REVUE DE PRESSE FRANÇAISE
À la Une: des enquêteurs sur les crimes de guerre en Ukraine
Publié le : 06/10/2023 - 10:11
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Cette photographie prise et publiée par le ministère de l'Intérieur de l'Ukraine le 6 septembre 2023 montre la police ukrainienne sur le site d'une frappe russe à Kostyantynivka, dans la région de Donetsk, à l'est de l'Ukraine. Le président ukrainien a déclaré qu'une frappe russe sur un marché dans l'est de l'Ukraine avait tué plus d'une douzaine de personnes et en avait blessé davantage, alors que le secrétaire d'État américain était en visite à Kiev. AFP - HANDOUT
Des crimes qui ne resteront pas impunis. C'est en tout cas l'objectif des « enquêteurs de l'ombre » auxquels s'intéresse Libération. « Un large réseau composé de civils, organisations non gouvernementales et institutions étrangères, qui se mobilise pour collecter les éléments incriminant les forces russes. [...] Un travail minutieux et précieux », nous dit le journal. Parmi ces enquêteurs donc, des civils ukrainiens engagés. Ils sont « avocats, journalistes, informaticiens, chercheurs, enseignants. Ils effectuent des prospections de terrain, collectent des preuves matérielles, échantillonnent et recueillent les témoignages des victimes de crimes de guerre. Puis, ils traitent des données, mettent à jour les statistiques et archivent la mémoire du pays endeuillé. » Un travail éprouvant qui pousse « certains enquêteurs à arrêter ou mettre leur activité en pause ». Mais pour d'autres, pas question de s'interrompre. Un avocat, témoigne : « Les victimes attendent mon soutien légal mais aussi psychologique et moral. J’ai décidé de faire ce travail et c’est pour elles que je dois être fort. »
Les Afghans menacés au Pakistan
« Le Pakistan veut expulser deux millions de réfugiés afghans », titre le Figaro. Ils ont « jusqu'au 1er novembre, pour quitter le territoire ». Le journal a interrogé Elhamoullah Pouya, « ancien étudiant à l'université de Kaboul, réfugié en France depuis un an. [...] Je suis terrifié pour ma famille. Mes parents et mes deux frères, sont menacés par les talibans pour avoir travaillé pour diverses institutions étrangères. Il ont fui à Islamabad en mai dernier. Ils ont déposé une demande de visa auprès de l'ambassade de France pour me rejoindre et parce que mon père a longtemps été employé à l'hôpital français de Kaboul. Mais après avoir été reçus au consulat pour enregistrer leurs données biométriques, ils n'ont plus eu aucune nouvelle. [...] C'est pour les femmes afghanes célibataires ou divorcées, que la situation est particulièrement précaire, ajoute le Figaro. Après avoir bravé les interdits talibans, amassé assez d'argent pour obtenir un visa pakistanais et survivre dans le pays voisin, elles sont souvent victimes de nombreux abus ». L'une d'entre elles, une ancienne enseignante de 32 ans témoigne. « Je pensais avoir fui un cauchemar, mais j'en ai entamé un autre. Mes proches m'ont réduite en esclavage. »
La France a-t-elle « aidé des dictatures à espionner leur peuple » ?
Oui, répond Mediapart, qui avec d'autres médias publie les « Predator files ». « Predator, c'est le nom du logiciel espion, capable de pirater les téléphones portables », et vendu « par le groupe français Nexa, à au moins trois autocraties : l'Égypte, le Vietnam et Madagascar », affirme Mediapart qui publie une longue enquête, et assure que Nexa, fleuron tricolore du matériel de surveillance, a bénéficié d’un accès direct au président Emmanuel Macron et même fait appel à son ancien conseiller Alexandre Benalla comme intermédiaire en Arabie saoudite. [...] Une enquête judiciaire est en cours, précise Mediapart, le patron de Nexa a été mis en examen pour "complicité de torture", et des écoutes téléphoniques montrent que les dirigeants de Nexa étaient conscients des abus que peuvent commettre les dictateurs » avec le logiciel Predator. Logiciel qui, rappelle le site d'investigation, « permet d’aspirer toutes les données des téléphones et de transformer les combinés en mouchards, en activant, ni vu ni connu, leurs micros et leurs caméras ». Mediapart n'en a pas fini avec ces révélations, « que nous allons publier, pendant plus d’une semaine, et qui nous apprennent que la France et de nombreuses démocraties européennes ne se comportent guère mieux, en laissant ces industriels de l’espionnage prospérer au mépris des droits humains les plus élémentaires ».
Intelligence artificielle
Une intelligence artificielle qui "apprend le chant grégorien ». Ce n'est pas banal. "Des centaines de milliers de chants grégoriens sont numérisés et mis à la disposition du grand public grâce au recours à l'intelligence artificielle. » La Croix s'est rendue à Notre-Dame de Fidélité de Jouques, dans les Bouches du Rhône, où "les sœurs se réunissent 7 fois par jour, pour prier l'office divin en grégorien. Au-dessus de leurs têtes, huit fins micros pendent discrètement depuis la charpente en pin. [...] Depuis 5 ans, ajoute le journal, tous leurs offices sont enregistrés et les captations sonores transmises à l'équipe internationale de Neumz, une application mobile qui donne accès à 7 500 heures d'offices en grégorien ».
Sœur Marie Dorothée, « qui veille au bon déroulement des captations », s'est habituée, malgré quelques craintes. « Au départ, je ne pouvais m'empêcher de penser à l'enregistrement : dès qu'une sœur toussotait, je sursautais... », dit-elle. Alors, quel est le rôle de l'intelligence artificielle dans ce travail d'enregistrement ? « Elle arrive à distinguer plusieurs variantes d'un même chant, explique John Anderson, fondateur d'un label musical à but non lucratif. Ce qui est précieux pour les chercheurs qui s'intéressent à l'évolution d'un chant à travers le temps et les lieux où il a été interprété. » Et il ajoute : « Nous entraînons l'IA à travailler comme un moine, pour confectionner ce recueil numérique du patrimoine géorgien. »
Par :Catherine Potet