Les organisateurs de Paris 2024 assurent « pouvoir compter sur les services de l’Etat pour faire avancer les derniers sujets », même dans un contexte d’élections
Alors que des élections législatives anticipées auront lieu les 30 juin et 7 juillet, le Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 explique que « toutes les grandes décisions structurelles ont été prises de longue date ».
Par Philippe Le Coeur et Sylvia Zappi
Publié aujourd’hui à 09h45, modifié à 14h39
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C’est un contexte politique particulier qui va marquer la toute dernière ligne droite de la préparation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). L’annonce, dimanche 9 juin, par le président de la Répulique, Emmanuel Macron, de la dissolution de l’Assemblée nationale va conduire à des élections législatives, qui se tiendront le 30 juin et le 7 juillet, quand l’événement sportif doit commencer le 24 juillet avec de premières épreuves avant même la cérémonie d’ouverture, prévue le 26 juillet.
Au sein du Comité d’organisation de Paris 2024 (Cojop), on essaie de se montrer rassurant quant à la concomitance des deux événements et l’influence que l’un pourrait avoir sur l’autre dans les six semaines qui viennent. « Les Jeux, ce sont sept années de préparation et nous avons déjà démontré notre capacité collective à faire avancer le projet même dans des contextes électoraux », souligne-t-on à la direction du Cojop, rappelant que « douze élections ont été organisées depuis la phase de candidature », en 2015.
C’est aussi ce que tient à souligner Stéphane Troussel, le président du département de Seine-Seine-Denis, qui accueillera une partie des sites olympiques : « Ce n’est pas cette élection-là qui va les remettre en cause, affirme-t-il. J’ai une totale confiance dans Paris 2024 pour continuer d’avancer. Les Jeux auront lieu ».
Depuis que Paris a décroché, en 2017, l’organisation des Jeux, s’il y a effectivement eu un certain nombre de rendez-vous électoraux – deux élections présidentielles et deux scrutins législatifs –, la majorité au pouvoir est toutefois restée la même. Ce qui pourrait ne pas être le cas au soir du 7 juillet.
Cette perspective ne trouble pas le président du Comité international olympique : « la France est habituée à faire des élections et [va] le faire encore une fois, on aura un nouveau gouvernement et un nouveau parlement et tout le monde va supporter les JO », a pronostiqué Thomas Bach, qui était à Paris lundi.
Les élections législatives sont « un processus démocratique qui ne va pas perturber les JO », a-t-il ajouté, alors qu’à ses côtés, lors d’une visite d’une école, la maire (Parti socialiste) de Paris, Anne Hidalgo a assuré que « rien ne viendra gâcher » les Jeux.
« Je ne me mets pas dans la situation » de voir la France représentée par Jordan Bardella, pressenti comme premier ministre en cas de victoire du Rassemblement national, au côté d’Emmanuel Macron lors des JOP, considère quant à lui M. Troussel. « Aujourd’hui, mon sujet est d’empêcher M. Bardella d’être premier ministre et d’être présent à cette cérémonie ».
Budget, transport, sécurité… sujets clés de la dernière ligne droite
Reste que cette toute dernière ligne droite avant le début des Jeux est régulièrement présentée comme « critique ». Avec souvent un certain nombre de décisions à prendre en urgence et qui, pour certaines, peuvent avoir des conséquences financières, pas forcément négligeables.
A ce titre, le budget du Cojop figure parmi les dossiers relatifs à la préparation des Jeux sur lesquels le gouvernement devra conserver un œil attentif d’ici à fin juillet. L’exécutif répète de longue date que celui-ci devra être à l’équilibre et qu’il n’est pas question d’éponger un éventuel déficit.
Ce qui n’empêche pas qu’il y ait des discussions sur la prise en charge par la sphère publique de certaines dépenses, comme on a pu le voir ces dernières semaines à propos d’une rallonge d’un trentaine de millions d’euros de la part de l’Etat pour les Jeux paralympiques.
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Les transports constituent un autre volet pour lequel les semaines qui viennent seront importantes. Si l’essentiel du plan de transport qui sera en vigueur pendant les Jeux a été calé depuis plusieurs semaines maintenant, avec notamment le site anticiperlesjeux.gouv.fr, il reste de derniers arbitrages et réglages à effectuer en vue de la cérémonie d’ouverture prévue sur la Seine le 26 juillet.
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Ce qui est vrai aussi – voire plus encore – pour les mesures et moyens de sécurité qui seront déployés à cette occasion. A ce propos, on indiquait au sein du gouvernement ces dernières semaines que la possibilité de disposer de 22 000 agents de sécurité privée le 26 juillet, en plus de 45 000 forces de l’ordre, reste sujette à interrogation et que de possibles aménagements du dispositif prévu étaient à l’étude, qui réduiraient un peu les moyens à mobiliser.
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« Une gouvernance partagée »
Interrogée sur une possible crainte de manquer d’interlocuteurs au sein de l’exécutif, ou de voir ses interlocuteurs habituels être « distraits » par la campagne pour les législatives, la direction de Paris 2024 répond que « toutes les grandes décisions structurelles ont été prises de longue date ».
Sollicité sur la manière dont l’exécutif compte s’organiser, et le rôle qu’il est appelé à jouer ans ce cadre, le ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques n’a pas répondu.
La direction du Cojop rappelle, par ailleurs, que les Jeux « ont une gouvernance partagée, entre le mouvement sportif, de nombreux acteurs publics, des acteurs de la société civile ». Elle reconnaît néanmoins que « l’Etat est évidemment un acteur clé », mais c’est aussitôt pour assurer qu’elle « sait pouvoir compter sur sa mobilisation ainsi que celle de ses services pour faire avancer les derniers sujets, même dans le contexte de ces élections anticipées. »
A ce titre, la Délégation interministérielle aux Jeux (Dijop), dirigée par l’ancien préfet Michel Cadot devrait constituer un point d’ancrage majeur.
A quarante-quatre jours du début des compétitions et quarante-six jours de la cérémonie d’ouverture, et alors que le montage des sites temporaires pour les épreuves dans Paris est en cours, « nous sommes prêts à livrer les Jeux », assure en tout état de cause le Comité d’organisation de Paris 2024.