitablement, le couronnement de Charles III était une occasion en or pour la presse de donner dans le glamour et les indiscrétions. Angoissante question à la lecture de l’avalanche de dossiers consacrés à la cour d’Angleterre : que croire ? Si, pour Le Figaro Magazine, pas de doute, « derrière les apparences et le protocole, Charles III cache un bon vivant à l’humour piquant »…
… le portrait que brosse de lui le magazine Gala est d’un tout autre tonneau. Selon ce journal pipole, le couronnement d’hier était « le supplice d’un roi », les répétitions de la cérémonie ayant, selon ce magazine, été « tendues », le souverain anglois ne dissimulant pas « son exaspération » sous le poids de ses atours. À 74 ans passés, « le roi est une porcelaine ébréchée », lui qui a subi de multiples fractures en jouant au polo, « le cartilage d’un de ses genoux » a même dû être « remplacé », rappelle Gala.
À l’occasion du couronnement de Georges III, les magazines, Public et Le Point, n’ont guère résisté à la tentation de ce que les Anglais appellent le gossip, (autrement dit les potins, les racontars) relatifs à l’aîné de ses fils William, prince de Galles, au sujet d’une supposée liaison passée avec la ravissante Rose Hanbury, marquise de Cholmondelay, épouse du grand chambellan de feu la reine Elizabeth II, gossip initialement lancé il y a quatre ans par le tabloïd britannique The Sun. Ce fut « une bombe médiatique », rappelle Le Point dans les quatre pages d’un inattendu portrait que cet hebdomadaire, d’ordinaire peu pipole, consacre à Lord Cholmondelay.
De son côté, Public présente William comme « un prince pas si charmant », le décrivant comme « colérique et rancunier ». Alerte sur le so british flegme britannique...
L’inflation d’un faux cul
Événement à caractère littéraire, cette semaine en France, la sortie d’un roman du ministre de l’Économie, dont un sulfureux passage a fait le tour des réseaux sociaux. Passage où il est question de la couleur et de la forme de l’anus d’un personnage du roman de Bruno Le Maire, dont, en effet, on ne discutera pas ici le caractère littéraire, pornographique ou provocateur. Bien entendu, les humoristes s’en sont donné à cœur joie. Face au coup médiatique par Bruno Le Maire ainsi réalisé, la ministre Marlène Shiappa posant, un 1er avril, dans le magazine de charme Playboy pouvait aller se rhabiller.
Dans L’Obs, David Caviglioli, l’une des « plumes » de cet hebdomadaire, imagine « le journal de Bruno le Maire ». Dans cet amusant exercice de style, l’esprit du ministre de l’Économie vagabonde durant d’ennuyeuses réunions ministérielles, en cherchant le mot juste pour décrire l’orifice en question. Tout à ses recherches stylistiques, le ministre écrit dans son journal : « Côté boulot : R.A.S » (autrement dit, côté économie française, dont il a la charge, rien à signaler) ! Vient un jour où, lors d’une réunion « sans intérêt » au ministère, durant laquelle quelqu’un a prononcé le mot « inflation », Bruno Le Maire est « tiré de sa rêverie. Mais bien sûr ! Une inflation ! », c’était bien l’idée parfaite pour décrire l’anus évoqué son roman, s’amuse L’Obs !
Amusant ? Peut-être. Mais il en est un que ça n’a pas fait rire, c’est Emmanuel Todd, le théoricien de la « fracture sociale ». Après avoir entendu Bruno Le Maire parler de son bouquin à la radio, cet essayiste écrit dans Marianne : « J’ai eu la surprise d’entendre notre ministre de l’Économie vanter sur une chaîne publique la sensualité de son dernier roman, alors même que le taux d’inflation sur les produits alimentaires atteint 15% et que la pauvreté s’étend. » Pour Emmanuel Todd, pas de doute, « les signes de démence s’accumulent en Occident ». Emmanuel Todd ? Un vrai rabat-joie !
Par :Norbert Navarro