Chronique - Matières premières : « Le vent tourne sur les marchés : coup sur la cabosse de cacao »
Laurence Girard
La chute du cours de cacao est aussi brutale que l’ascension fut spectaculaire. Alors que la tonne s’échangeait à près de 11 000 euros mi avril, son prix a chuté de 40 % en quelques jours, constate Laurence Girard, journaliste économique au « Monde ».
Publié aujourd’hui à 12h45 Temps de Lecture 2 min.
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Dans une coopérative à Hermankono (Côte d’Ivoire), le 14 novembre 2023. SIA KAMBOU / AFP
Les hauts et les bas du cacao. La poudre brune est aux prises avec la spéculation. Rien de nouveau en soi, si ce n’est l’ampleur du phénomène cette fois. Fin octobre 2023 déjà, alors que les premières papillotes de Noël se pavanaient dans les étalages des supermarchés, le cacao commençait à s’enflammer sur les marchés. Il se négociait alors à 3 800 dollars (3 543 euros) la tonne à New York, et les observateurs, avides de comparaison historique, pointaient le fait qu’un tel niveau n’avait pas été atteint depuis 1979. Le cacao décroche le cocotier, pensaient-ils.
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Mais ils n’avaient encore rien vu. Avec le cacao, les spéculateurs ont tiré la fève. En février, à New York, le cours du fruit du cacaoyer pulvérisait, en effet, son record historique datant de 1977, pour dépasser la barre des 6 000 dollars la tonne. D’aucuns s’imaginaient alors que le paroxysme de la fièvre acheteuse était atteint. Que nenni. L’appétit du gain ne s’est pas démenti. Le cacao a continué à caracoler au plus haut.
A Pâques, la tension médiatique était maximale. Même si cette flambée spectaculaire des cours n’était pas encore vraiment perceptible sous forme d’inflation en rayon, l’inquiétude des amateurs de douceurs chocolatées montait au gré des marchés. Mi-avril, le cacao enregistrait des prix record, s’échangeant à 11 722 dollars la tonne à New York et à 9 285 livres sterling (10 820 euros) la tonne à la Bourse de Londres.
Des récoltes moins plantureuses
Pour justifier cette ruée vers l’or noir, les investisseurs ont mis dans la balance le déséquilibre entre l’offre et la demande. Les récoltes en Afrique de l’Ouest où bat le cœur du cacao ont été moins plantureuses qu’espéré. En Côte d’Ivoire, pays qui pèse à lui seul 45 % de la production mondiale, les pluies abondantes, source d’attaques fongiques, ont fait place à une chaleur intense et à des vents desséchants. Un cocktail météo propre à faire ployer la production des cacaoyers.
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