Journal de 12h30
Mercredi 4 octobre 2023
Une déflagration politique inédite sur la colline du Capitole
Matt Gaetz élu républicain de Floride et Kevin McCarthy ex-speaker républicain de la Chambre des représentants ©AFP - Mandel NGAN
C'est une chute retentissante. Hier soir, le président américain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy a été évincé du perchoir, trahi par les élus trumpistes de son propre camp. Et en particulier un certain, Matt Gaetz, issu de la frange la plus radicale du Parti républicain.
Si dans l'histoire récente des Etats-Unis, le 6 janvier 2021 reste incontestablement la date la plus saillante, celle du jour où la démocratie aura vacillé jusque dans l'enceinte du Capitole, la journée d'hier marquera elle aussi sans doute et pour longtemps la mémoire du Congrès américain. Et pour cause, jusqu'à présent, jamais aucun "speaker" n'avait été évincé de son poste. Or, c'est précisément ce qui est arrivé au chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, victime des querelles fratricides au sein de son propre parti. Et pourtant, nombreux étaient ceux à penser que les calculs politiques finiraient, là encore, par l'emporter et qu'en soutirant, notamment, un appui au camp démocrate en échange de concessions, il parviendrait à sauver sa tête.
Toujours est-il que ce vote ouvre donc une période de très fortes turbulences à la chambre basse, puisque un remplaçant doit désormais être choisi. Ce qui s'annonce extrêmement compliqué. Dès hier, McCarthy a annoncé qu'il ne se représenterait pas. Même si les règles parlementaires l'y autorisent. L'occasion, d'ailleurs, de rappeler que pour accéder au perchoir le ténor de la droite avait déjà dû faire d'énormes concessions, avec une vingtaine de trumpistes, dont la possibilité (ironie de l'histoire) que n'importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer. Ce que n'a donc pas hésité à faire un élu de Floride, Matt Gaetz, jusque-là relativement peu connu du grand public. Mais dont la notoriété a depuis hier clairement changé de dimension.
Les autres titres de l'actualité
Les défenseurs de l'environnement respirent mieux depuis ce matin en France. Hier, l'Agence de sécurité sanitaire a annoncé l'obligation pour les agriculteurs utilisant le prosulfocarbe (cet herbicide extrêmement volatil et massivement épandu justement à l'automne) de respecter une zone tampon d'au moins dix mètres. Mais pas seulement, puisqu'ils devront également diminuer les dosages en raison de risques pour les enfants.
Précisons que cet herbicide est le deuxième le plus vendu dans l'Hexagone (après le célèbre et non moins controversé glyphosate) ; qu'il est autorisé depuis 1990 et principalement utilisé sur les céréales (près d'un tiers des surfaces cultivées), les pommes de terre (plus des deux tiers) et sur certaines cultures légumières comme les carottes (plus de la moitié). Autant dire que la décision de l'Anses n'est pas pour satisfaire les agriculteurs, qui devront désormais utiliser du matériel permettant de réduire de 90% la quantité de gouttelettes transportées hors de la zone traitée. Et s'ils ne peuvent pas utiliser de matériel plus performant, doubler la distance de sécurité jusqu'à 20 mètres.
Comment lutter contre l’anonymat sur les réseaux sociaux ? Et par là même, aussi, contre le gouvernement. C’est tout le défi qu'a choisi de se lancer une partie de la majorité, avec le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique. Le texte arrivera cet après-midi en première lecture à l'Assemblée. Or, en dépit de l’opposition de l’exécutif, une partie des macronistes a décidé cette fois-ci de faire entendre sa différence, pour tenter de limiter le "sentiment d’anonymat" sur les réseaux.
Cela fait très exactement 65 ans aujourd'hui que la Constitution de la Veme est entrée en vigueur. L'occasion pour le chef de l'Etat de prononcer un discours, ce matin, que son entourage promettait "ambitieux".
Alors on se souvient qu'Emmanuel Macron avait déjà rouvert le chantier institutionnel à l'issue de ses rencontres fin août avec les chefs de parti. Et notamment sur une possible extension de l'usage du référendum. Un vaste chantier en forme de casse-tête sur lequel il a jusqu'ici, toujours buté faute de consensus politique.
L'invitée de la rédaction : Marie-Anne Cohendet, constitutionnaliste et professeure de droit public à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Après la physique hier, la chimie dévoile son Nobel. Cette année le prix a été attribué à un trio de chercheurs basés aux États-Unis. 3 scientifiques récompensés pour leurs travaux sur les points quantiques.